SELLY WANE, LA PLUS JEUNE POETESSE DE L’AFRIQUE FRANCOPHONE EBLOUIT DAKAR



A 11 ans, Selly Wane vient de publier son premier recueil de poésie auprès de la maison d’édition Harmattan.  Le titre détonne: “le monde à travers  les yeux de la vérité”.   L’ouvrage a été présenté le 8 avril 2017  à l’harmattan lors d’une cérémonie de dédicace rehaussée par la présence d’un monstre sacré de la littérature africaine et mondiale, à savoir Cheikh Hamidou Kane, arrière grand père de la poétesse du jour, qui a salué le talent précoce et une  lyre inspirée qui n’est pas sans lui rappeler ses grands débuts, il y a 80 ans, quand il déclamait quelques rimes en langue peul.

L’auteur du monumental “Aventure Ambigüe”, qui n’a rien perdu de son inspiration malgré le poids de l’âge, a préfacé le recueil. “Elle est jeune mais porte déjà en elle la parole de la poésie; une parole qui depuis les temps anciens n’a cessé de dire le monde”. A son âge, poursuit Cheikh Hamidou Kane, à peine sorti du “Foyer Ardent”, je commençais à me délecter de ce que les grandes personnes avaient écrit en français, mais je ne prendrais la plume pour écrire comme elle dans cette langue utilisée par Verlaine comme par Senghor, que bien plus tard”.

Pour sa part, l’ancien ministre sénégalais de la culture, l’écrivain Amadou Tidiane Wone, également du clan familial de Selly Wane, a salué la précocité en paraphrasant l’un des poèmes de l’auteur.  “Tu as choisi la poésie pour nous dire qu’un poème peut se faire sans rimes, ce n’est pas un crime”. 

Il faut dire que les écrits de Selly Wane rayonnent par la sagesse,  le sens de l’observation et une certaine inspiration mélancolique héritée d’une culture d’érudition qui a cours dans cette famille depuis des lustres. “Ceux qui veulent être des poètes pour l’argent n’ont pas la poésie dans le sang” écrit-elle dès l’entame d’un ouvrage qui nous conduit tour à tour chez Verlaine (“qui tisse ses poèmes avec l’ardeur d’araignée”) puis chez Léopold (“homme de toutes couleurs”) avant d’aborder des questions existentielles sur la souffrance, l’amour et la mort.

Aux hommages répétés que la jeune poétesse rend à ses parents, succède des maximes troublantes par leur justesse. Voici les dernières rimes du dernier poème, “La Vie” de ce livre rafraichissant. “Quand on a tout ce qu’on veut d’un claquement de doigts/ on ne jalousera pas, car on n’aura jamais aimé /”.


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