JEAN-FRANÇOIS VALETTE, AMBASSADEUR UE EN COTE D’IVOIRE: IL FAUT S’ATTAQUER AUX PROBLEMES DE LA JEUNESSE



mardi, 21 novembre 2017
Dans l’entretien qu’il a accordé à Fraternité Matin, Jean-François Valette, ambassadeur de l’Union européenne en Côte d’Ivoire, se prononce sur le 5e sommet Union africaine-Union européenne qui se tiendra pour la première fois en Afrique subsaharienne, à Abidjan, du 29 au 30 novembre 2017.
Excellence, les 29 et 30 novembre 2017, Abidjan accueille le 5e sommet Union africaine-Union européenne. D’ici-là, quel bilan faites-vous des quatre  derniers  Sommets ?
Ce Sommet est une rencontre des Chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’Union européenne (UE) et  ceux de l’Union africaine(UA). Les quatre premières éditions ont été marquées par la construction progressive entre l’UE et l’UA de stratégies communes. Il fallait essayer de définir, au fond, les axes dans lesquels nous allions travailler.

Auparavant, en effet, il était question de sommets bilatéraux (Afrique-France, Afrique-Chine, par exemple). Mais nous ne parlions pas de Sommet global engageant l’ensemble des deux continents, africain et européen. Or, c’est à ce niveau global que les stratégies peuvent être véritablement efficaces. Si vous conduisez des stratégies par pays, vous n’arriverez à rien de vraiment performant. Finalement, nous avons effectivement défini des stratégies communes, et décidé de les rendre visibles à travers des déclarations qui  engagent les uns et les autres.

Ces réunions au sommet se sont construites petit à petit. Ce qui nous a permis de définir un ensemble d’axes importants. Le premier axe étant la sécurité et la contribution de l’Europe à cette sécurité de l’Afrique. Le deuxième  axe vise à améliorer le cadre général de notre coopération, c’est-à-dire à assurer, sans déperdition, les meilleurs transferts financiers possibles entre l’Europe et l’Afrique, et ceci en vue de faciliter et soutenir, concrètement,  un développement durable et inclusif, je veux dire celui qui ne concerne pas uniquement les élites, mais qui prend en compte l’ensemble de la société africaine.

Pour cette 5e édition, quels sont les sujets qui seront abordés ?
C’est une édition très importante qui correspond finalement à un changement de vision de la relation globale entre l’UE et l’Afrique.  Sans perdre de vue les objectifs généraux que je viens de définir, le premier sujet qui va être abordé sera la Jeunesse. Il faut s’attaquer aux problèmes de cette partie la plus importante de la population. La jeunesse africaine doit être au centre des préoccupations de l’Afrique et de l’Europe.

Un autre volet sur lequel nous devrons travailler est celui de l’investissement. Il s’agit de voir comment développer plus rapidement l’investissement privé. A ce niveau, nous allons proposer des solutions concrètes et innovantes Dans les dialogues qui ont précédé le Sommet, nous en avons parlé. Il va y avoir un consensus sur l’accélération de l’investissement qu’il soit privé national, africain ou international, pas seulement européen. Comme je l’ai dit, la sécurité sera  également un sujet essentiel. Comment contribuer à renforcer la sécurité en Afrique ?  Le continent africain a beaucoup progressé dans ce domaine.

Les crises qu’a connues l’Afrique de l’Ouest, pour ne citer qu'elle, ont depuis quelque temps,  baissé en intensité, même si quelques zones restent encore sous tension ou sont menacées par le terrorisme. Toutefois, il ne faut pas se dissimuler les difficultés qui pourraient surgir dans le futur. Les questions liées au terrorisme seront donc au cœur de nos réflexions lors du Sommet d’Abidjan ; de même que celles de la migration et  la gouvernance.

L’idée, c’est comment faire en sorte que la manière de gérer les Etats soit suffisamment efficace, transparente, pour que, d’abord, les Africains se sentent bien à l’intérieur de ces Etats, qu’ils n’aient pas envie de les quitter. Ensuite, que les particuliers ou les grands investisseurs qui veulent s’installer en Afrique soient attirés par une gestion efficace, correcte  des pays et qui doivent  progresser. Sur le continent, beaucoup d’entre eux, c’est à souligner, ont déjà notablement amélioré leur gouvernance.

La jeunesse sera, vous l’avez dit, au centre des préoccupations. Et quelle sera la proposition de l’UE face à la migration clandestine ?
Nous sommes aujourd’hui dans un partenariat responsable, entre égaux. Cela veut dire qu’au fond, c’est la responsabilité de chacun d’y penser et d’avoir ses propres objectifs. Nous ne sommes pas là pour dire : « Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ? ». Ce n’est pas du tout cet état d’esprit.

La préoccupation est la suivante : quels sont les meilleurs moyens pour s’en sortir dans une telle situation, comme organisation régionale, sous-régionale, nationale et même au niveau individuel. Par exemple, nous savons très bien qu’en Afrique, une des priorités des parents, c’est l’éducation de leurs enfants. Notre rôle, c’est de faire en sorte d’être un facilitateur dans ce domaine.

Concrètement, nous  leur disons : « si vous avez des centres de formation professionnelle qui sont actifs, performants, nous sommes prêts à les soutenir ». Nous allons d’ailleurs essayer d’engager nos entreprises à s’impliquer dans ces actions de  formation. C’est cela l’idée, et que chacun puisse construire son propre destin de façon autonome, dans toute la mesure du possible.

Les apports extérieurs, par rapport à cette situation, peuvent contribuer à créer un environnement favorable mais ils restent marginaux relativement à la volonté des Etats eux-mêmes, des familles, et des individus. Il n’y a pas de découragement en Afrique.

Bien au contraire, nous constatons un formidable fourmillement d’énergies et de créativité. Alors que dans beaucoup des « vieux pays » européens on entend ou lit parfois des analyses pessimistes, qui peuvent avoir des échos jusque dans la presse, alors qu’en Afrique, les gens  ont aujourd’hui une vision positive de leur destin, et de celui du continent. Cette vision, nous la partageons, nous-aussi. Mieux, nous nous évertuons  à la mettre en œuvre.

Qu’attend  l’UE  du sommet d’Abidjan et des Africains ?
Nous attendons une déclaration officielle des Chefs d’Etat et de gouvernement. Cette déclaration, au-delà de son esprit formel, va contenir, nous l’espérons, l’affirmation des priorités qui sont celles de nos deux continents.

Probablement dans cette déclaration, une place essentielle sera accordée à la jeunesse et à sa formation, de même qu'à l’investissement privé, à la baisse des taux d’intérêt, et bien sûr à la sécurité. Pour moi, en toute hypothèse, c’est ce que cette déclaration devrait contenir. Nous attendons quelque chose de clair sur la stratégie commune entre l’UE et l’UA. Ensuite, en arrière de la scène, il y a aura des accords, sans forcément qu’ils soient rendus publics, en matière de sécurité, d’infrastructures, d’investissements. Ces accords vont nous permettre d’avancer dans notre politique commune.

Un appel aux participants…
Nous avons la ferme conviction que la Côte d’Ivoire saura réussir ce Sommet. Elle a les compétences nécessaires en la matière. La preuve est que nous travaillons avec des fonctionnaires ivoiriens très motivés, très professionnels. Aussi, nous pouvons rassurer tous ceux qui se posent des questions sur ce Sommet qui se tient pour la première fois en Afrique subsaharienne, et leur dire: le Sommet d’Abidjan sera une réussite. Nous sommes convaincus que les Ivoiriens, par leur rôle particulier, sauront trouver les  synthèses positives  et efficaces qui vont nous permettre d’élaborer une stratégie commune.

Il sera question de renforcer la sécurité en Afrique, certes mais à combien peut-on estimer les appuis de l’UE aux pays africains en la matière ?
Cet appui est d’ores et déjà très important. D’ailleurs, il y en a deux types, pour ne pas dire deux composantes. La composante institutionnelle collective, confédérale; c’est-à-dire celle qui est présente à Bruxelles pour traiter des conditions globales de la sécurité. Et la composante de nos Etats membres.

Pour  bien comprendre comment nous fonctionnons dans cette architecture complexe, il faut savoir que nos Etats membres  nous ont donné délégation globale sur de nombreux sujets comme le commerce, le marché intérieur, la compétitivité, la concurrence, la monnaie unique, mais également sur tous les sujets qu’ils ont entendu en partie déléguer, par exemple sur le contrôle aux frontières ou l’accompagnement des opérations extérieures.

A titre collectif, nous avons donc beaucoup d’actions en cours. Au nombre de ces actions, nous pouvons citer  le soutien que l’Union européenne apporte à l’opération de l’Union africaine dite Amisom en Somalie, ou à l’Opération des Nations Unies au Mali dans laquelle la France est également engagée. Les Etats membres de l’Union européenne interviennent, en effet, directement ou indirectement, toujours à la demande de l’Union africaine et sous un mandat international, pour contribuer à la sécurité en Afrique.

Comment se font ces interventions collectives ?
Elles se font discrètement. Nous n’avons pas vocation à paraître sur le devant de la scène. Cela passe notamment par des financements très importants comme la contribution de l’Union européenne à la formation de l’armée malienne. Quand je prends le cas de la Somalie, la lutte contre les Shebabs est menée depuis maintenant plusieurs années avec succès, par les forces africaines appuyées par les moyens financiers et logistiques de l’Union européenne.

La dernière opération en date, celle en Centrafrique, a vu un soutien important de l’Union européenne à travers le projet Békou, pour consolider la police, la justice et d’une manière générale, les fonctions régaliennes de l’Etat. L’implication de l’UE est donc importante,  volontariste et diversifiée.

Un  deuxième volet porte sur la contribution de l’UE en amont de la sécurité. Il ne faut pas attendre qu’une crise frappe un Etat avant de réagir. Il faut donc permettre aux Etats africains d’avoir accès à des outils renforcés d’alerte, de renseignement, d’organisation afin de pouvoir anticiper les menaces, notamment la menace terroriste. Nous contribuons très largement et discrètement à ce type de priorité.

Dix ans après l’adoption de la stratégie commune Afrique-Union européenne, quel bilan en faites-vous ?
Au départ, tout était cloisonné. Les relations se faisaient un peu en fonction des héritages historiques. Nous n’avons rien contre cette démarche. Mais dans le cadre de la mondialisation, nous devons voir beaucoup plus large. C’est désormais un point qui fait consensus : la nécessité de travailler collectivement pour une stratégie commune. Si nous n’avions pas une stratégie globale pour l’Afrique, dans sa relation avec l’Europe, et l’inverse est vraie pour l’Europe, nous serions cloisonnés et ne pourrions rien faire d’utile.

Comprenez que dans le cadre européen, si une société privée d’un pays que je ne citerai pas, a quasiment un monopole dans un pays européen et qu'un pays comme l’Italie, la France, ou l’Espagne, par exemple, veut attaquer la situation de  monopole de cette société qui a un chiffre d’affaires supérieur au PIB de chacun de ces pays, ce ne sera pas crédible.

En revanche, si l’UE arrive et dit « Vous allez me rembourser 20 milliards d’euros » - Ndrl : 13 000 milliards de FCfa,  ça devient crédible. Quand on est un Etat, ce qu’on ne peut pas obtenir seul, on peut l’avoir en faisant partie d’un ensemble, en misant sur le collectif. C’est la même chose pour l’Afrique. Ce qu’elle ne peut pas obtenir en étant cloisonnée, elle le peut quand elle est unie. C’est pour cette raison qu’existe l’UA.

La première stratégie, c’est donc celle de l’unité, de la cohérence. La deuxième est de savoir quelles sont, au fond, les priorités de l’Afrique, du point de vue africain. Sur ce point, je pense que nous avons su créer les conditions du dialogue. Toutes nos coopérations se fondent sur les priorités que nous indiquent collectivement les Africains.

Pendant très longtemps, et cela reste vrai aujourd’hui, une des priorités des Etats africains a porté sur la contribution de l’UE aux infrastructures. Nous avons répondu à cette priorité. Aujourd’hui, ce qui est posé sur la table, c’est la question de la sécurité. Là aussi nous avons déjà répondu, et nous continuerons à le faire. J’insiste sur le fait que cette contribution a été efficace, puisque la sécurité des Etats africains s’est vraiment améliorée par rapport aux années 1990.

Comment faire en sorte que les activités économiques prospèrent grâce à l’appui de l’Europe ?
Sur cette question aussi, les résultats sont spectaculaires. Depuis le début des années 2000-2003, vous avez pu voir les progrès fantastiques que l’Afrique a réalisés en matière de taux de croissance. Aujourd’hui, ils sont comparables à ceux de la Chine depuis le ralentissement économique de cette dernière. Les taux de croissance de l’Afrique sont en tout cas parmi les plus élevés du monde.

Le déplacement massif, cette migration des jeunes vers l’Europe a-t-il été un fait surprenant ?
Oui, nous pouvons dire que ce mouvement nous a surpris. Avec son cortège de drames, cette situation nous a beaucoup émus, et cela d’autant plus qu’elle paraît anormale. En effet, nous considérons qu’en Afrique, il y a aujourd’hui des opportunités très importantes. Nous constatons que de nombreux jeunes Européens viennent travailler en Afrique : ils croient en son potentiel, en son dynamisme. Il est donc paradoxal de voir tant de jeunes Africains fuir un continent plein d’avenir.

Cette situation nous attriste également, car , ainsi que nous le savons tous,  la raison fondamentale de ce mouvement est que tout simplement, il y a des marchands d’illusions qui sont aussi des marchands d’esclaves, et trop souvent, de mort. Ils sont nombreux, dans certains territoires africains, qui font très bien leurs affaires sur la misère et  le malheur des autres.

C‘est une des activités criminelles les plus lucratives, avec le trafic de drogue et d’armes. Des gens continuent à prospérer dans ces activités. Cela nous parait inacceptable. Nous encourageons tous les Etats africains à lutter contre ces criminels, et à dénoncer leurs mensonges.

Quelles sont les solutions, selon vous ?
En premier lieu, il faut évidemment lutter contre les trafiquants. Il faut les rechercher, les poursuivre, et leur appliquer des peines qui soient véritablement dissuasives. Parallèlement, il faut dégonfler les fausses promesses. Beaucoup de jeunes Africains vont en Europe persuadés qu’ils y trouveront une vie meilleure, et bien sûr il y a quelques réussites brillantes. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt : pour l’immense majorité d’entre eux ils ne trouveront qu’une vie difficile : précarité, « petits boulots très mal payés », conditions de vie difficiles et parfois même prostitution.

Est-ce vraiment ce qu’ils étaient venus chercher ? Il faut le savoir: nous avons,  en Europe, des taux de chômage encore très élevés. Les jeunes Africains rêvent d’un avenir meilleur en Europe, mais cet avenir, cet « Eldorado », n’y existe  pas. La vie est déjà très difficile pour beaucoup d’Européens, jeunes et moins jeunes !

Il faut donc bien expliquer la situation respective de nos continents, de nos pays. En Afrique, il faut que des voix s’élèvent pour expliquer la réalité de la situation. Ici, en Côte d’Ivoire le gouvernement s’y est engagé, à travers son ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur qui travaille avec beaucoup de courage.

Mais, par ailleurs, sur le continent il faut aussi créer les conditions pour  qu’il y ait de réelles opportunités d’emplois, c’est-à-dire qu’il y ait des investissements qui se développent, et des créations d’activités.  Comme je l’ai expliqué, l’Union européenne s’efforce activement d’y concourir,  à travers ses programmes de coopération.

C’est en tout cas en travaillant en même temps dans ces trois dimensions – lutte contre les trafiquants, explication réaliste et dynamisme économique – que nous pourrons trouver une solution à ce problème qui, au-delà des destins individuels, saigne l’Afrique de ses forces vives.

Malheureusement, nous constatons que la population africaine a une croissance démographique plus rapide que son développement…
Ce sera un sujet du Sommet. Il faut traiter le problème démographique. Je constate qu’un pays comme la Côte d’Ivoire, qui est un des plus avancés en Afrique, a des taux de natalité qui sont bien inférieurs à ceux de certains de ses voisins. Je crois que le développement va de pair avec la réduction du développement démographique.

Cela va également avec l’amélioration du statut de la femme. Je crois que plus vos pays, progresseront économiquement, plus ils progresseront socialement. Parallèlement, plus le statut de la femme s’améliorera, plus l’accès des femmes au travail sera développé, plus la démographie sera maîtrisée.

Dans le cadre de l’Accord de partenariat économique (APE), que gagnent les Africains et l’UE ?
Les enjeux sont considérables. La Côte d’Ivoire en est le meilleur exemple. Notre accord de partenariat économique avec la Côte d’Ivoire a été signé en 2008 et son application  s’est accélérée à partir de 2011 après la sortie de crise. Le résultat est là. Aujourd’hui, le pays exporte énormément vers l’UE. Il a même un excédent commercial vis-à-vis de l’Union européenne estimé à 1 300 milliards de FCfa (deux milliards d’euros). Concrètement, si cet accord n’existait pas, ces 1 300 milliards de FCfa ne seraient pas là et tous ceux qui interviennent dans ce circuit (producteurs de cacao, banane, noix de cajou, thon) ne travailleraient pas pour produire ces biens exportés.

L’autre aspect positif, c’est que nous engageons la  deuxième  phase de cet APE. Depuis que la Côte d’Ivoire l’a ratifié, en 2016, c’est un accélérateur d’investissement. Cela veut dire que, dès lors que vous avez un APE, vous affichez pour tous les investisseurs le fait que les taxes douanières vont baisser progressivement et qu’ils bénéficieront, par conséquent, de prix compétitifs pour vendre sur des marchés internationaux. Vous allez avoir donc une demande d’investissement.

Par exemple, vous aurez juste avant le sommet UA-UE, un forum sur les affaires à Abidjan, le business forum. Au départ, nous tablions sur 250 entreprises participantes, mais nous allons en avoir près de 1000. Cela montre bien la puissance d’attraction de ce type d’accord.  Il permet aux sociétés d’avoir des coûts maîtrisés. Cela intéresse aussi les sociétés, d’autant plus qu’elles vont se retrouver dans un cadre où elles vont pouvoir travailler en tant que sociétés responsables.

Quand elles vont recruter un employé, elles vont payer sa cotisation sociale, mettre en place un programme complémentaire de soins de santé. En plus, ces entreprises vont respecter les normes environnementales. Du coup, vous aurez plus d’Ivoiriens qui vont  pouvoir être embauchés,  formés, etc. C’est un cercle vertueux et très positif, à la fois pour la société ivoirienne et pour les entreprises, de quelque nationalité qu’elles soient, qui viennent investir.

Quel bilan faites-vous du processus de l’APE ?
Il est en cours. Nous allons essayer de mettre en place avec le ministère de l’Intégration africaine  et des Ivoiriens de l’extérieur et la Primature, les éléments de cette mise à niveau un peu dans tous les domaines.

Qu’en est-il des investissements de l’UE en Afrique ? S’agit-il vraiment d’investissements ?
Il ne nous paraît pas correct que l’Afrique dépende majoritairement des investisseurs étrangers. Evidemment, c’est bien qu’ils viennent, mais il faut que ce soient les Africains eux-mêmes qui s’engagent dans ces investissements et qui prennent en main le destin économique de leurs pays. Or, le blocage fondamental, ce qui freine ces investissements, ce sont les taux d'intérêt qui sont beaucoup trop élevés en Afrique. Une des idées de ce Sommet est donc très simple. C’est l’engagement de l’Union européenne à investir massivement, à subventionner les investissements à travers l’abaissement  des taux d’intérêt. Ce sera  un des enjeux majeurs de la rencontre d’Abidjan.

De 2011 à 2016, il y a eu une importante hausse des échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et l’UE qui sont passés de 2800 à 4216 milliards de FCfa. Qu’est-ce qui explique ce bond qualitatif ?
Il y a deux facteurs. La fin de la crise militaro-politique. Cette situation n’était pas un facteur positif pour les affaires et donc pour les relations commerciales. L’autre facteur a été l’APE qui a accéléré très rapidement les choses.

Le terrorisme est devenu un épineux problème sur le continent. Des binationaux en Europe, d’un côté africains y sont impliqués. Des pays comme la France avaient décidé, à un moment, de déchoir ces personnes de leur nationalité. Ce sujet sera-t-il évoqué  au Sommet d’Abidjan ?
Non, je ne pense pas. Le problème sera posé dans le sens suivant : que peut-on faire pour partager l’information ? C’est ce qui permettra d’améliorer la lutte contre le terrorisme. Il faut savoir qu'auparavant les terroristes prospéraient du fait du caractère compartimenté de chaque Etat par rapport aux uns et de chaque continent par rapport aux autres.

Aujourd’hui, à travers tous les programmes que nous avons pu mettre en œuvre de part et d’autre, il y a des échanges d’information immédiats pour lutter contre ce phénomène. Cette situation s’est beaucoup améliorée. Le Sommet sera une occasion de fait le point sur cette coopération à différents niveaux, régional, international.

Si vous prenez l’Organisation internationale de police, Interpol, elle est très présente en Afrique. Cette présence facilite les échanges d’information, la localisation les risques d’attentats, leur prévention. C’est tout un travail qui se fait discrètement et efficacement grâce à la coopération internationale.
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