LE MARIAGE D’ENFANTS AUX ETATS-UNIS : UNE INCROYABLE REALITE
Mettre fin aux mariages d’enfants, précoces et
forcés est une des priorités de la politique étrangère des Etats-Unis, comme
indiqué dans la Stratégie Globale Américaine pour Promouvoir l’Autonomie des
Filles Adolescentes de 2016, un document qui condamne fortement cette pratique
dans les pays en voie de développement comme une violation des droits de
l’Homme.
C’est pourquoi il est extrêmement surprenant d’apprendre
qu’aux Etats-Unis, entre 2001 et
2010, « dans 38 Etats, plus de 167 000 enfants – presque tous des filles,
parfois seulement de 12 ans – ont été mariés […], la plupart à des hommes de 18
ans ou plus » (Reiss, 2017). Des chiffres plus récents n’étaient pas
disponible pour cette étude réalisée par l’organisation « Unchained at Last »
(enfin libéré), qui combat le mariage d’enfants aux Etats-Unis. Cependant,
l’état actuel des lois de plusieurs Etats américains suggèrent que le mariage d’enfants
aux Etats-Unis est toujours une réalité.
D’après la campagne globale ‘Girls not Brides’ (des
filles, pas des mariées), « le mariage d’enfant regroupe les mariages
formels ou les unions informelles où l’un ou les deux mariés a moins de 18
ans » (UNICEF, 2017). Malgré cette limite claire des 18 ans, dans
l’Etat de New York, les enfants de 14 ans peuvent être mariés avec l’accord des
parents et d’un juge (Gronewold, 2017). Ainsi, de 2000 à 2010 dans ce seul
Etat, 3 850 enfants ont été victimes du mariage d’enfants (HRW, 2017).
D’après Reiss, fondatrice d’Unchained at Last, chaque
Etat aux Etats-Unis a des exceptions qui permettent aux enfant de moins de 18
ans de se marier avec l’accord des parents et d’un juge, et parfois l’âge
en-dessous duquel un enfant ne peut être marié n’est même pas délimité (Reiss,
2017). Les enfants mariés les plus jeunes et recensés par l’étude d’Unchained
at Last n’avaient que 12 ans.
Comment des parents peuvent-ils consentir à marier leur
enfant ?
Unchained at Last constate que les mariages d’enfants se
produisent “dans presque toutes les cultures et religions en Amérique”, dans
les familles migrantes aussi bien que non-migrantes (Reiss, 2017). Les
motivations derrières une telle pratique sont celles-ci: “les traditions
culturelles ou religieuses ; un désir de contrôler le comportement d’un
enfant ou sa sexualité ; l’argent (le prix d’une épouse ou la dot) ;
ou des raisons en lien avec l’immigration (par exemple, quand un enfant
parraine son conjoint étranger)” (Reiss, 2017). Le mariage est aussi considéré
comme une solution pour les grossesses chez les adolescentes. De plus, bien que
des enfants se marient de leur propre souhait, cela n’exclut pas qu’ils en
subissent les conséquences négatives (Reiss, 2017).
Les conséquences du mariage d’enfants
Le mariage d’enfants a des effets détrimentaux et de
longue durée sur la santé, l’éducation, l’accès aux opportunités économiques
des jeunes filles, et augmente leur risque d’être victime de violence
domestique et de vivre dans la pauvreté, qu’ils aient lieu dans les pays en
voie de développement ou dans les pays développés (UNICEF, 2017). Les mariages
entre deux personnes qui ont une certaine différence d’âge peut aussi
constituer un viol sur mineur (Unchained at Last, 2017).
De plus il est difficile pour les enfants victimes du
mariage d’enfants de chercher de l’aide aux Etats-Unis. Reiss explique que les
enfants qui s’enfuient de chez eux sont considérés comme fugueurs, les refuges
préviennent les parents, et les services d’aide à l’enfance ne peuvent pas
empêcher les mariages légaux (Reiss, 2017). De plus, les enfants ont un accès
limité à une assistance légale (Gronewold, 2017).
Pourquoi est-ce qu’une loi ne peut pas simplement être
votée ?
Si les états votaient tout simplement une loi qui limite
l’âge du mariage aux personnes de plus de 18 ans, sans exception, cela
répondrait en théorie au problème du mariage d’enfants aux Etats-unis. Une
telle loi pourrait empêcher beaucoup de mariages et créerait un solution légale
pour les victimes. Mais les lois sur le mariage d’enfants échouent
souvent, car les législateurs pensent qu’une telle loi pourrait avoir un impact
sur la liberté de religion de certaines communautés, ou parce qu’ils assument
que c’est « la meilleure solution pour les adolescentes enceintes »
(Reiss, 2017). Ces arguments sont faux, car une telle loi ne viserait pas une
religion spécifiquement, donc il n’y aurait pas d’impact discriminatoire sur la
liberté de religion d’une communauté en particulier (Reiss, 2017). Concernant
le second argument, il existe d’autres solutions pour aider les adolescentes
enceintes qui ne nécessitent pas qu’elles se marient (Ibid.).
Cependant, il y a de l’espoir. Des textes de loi ont été
présentés récemment par exemple dans les états du Maryland et du Massachusetts,
et ce mois, une proposition d’augmenter l’âge minimum légal du mariage à 17 ans
a été présenté dans l’état de New York (Gronewold, 2017). Mais bannir les
mariages d’enfants dans quelques états seulement n’est pas suffisant. Si les
Etats-Unis interdisaient les mariages d’enfants dans chaque état sur son propre
sol, cela aurait des répercussions positives non seulement pour les droits des filles aux
Etats-Unis, mais aussi à l’étranger, ou le pays gagnerait en légitimité pour
demander l’interdiction des mariages d’enfants partout dans le monde.
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