IMMIGRATION CLANDESTINE: LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES ET VISA POINTES DU DOIGT



vendredi, 23 juin 2017 21:22
La Journée mondiale des réfugiés, célébrée le 20 juin de chaque année, a été le prétexte d’un débat public à l’Institut français d’Abidjan, mardi dernier.
Immigration clandestine: Libre circulation des personnes et visa pointés du doigt

Le panel a réuni autour de la journaliste Agnès Kraidy de Fraternité Matin, animatrice du jour, Issiaka Konaté, directeur général des Ivoiriens de l’extérieur, Mohamed Askia Touré, représentant résident du Hcr en Côte d’Ivoire, Francis Akindès, professeur de sociologie à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké et chercheur associé de l’Ird, Issouf Ouattara, expert en migration, secrétaire général de l’Ong SOS Immigration clandestine. Le thème: « La mécanique des flux : un autre regard sur la migration ».

C’est que les chiffres liés à cette pratique suicidaire donnés par le Haut-commissariat pour les réfugiés (Hcr) sont effarants. En 2015, un million de personnes ont tenté cette aventure périlleuse, 5 000 se sont noyées, sans compter les disparus. En 2017, 1 073 migrants clandestins sont morts. On estime à 13 000, les migrants illégaux recensés sur les côtes italiennes dont 2000 Ivoiriens (2016).

Au-delà des causes souvent invoquées : la pauvreté, la croissance qui ne profite pas à un plus grand nombre, l’attrait de l’Europe sur les jeunes Africains (accentué par l’internet qui montre l’image de ceux qui y ont réussi), les panélistes ont touché du doigt les facteurs déclenchants.

Il s’agit notamment de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace Cedeao, par exemple, qui fait que ces migrants, sans coup férir, se retrouve dans la pétaudière libyenne où ils sont maltraités, violentés et vendus comme esclaves. Sans oublier les Accords de coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et les pays du nord de l’Afrique (Maroc, Tunisie, Algérie…) où il n’existe pas de visa.

Les migrants clandestins, de plus en plus jeunes (12 à 14 ans) se retrouvent donc aux portes de l’Europe, sans papier. C’est pourquoi le Pr Francis Akindès souhaite que l’Etat ivoirien ‘’dégage des moyens’’ pour étudier plus profondément ces problèmes, mais surtout donner confiance aux jeunes; lesquels doivent changer leur perception de la société (leur rêve d’avoir de l’argent rapidement).

Quant au directeur général des Ivoiriens de l’extérieur, il suggère que l’Etat ivoirien multiplie les centres de formation à l’intention des jeunes, car la grande majorité de ceux qui tentent cette aventure ne savent ni lire, ni écrire.

Le débat a été précédé d’un film sur les migrants clandestins traqués comme des fauves en Europe. Un film qui a glacé la salle archicomble. Pour les organisateurs, il s’agit de ‘’choquer pour sensibiliser’’.

Cette conférence, organisée par l’ambassade de France et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, est placée sous le haut patronage d’Ally Coulibaly, ministre ivoirien de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur.

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