DANS LA TOURMENTE, FACEBOOK SE DIT "SCANDALISE D'AVOIR ETE TROMPE"
21MAR2018
Facebook était toujours
mercredi au coeur d'une tourmente mondiale depuis que la société Cambridge
Analytica a été accusée d'avoir illégalement acquis les données de 50 millions
d'utilisateurs du réseau social.
La
société de Mark Zuckerberg s'est dite "scandalisée d'avoir été
trompée" par l'utilisation des données de ses utilisateurs par Cambridge
Analytica et a dit "comprendre la gravité du problème".
Devant l'ampleur du scandale, une
commission parlementaire britannique a demandé mardi au patron de Facebook de
venir s'expliquer devant elle. Et lui a donné jusqu'à lundi pour répondre. Le
jeune milliardaire a également été invité à s'exprimer devant le Parlement
européen qui va "enquêter pleinement" sur cette "violation
inacceptable des droits à la confidentialité des données".
Aux Etats-Unis, les procureurs de
New York et du Massachusetts ont lancé une enquête sur ce scandale et, selon
les médias américains, la Commission fédérale du commerce (FTC), un organisme
public chargé de veiller à la protection des consommateurs et de la
concurrence, a aussi ouvert une enquête.
Les autorités chargées de
la protection des données dans l'Union européenne se sont également saisies
mardi de l'affaire. Le sujet était au menu d'une réunion de ces autorités à
Bruxelles, a indiqué la Commission européenne, dont une représentante devait
demander des "clarifications" à Facebook, dont le cours a dégringolé
en Bourse.
Dans le
viseur des autorités britanniques de protection des données et de la justice
américaine, Cambridge Analytica a annoncé mardi la suspension de son patron
Alexander Nix, qui s'était vanté d'avoir oeuvré pour Donald Trump en 2016.
Cette décision a été prise à la
suite de la publication de "commentaires" de M. Nix enregistrés par
la chaîne Channel 4 News, ainsi que d'autres "allégations" formulées
à son encontre, qui "ne représentent pas les valeurs" de la société,
spécialisée en communication stratégique et analyse de données à grande
échelle, a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Les commentaires en question sont
issus d'une enquête diffusée lundi et mardi par la chaîne britannique, où le
patron de Cambridge Analytica apparaît en caméra cachée répondant aux questions
d'un reporter à l'identité déguisée.
- "Aucune preuve, pas de
trace écrite" -
Les derniers éléments publiés
mardi le montrent ainsi se vantant du rôle joué par son entreprise aux
Etats-Unis dans la campagne présidentielle du candidat républicain Donald Trump
en 2016. Recherche, analyse, "on a dirigé sa campagne numérique",
assure-t-il avant de mettre en avant le système d'e-mails auto-destructeurs
qu'il utilise.
"Il
n'y a aucune preuve, pas de trace écrite, rien", explique-t-il, affirmant
qu'il n'y a pas de danger que les parlementaires américains percent son secret
à jour. "Ce sont des hommes politiques, pas des techniciens. Ils ne
comprennent pas comment ça marche".
CA, qui dispose de bureaux au
Royaume-Uni et aux Etats-Unis, est accusé d'avoir récupéré sans leur
consentement les données de 50 millions d'utilisateurs de Facebook pour
élaborer un logiciel permettant de prédire et d'influencer le vote des
électeurs, afin de peser dans la campagne de Donald Trump.
Channel 4 News a également
diffusé une interview enregistrée avec Hillary Clinton en octobre 2017.
"Il y avait une campagne
d'un genre tout nouveau qui était menée dans le camp d'en face", y
explique l'ancienne candidate démocrate en dénonçant "un effort de
propagande". "La vraie question c'est de savoir comment les Russes
ont pu cibler aussi précisément les électeurs indécis dans le Wisconsin, le Michigan
et la Pennsylvanie", trois Etats remportés par le milliardaire
républicain, ajoute-t-elle.
Dans les enregistrements publiés
lundi, Alexander Nix suggère également des techniques pour mettre en difficulté
un rival politique, comme par exemple le fait d'"envoyer des filles autour
de la maison du candidat". Interrogé dans le quotidien The Times,
Alexander Nix a démenti avoir tenté de piéger des hommes politiques. Cambridge
Analytica a de son côté "nié fermement" ces accusations.
Au Royaume-Uni, l'Information
Commissioner's Office (ICO), autorité indépendante chargée de réguler le
secteur et de protéger les données personnelles, a demandé l'autorisation
d'enquêter au sein de CA afin de pouvoir "fouiller les serveurs" et
"effectuer une vérification des données".
Facebook, comme Twitter ou
Google, est accusé depuis des mois d'avoir servi à des entités liées à la
Russie pour manipuler l'opinion publique, en particulier lors de la campagne
présidentielle américaine ou celle du référendum sur le Brexit en 2016. Ils
sont aussi régulièrement accusés de ne pas assez protéger les données
personnelles de leurs utilisateurs, qui sont la base de leur modèle économique.
https://www.afp.com/fr/infos/335/dans-la-tourmente-facebook-se-dit-scandalise-davoir-ete-trompe-doc-12w7rw3
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