NON, LES VACCINS ENVOYES EN AFRIQUE NE VISENT PAS A STERILISER LES JEUNES FEMMES



Les Décodeurs répondent à vos questions sur les vaccins. Aujourd’hui, retour sur une rumeur conspirationniste sur la vaccination en Afrique.
LE MONDE | 25.07.2017 à 12h20 • Mis à jour le 25.07.2017 à 14h07 |
L’annonce du gouvernement du passage de trois à 11 vaccins obligatoires en 2018 relance le débat sur la vaccination. Pour vous aider à y voir plus clair entre questions légitimes et fausses informations, Les Décodeurs proposent plusieurs analyses sur le sujet :
Plusieurs lecteurs nous ont interpellés au sujet d’articles de sites comme Stopmensonges.com, Sante-nutrition.org ou Dansquelmondeviton.fr (trois sources qui nous apparaissent peu fiables dans le Décodex) qui affirment que « les vaccins envoyés en Afrique sont en réalité des agents antifertilité pour rendre stériles les Africains ».
Ces articles reprennent une rumeur née en 2014, lorsque des évêques catholiques au Kenya ont affirmé avoir réalisé des analyses de vaccins contre le tétanos qui accréditeraient cette hypothèse. Ils ont ainsi affirmé avoir retrouvé dans ces vaccins des traces de l’hormone chorionique gonadotrope humaine (hCG), qui peut, selon eux, engendrer des fausses couches et rendre des femmes stériles.

NOTRE RÉPONSE : DES RUMEURS INFONDÉES

L’Unicef et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont répondu point par point aux accusations dès que la rumeur a commencé à circuler. D’abord, les deux organisations émettent des doutes sur les prétendues analyses réalisées par l’Eglise kényane, notant que de telles études doivent être réalisées « dans un laboratoire approprié » et à partir d’échantillons non ouverts des vaccins, et pas à partir d’échantillons de sang.
Un docteur qui travaille pour un des six laboratoires chargé des analyses a également indiqué, à l’époque, que les évêques kényans ont mal interprété les résultats des analyses, indiquant qu’il n’avait pas été averti de la nature des échantillons qui lui ont été fournis et que si cela avait été le cas, il aurait redirigé ces analyses vers un laboratoire approprié, le sien n’étant pas compétent en la matière.
En revanche, l’Unicef et l’OMS ont certifié que les vaccins en question ont été correctement contrôlés et qu’ils sont « sûrs ». A ce titre, plus de 130 millions de femmes dans 52 pays en ont reçu au moins deux doses. Tout porte à croire qu’il serait difficile de cacher une baisse significative de la natalité sur un tel échantillon de population. Il faut également préciser qu’il n’existe pas aujourd’hui de vaccin contraceptif sur le marché.
Ce n’est pas la première fois que des rumeurs visent des programmes de vaccination, les accusant de viser en réalité à faire baisser la natalité d’un pays. Des affirmations similaires ont ainsi été véhiculées dans les années 1990 au Mexique, en Tanzanie, au Nicaragua et aux Philippines pour tenter de discréditer les programmes de vaccination de l’OMS. Au Pakistan, c’est le vaccin contre la poliomyélite qui a été accusé de rendre stérile ou d’inoculer le virus du sida, fantasmes qui ont conduit à une série d’assassinats de plusieurs vaccinateurs en 2012.
A l’échelle mondiale, l’augmentation de la couverture vaccinale a permis de réduire la mortalité des nouveau-nés de moins d’un mois d’environ 94 % entre 1988 et 2013, selon les chiffres de l’OMS (de 787 000 à 49 000 morts). Dix-huit pays n’ont pas encore éradiqué le tétanos à ce jour, selon cette dernière.



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