LE DESESPOIR DES MINEURS ACCUEILLIS DANS LE LUCHONNAIS
Ils sont
arrivés dans la cité thermale plein d'espoir, heureux de voir se dessiner
devant eux un horizon qui se déclinerait outre-Manche. Les quarante-sept
mineurs isolés sont donc montés dans le bus début novembre, quittant la jungle
de Calais et impatients de voir leurs dossiers examinés par des agents de
l'office de l'immigration britannique. Un rêve de départ vers l'Angleterre,
dans le but de retrouver une famille avec laquelle ils ont perdu le contact,
pour la plupart.
«Nous sommes originaires d'Erythrée, lance doucement un jeune
migrant. Nous parlons tous quelques mots d'anglais. Nous voulons nous rendre en
Angleterre parce que c'est pour nous l'assurance de retrouver une vie, de
retourner à l'école. Nous ne visons que pour cela depuis des mois !»
Des mots
lâchés calmement, dans une volonté d'expliquer aux adultes qui les entourent
pourquoi ce rêve d'Angleterre leur est tellement chevillé au corps. À tel point
qu'après plusieurs semaines leur dossier au point mort, les mineurs de Luchon
ont tenté de fuir à peid, en plein hiver, sur un coup de colère. «Nous, nous
devenons fous, ici, explique le jeune homme. Nous avons fait tant de
sacrifices, tant de kilomètres à pieds pour rejoindre Calais que de reprendre
la route ne nous effraie pas». «L'Angleterre avait promis de nous accueillir,
les gens de l'immigration sont venus ici, et toujours rien», ajoute l'un de ses
copains.
Alors ils sont partis un après-midi, en file indienne, dans le but de
traverser la France, à nouveau. Sous le regard surpris des automobilistes, sous
une pluie glacée, ils ont tenté de reprendre leur errance. Aux inquiétudes
émises par les éducateurs, ils répondent en balayant de la main des notions qui
n'ont plus court dans leur vie de jeunes migrants. «Nous avons traversé des
déserts, franchi l'océan et pris des risques insensés, lâche encore le jeune
homme. Alors tu sais, traverser la France ne nous fait pas peur». Des mineurs
aujourd'hui en attente de réponses, fatigués de ne rien voir venir. «Il ne faut
surtout pas leur donner de faux espoirs et être honnêtes avec eux, constate un
éducateur. Ils ont été tellement fourvoyés…»
Ces jeunes gens
ne seront de toutes les façons accueillis dans les Pyrénées que jusqu'à la fin
du mois, la maison familiale des électriciens et des gaziers qui les héberge,
reprenant l'accueil des skieurs dès le début du mois de février. En tant que
mineurs, ils vont bénéficier de l'attention des services du conseil
départemental et l'assurance de voir leur demande de régularisation examinée,
côté français.
De leur
tentative de fugue, il est surtout resté l'expression d'un désarroi, face à un
rêve que l'on venait brutalement de leur arracher ainsi que la peur, à dix-sept
ans à peine, de voir un avenir meilleur leur échapper.
ONU : Guterres le mondialiste
Antonio
Guterres, le nouveau secrétaire général de l'ONU remplace depuis le 1er janvier
le pâle Ban Ki-moon. Ce Portugais de 67 ans a été pendant dix ans Haut
commissaire aux Nations Unis pour les réfugiés, c'est dire qu'il connaît
parfaitement la question.
Ses idées
risquent de ne pas plaire à tout le monde. «Lorsque des responsables élus
hésitent à choisir entre les valeurs et la prochaine élection, je leur
recommanderai de choisir les valeurs. S'ils recherchent le gain électoral à
court terme, ils perdront les deux. À ce moment-là, il devient très difficile
de recouvrer les valeurs qu'on a abandonnées.» Pour lui, non seulement le flux
de migrants est «inévitable», mais en outre il pense que les seules sociétés
capables de réussir sont les sociétés «multiculturelles», «multiethniques» et
«multireligieuses».
La Dépêche du Midi
http://www.ladepeche.fr/article/2017/01/16/2497426-le-desespoir-des-mineurs-accueillis-dans-le-luchonnais.html?ref=yfp
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