VILLAGE ATTAQUE ET INCENDIE A KATIOLA: LES AUTEURS RECHERCHES


jeudi, 30 août 2018 10:42
Le préfet de la région du Hambol a rendu visite aux victimes et a appelé au calme avec l’assurance que le gouvernement est à leurs côtés.
Au lendemain des évènements malheureux qui ont secoué le paisible village d’Attienkaha, situé à 14 km de Katiola, Jean-Baptiste Zamélé, préfet de la région du Hambol, préfet du département de Katiola, s’y est rendu en début d’après-midi. Il avait à ses côtés Yves Tapé, sous-préfet de Timbé dont dépend ledit village, le directeur régional de la solidarité, de la cohésion sociale et de la lutte contre pauvreté, ainsi que des éléments des forces de l’ordre.

Les habitants qui ont commencé à regagner leur village petit à petit après cette « journée noire », ne se sont pas fait prier pour répondre à l’invitation du représentant de l’État. La rencontre d’échange et d’explication s’est déroulée à l’ombre d’un manguier situé en plein cœur du village. « Nous sommes venus vous saluer et vous adresser la compassion du gouvernement qui est informé du malheur qui vous a frappés hier (Ndlr : Lundi 27 aôut) », a-t-il dit d’entrée de jeu. Par la suite, il a voulu comprendre auprès des premières victimes ce qui a été à la base de ces tristes évènements.

Une affaire de génie

C’est alors que Tuo Nagnélébon Marcellin, président des jeunes du village, dira que tout est arrivé à la suite de la disparition d’un chauffeur (Ndlr : Ahmed Sogodogo) à quelques encablures de leur village. « Il se trouve que le 22 août aux environs de 23 heures, le chauffeur d’un véhicule de transport en commun a déposé, dans le village de Kassémé situé à 4 km d’ici, des joueurs de football qui revenaient d’une compétition à Katiola. A son retour, son véhicule est tombé en panne non loin d’ici. Et depuis, il n’a plus fait signe de vie », a-t-il relaté.

Pour le retrouver, dira-t-il, les chefs de Kassémé, en accord avec les proches du disparu, ont décidé de faire une série de consultations auprès de marabouts et d’un dozo. Les résultats de ces consultations ont conclu que le chauffeur disparu a été enlevé par un génie du village d’Attienkaha et qu’il fallait procéder à des sacrifices à l’endroit où le véhicule est tombé en panne. « Le chef d’Attienkaha qui était absent du village au moment des faits a dit ne pas se sentir concerné par un tel sacrifice », a-t-il poursuivi.

Voilà l’histoire insolite qui est à la base de l’expédition punitive menée par des personnes venues de Katiola, pour la plupart des jeunes, munies d’armes blanches et de produits inflammables contre ce gros village de près d’un millier d’habitants. Ils ont saccagé, pillé et mis le feu dans les habitations.

Après avoir écouté le porte-parole des habitants, le préfet de la région du Hambol, tout en reconnaissant la gravité de ces faits tels que relaté, a appelé au calme et à la retenue des uns et des autres. « Si nous voulons faire des représailles, nous ne nous en sortirons pas. Evitons la vengeance qui ne profitera à personne », a-t-il conseillé. Par conséquent, il a invité les habitants d’Attienkaha à faire confiance aux autorités. « Des enquêtes seront menées et les coupables seront traduits devant les juridictions compétentes pour répondre de leurs actes », a-t-il rassuré.

Une enquête judiciaire ouverte

D’ailleurs, Koffi augustin Patrick, substitut du procureur résident, qui s’est entretenu quelques heures plutôt avec les habitants, a été clair sur la question. « C’est une enquête judiciaire que nous allons faire. Nous sommes en présence de deux faits. Il y a l’enquête que nous allons faire pour retrouver le chauffeur disparu et celle pour retrouver les coupables qui ont mis le feu à votre village », a-t-il expliqué. Aussi a-t-il invité les uns et les autres à se rendre à Katiola pour rencontrer procureur résident, ou le commandant de la brigade de gendarmerie pour donner des informations utiles qui pourraient permettre la manifestation de la vérité sur ces deux faits graves.

Un escadron de la gendarmerie sur place

Pendant ce temps, un détachement de l’escadron de la gendarmerie venu de Bouaké a été déployé dans le village dans la nuit du mardi à mercredi. Ils ont reçu pour consigne de veiller sur la sécurité des biens et des personnes. La sécurité étant revenue, Jean-Baptiste Zamélé, tout en félicitant ceux qui sont revenus, a encouragé les autres à le faire. « La gendarmerie va rester là avec vous. Dites à ceux qui sont encore en brousse ou ailleurs qu’ils peuvent revenir », a-t-il lancé. Tout en reconnaissant que les autorités ont été surprises par la réaction des individus venus de Katiola.

Qu’à cela ne tienne, le préfet de la région de Gbêkê a assuré les habitants d’Attienkaha que le gouvernement sera à leurs côtés pour les soulager. Il a invité toutes les victimes à se faire recenser et à déclarer tous les biens qu’ils ont perdus pour un éventuel dédommagement par l’État.

CHARLES KAZONY
CORRESPONDANT REGIONAL

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