PROTECTION DE LA SANTE DES TRAVAILLEURS
Novembre 2017
Principaux faits
Dans de nombreux pays, plus de la moitié des travailleurs sont employés
dans le secteur informel sans aucune protection sociale pour se faire soigner
et en l’absence d’application réglementaire des normes de santé et de sécurité
au travail.
Des services de médecine du travail qui conseillent les employeurs sur
l’amélioration des conditions de travail et le suivi de la santé des
travailleurs couvrent la plupart des grandes entreprises du secteur formel mais
au niveau mondial, plus de 85% des travailleurs des petites entreprises, du
secteur informel, de l’agriculture, ainsi que les travailleurs migrants ne sont
pas couverts par les services de médecine du travail.
Certains risques professionnels tels que les accidents, le bruit, les
agents cancérigènes, les particules véhiculées par l’air et les risques
ergonomiques représentent une partie substantielle de la charge des maladies
chroniques: 37% de tous les cas de douleurs dorsales, 16% des déficiences
auditives, 13% des pneumopathies chroniques obstructives, 11% des cas d’asthme,
8% des traumatismes, 9% des cancers du poumon, 2% des leucémies et 8% des
dépressions.
Chaque année 12,2 millions de personnes, la plupart dans les pays en
développement, meurent de maladies non transmissibles à un âge où elles sont
encore en activité professionnelle.
Les problèmes de santé liés au travail se traduisent par des pertes
économiques équivalentes à 4-6% du PIB dans la plupart des pays. Les services
de santé de base pour prévenir les maladies professionnelles et liées au
travail coûtent en moyenne entre 18 et 60 dollars (US $ ) -à parité de pouvoir
d’achat- par travailleur.
Près de 70% des travailleurs n’ont pas d’assurance qui puisse les
indemniser en cas de maladie ou d’accident professionnels.
La recherche a montré que les initiatives de santé sur le lieu de travail
peuvent contribuer à réduire l’absentéisme pour congé de maladie de 27% et les
dépenses de santé des entreprises de 26%.
Déterminants de la santé des travailleurs
Les personnes économiquement actives passent en moyenne un tiers de leur temps sur leur lieu de travail. Les conditions d’emploi et de travail ont des répercussions importantes sur l’équité en santé. De bonnes conditions de travail peuvent offrir une protection et un statut social, des possibilités de développement personnel et la protection contre les risques physiques et psychosociaux. Elles peuvent également améliorer les relations sociales et l’estime de soi des employés et avoir des effets positifs sur la santé.La santé des travailleurs est une condition essentielle en ce qui concerne les revenus des ménages, la productivité et le développement économique. Le rétablissement et le maintien des capacités de travail est donc une fonction importante des services de santé.
Les risques pour la santé sur le lieu de travail, liés notamment à la chaleur, au bruit, à la poussière, aux produits chimiques dangereux, aux machines présentant des risques et au stress psychologique entraînent des maladies professionnelles et peuvent aggraver d’autres problèmes de santé. Les conditions d’emploi, la profession et la position dans la hiérarchie professionnelle ont également des incidences sur la santé. Les personnes travaillant dans des conditions stressantes ou dans des conditions d’emploi précaire sont susceptibles de fumer davantage, de faire moins d’exercice et d’avoir une alimentation moins saine.
Outre les soins de santé généraux, tous les travailleurs – et en particulier ceux qui ont des professions à haut risque – ont besoin de services de santé capables d’évaluer et de réduire l’exposition aux risques professionnels, ainsi que d’une surveillance médicale pour le dépistage précoce des maladies et accidents professionnels et liés au travail.
Les maladies respiratoires chroniques, les troubles musculo-squelettiques, les déficiences auditives liées au bruit et les problèmes dermatologiques sont les maladies de santé les plus courantes. Or un tiers seulement des pays sont dotés de programmes pour traiter ces problèmes.
Les maladies non transmissibles (MNT) liées au travail ainsi que les maladies cardiovasculaires et la dépression entraînées par le stress professionnel sont responsables de taux croissants de morbidité et d’absence durables sur le lieu de travail. Les MNT professionnelles sont notamment les cancers professionnels, la bronchite chronique et l’asthme provoqués par la pollution de l’air sur le lieu de travail et les rayonnements.
Malgré cela, dans la majorité des pays, les médecins et les infirmières ne sont pas convenablement formés à prendre en charge les problèmes de santé liés au travail et de nombreux pays ne proposent pas de formation post-universitaire en médecine du travail.
Couverture sanitaire des travailleurs
Les problèmes de santé liés au travail se traduisent par des pertes économiques équivalentes à 4-6% du PIB dans la plupart des pays. Près de 70% des travailleurs n’ont pas d’assurance qui puisse les indemniser en cas de maladie ou d’accident professionnels.La couverture sanitaire universelle combine l’accès aux services nécessaires pour assurer une bonne santé (promotion de la santé, prévention, traitement et réadaptation, y compris s’agissant des déterminants de la santé) avec la protection financière pour prévenir les problèmes de santé pouvant conduire à la pauvreté.
Il existe des interventions efficaces pour prévenir les maladies professionnelles. Par exemple, l’encapsulation des sources de pollution, la ventilation, la lutte contre le bruit, la substitution de produits chimiques dangereux, l’amélioration du mobilier et l’organisation du travail.
La tâche des services spécialisés de santé au travail consiste à évaluer ces risques et à élaborer des recommandations visant à prévenir les maladies professionnelles liées au travail. Les travailleurs exposés doivent être soumis à des examens médicaux réguliers de façon à dépister précocement tout problème de santé, alors même qu’un traitement ou une modification du lieu du travail peuvent encore aider à éviter des dégâts définitifs.
Actuellement, seuls 15% des travailleurs dans le monde ont accès à des services spécialisés de médecine du travail, et ce principalement dans des grandes entreprises qui proposent une assurance-maladie et des prestations en cas d’accident du travail. Avec la crise du chômage mondial que nous vivons actuellement, de plus en plus de gens cherchent du travail dans le secteur informel, où ils n’ont pas de couverture d’assurance et n’ont pas accès à des services de médecine du travail. Beaucoup de ces travailleurs travaillent souvent également dans des conditions dangereuses et souffrent de maladies, traumatismes et handicaps professionnels. Dans de nombreuses communautés, lorsque le chef de famille tombe malade, c’est toute la famille qui souffre car il n’y a pas de protection sociale.
Les centres de soins primaires peuvent dispenser des services de base de médecine du travail pour les travailleurs du secteur informel et des petites entreprises dans la communauté. Le plus souvent, ils se rendent sur les lieux de travail et recommandent des améliorations, organisent des visites médicales préliminaires et périodiques, assurent le diagnostic et la notification des maladies professionnelles et liées au travail. Les centres de soins primaires pourraient également former des bénévoles et des délégués à la sécurité sur les lieux de travail et travailler avec eux à mettre en œuvre des mesures simples de prévention des maladies professionnelles tout en conseillant des méthodes de travail plus sûres. Le coût de ces services varie entre 18 et 60 dollars (US $) (à parité du pouvoir d’achat) par travailleur. Ils ont pour avantage:
- d’apporter des améliorations sur le lieu de travail dès la première visite,
- de détecter et de prendre en charge précocément des problèmes de santé liés au travail, et
- d’éduquer et de faire participer les communautés de travailleurs à la protection de leur propre santé.
Action de l’OMS
Dans la résolution WHA60.26, «Plan d’action mondial pour la santé des travailleurs», l’Assemblée mondiale de la Santé invite instamment les États Membres à «faire en sorte que tous les travailleurs, y compris ceux du secteur informel, des petites et moyennes entreprises, du secteur agricole, et les travailleurs migrants et travailleurs contractuels soient couverts par les interventions essentielles et les services de médecine du travail de base aux fins de prévention primaire des maladies et traumatismes d’origine professionnelle».La stratégie proposée par l’OMS pour améliorer la couverture sanitaire des travailleurs, y compris ceux du secteur informel et des petites entreprises, consiste à travailler avec les pays selon les orientations stratégiques suivantes:
Développer les compétences des dispensateurs de soins primaires – médecins
généralistes, infirmières, techniciens de santé publique et de salubrité de
l’environnement, et agents de santé communautaires – afin qu’ils puissent
proposer des services de médecine du travail de base et notamment des conseils
sur l’amélioration des conditions de travail, le suivi de l’état de santé des
travailleurs et la détection des maladies professionnelles les plus courantes
parmi les travailleurs des petites entreprises, des zones rurales, des
exploitations agricoles, dans le secteur informel et parmi les migrants.
Élargir la couverture et améliorer la qualité des services spécialisés de
médecine du travail dans les grandes et les moyennes entreprises et les zones
industrielles, en se concentrant sur l’évaluation et la réduction des risques
professionnels; la surveillance et l’amélioration du milieu de travail,
l’organisation du travail, les machines et le matériel; la détection précoce et
la réadaptation en cas de maladie professionnelle; la promotion de la santé; et
la fournitures de premiers secours sur le lieu de travail.
Établir des liens entre les services de médecine du travail et les centres
de soins primaires pour faciliter la prise en charge des travailleurs souffrant
de maladies chroniques et le retour au travail après de longues absences pour
maladie.
Mettre au point des initiatives, des outils et des méthodes pour la santé
au travail afin de permettre aux entreprises et autres milieux de travail de
mieux prendre soin de la santé sans avoir à s’en remettre intégralement aux
services de santé professionnels.
Inclure la médecine du travail dans la formation préalable et la formation
en cours d’emploi de tous les agents de santé de première ligne et de certains
spécialistes médicaux traitant les cancers, les maladies dermatologiques,
respiratoires et neurologiques et les troubles musculo-squelettiques.
Établir des feuilles de routes afin de développer l’accès des travailleurs
aux interventions et services essentiels, tels que définis au niveau national,
pour prévenir et maîtriser les maladies professionnelles et liées au travail.
Il s’agit notamment de suivre la couverture et de fixer des cibles réalistes en
fonction des ressources humaines et financières disponibles pour la santé et
conformément aux traditions locales.
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