LE BÉGAIEMENT
Le bégaiement
est un trouble de la parole. Il se caractérise par des hésitations importantes
et fréquentes qui empêchent de parler de façon continue (ex. : « Je
vvvvvveux a-a-a-ller à la p-p-piscine »).
À l’âge
préscolaire, autant de filles que de garçons bégaient. Toutefois, à l’âge
scolaire, 3 fois plus de garçons que de filles bégaient. Le bégaiement
disparaît plus souvent sans intervention particulière chez les filles que chez
les garçons. Globalement, 1 % de la population bégaie.
Environ
75 % des enfants qui bégaient à l’âge préscolaire cessent de bégayer sans
avoir besoin d’un traitement en orthophonie. À l’inverse, les difficultés des
enfants d’âge scolaire qui ne se règlent pas d’elles-mêmes deviennent souvent
plus importantes si aucune intervention n’est mise en place.
Il ne faut pas
confondre le bégaiement et les hésitations normales, qui sont fréquentes de 3 à
5 ans, quand l’enfant se met à faire des phrases. Ces hésitations veulent
dire que l’enfant est en apprentissage du langage et ne peut pas encore parler
aussi vite qu’il pense.
Les hésitations
normales se caractérisent par des répétitions de mots de 2 syllabes ou
plus, le plus souvent une seule fois (ex. : « Je vais manger avec
avec maman ») ou des répétitions de parties de phrases (ex. :
« Je vais je vais manger avec maman »).
Le réel
bégaiement apparaît le plus souvent entre 2 et 5 ans, mais parfois dès
18 mois. Il peut même arriver qu’il apparaisse à l’âge scolaire, voire à
la puberté.
Le bégaiement
se manifeste par certaines hésitations dans la parole bien typiques :
- répéter un mot d’une seule syllabe (ex. : Je-je-je veux manger!);
- répéter une partie de mot (ex. : Je t’ai-ai-ai-t’aime ou Je t-t-t-t’aime);
- vouloir faire un son sans qu’il sorte (ex. : J’ai mangé une b…..anane);
- allonger un son (ex. : Je vvvvvvvvvvveux jouer!).
Le bégaiement
s’accompagne souvent de manifestations comme des tics au visage, des
clignements des yeux ou des trépignements. L’enfant peut aussi retenir sa
respiration. Il peut avoir une expression de peur quand il essaie de prononcer
certains mots sur lesquels il a déjà hésité, ou tout simplement les éviter.
Certains contextes
peuvent augmenter le nombre d’hésitations de l’enfant, par exemple quand le
message à transmettre est complexe ou que l’enfant doit parler devant plusieurs
personnes. Généralement, plus l’enfant est stressé, plus il bégaie.
Un enfant qui
bégaie vit souvent de la gêne ou de la honte, encore plus lorsque les
expériences de communication négatives s’accumulent. Ceci peut avoir une
influence négative sur son estime de lui.
La génétique
est la plupart du temps la cause du bégaiement. Ce facteur semble encore plus
marqué chez les enfants qui bégaient depuis un certain temps et chez qui les
traitements semblent moins bien fonctionner. D’ailleurs, il y a peu de chances
que le bégaiement disparaisse sans traitement chez les enfants dont un membre
de la famille bégaie ou a bégayé longtemps.
Le bégaiement
peut être amplifié par la réaction émotive de l’enfant. En effet, sa réaction
peut augmenter ses tensions physiques et, par le fait même, les hésitations
dans sa parole. Toutefois, ce ne sont pas les émotions et la gêne en soi qui
causent le bégaiement.
Pour un enfant
de plus de 4 ans, il est recommandé de consulter en orthophonie dès que
l’on observe des signes de bégaiement, car il est
plus rare, après cet âge, que le bégaiement disparaisse de lui-même, sans aide.
Pour un enfant
de moins de 4 ans, il est recommandé de consulter en orthophonie :
- s’il présente des signes de bégaiement, et non d’hésitation normale, depuis plus de 6 mois;
- si un ou des membres de la famille bégaient de façon persistante;
- ou si l’enfant et son entourage sont affectés par les difficultés (ex. : l’enfant et les parents sont stressés, l’enfant évite certaines situations de prise de parole, etc.).
Les services en
orthophonie pour l’évaluation et le traitement du bégaiement ne sont pas les
mêmes partout dans la province. Certains centres de santé et de services
sociaux, hôpitaux et cliniques privées offrent ces services. Dans tous les cas,
il peut y avoir un temps d’attente avant l’évaluation et la prise en charge. Le
médecin de famille peut généralement orienter les parents vers les services
appropriés pour leur enfant.
L’orthophoniste,
lors de la ou les premières rencontres d’évaluation, détermine si l’enfant a
réellement un problème de bégaiement ainsi que le degré de sévérité du trouble,
le cas échéant. À partir de ses observations, l’orthophoniste peut établir des
objectifs d’intervention.
Le suivi en
orthophonie vise à rendre la parole de l’enfant fluide. L’orthophoniste
travaille d’abord l’expression fluide des mots, puis des phrases, ensuite la
fluidité dans la conversation en clinique, puis dans la vie de tous les jours.
Le plus souvent, les parents participent au traitement. Ils sont par exemple
invités à adopter certaines attitudes comme :
- ralentir leur propre débit de parole;
- ne pas dire à l’enfant de prendre son temps, mais simplement l’écouter attentivement;
- ne pas compléter les mots ou les phrases pour l’enfant et lui laisser tout le temps nécessaire pour finir.
Aucune approche
d’intervention n’est reconnue efficace dans toutes les situations, avec tous
les enfants, même si certaines ont montré leur efficacité. L’orthophoniste est
en mesure d’évaluer quelle approche privilégier. De façon générale, le
bégaiement est un trouble qui se traite bien, à plus forte raison lorsque
l’intervention a lieu aussi tôt que possible dans l’enfance.
Recherche et rédaction : Marie-Ève Bergeron-Gaudin,
orthophoniste
Adaptation web : Équipe Naître et grandir Janvier 2016 |
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