LOIN DU CAS MAMOUDOU GASSAMA, LE PARCOURS ORDINAIRE DES ETRANGERS VERS LA NATURALISATION
AFP - Publié le: 31-05-2018
Centrafricain, Camerounais, Algérien, Ivoiriens .....
et bientôt Français: ce matin-là, ils sont plus d'une centaine à la préfecture
des Bouches-du-Rhône (sud-est) pour une cérémonie de naturalisation. Loin du
cas exceptionnel du « héros » malien Mamoudou Gassama, qui
bénéficiera d'une accélération de la procédure, tous ont attendu un ou deux ans
pour obtenir la nationalité.
Pour
devenir français autrement que par le mariage ou par ascendance, il faut
notamment justifier d'une présence de 5 ans sur le territoire, en situation
régulière, ou encore faire preuve d'une « moralité exemplaire ». Des
études, un « parcours exceptionnel » peuvent accélérer la procédure.
75% des dossiers obtiennent un avis favorable.
La
régularisation express du jeune Malien Mamoudou Gassama, après avoir été élevé
au rang de « héros » pour avoir sauvé un enfant à Paris, paraît
pourtant « juste » à Hind Ben Achour, 19 ans. « Il a sauvé un
Français, quand même », pointe la jeune femme voilée, originaire
d'Algérie.
Arrivée
en France à l'âge de 3 ans, elle dit avoir « toujours vécu comme une
Française ». Elle est venue avec sa mère assister à la cérémonie de
naturalisation organisée par la préfecture des Bouches-du-Rhône, à Marseille.
Mercredi,
92 majeurs et 31 mineurs, de tous âges et de 33 pays différents, se pressaient
dans le salon d'honneur de la préfecture des Bouches-du-Rhône, sous trois
imposants lustres en cristal. La plupart sont tirés à quatre épingles, talons
hauts et maquillage pour les femmes, costume pour les hommes.
« C'est
un moment très important pour eux, c'est l'aboutissement d'un parcours d'un an
et demi à deux ans », souffle un fonctionnaire de la préfecture. Ces
cérémonies ont pris un caractère solennel en France, à l'instar de ce qui se
fait aux Etats-Unis, en 2006.
-
« Merci France! » -
En
préambule de la cérémonie, un petit film de 5 minutes rappelle aux néo-Français
leurs droits et leurs devoirs, notamment celui de « défendre la
patrie » si elle est attaquée. « Devenir français est un
honneur », « vous pouvez être fiers d'être français », martèle
la bande-son, pendant que défilent des plans de monuments et paysages de
France.
L'assemblée
est ensuite appelée à se lever et entonner la Marseillaise. Lorsque l'hymne
national se termine, de forts applaudissements retentissent. « Merci
France! », crie un homme enthousiaste, en roulant les « r ».
Enfin, chacun reçoit à tour de rôle, et sous un tonnerre d'applaudissements,
son décret de naturalisation, accompagné d'une Déclaration des droits de
l'homme.
« C'est
une journée mémorable pour moi », confie Augustave Talla, un Camerounais
de 48 ans, en immortalisant les dorures et les statues de la préfecture.
Accompagné de deux de ses enfants naturalisés avant lui, ce cuisinier en
chemise bleu ciel se sent « plus libre »: « c'est psychologique,
depuis que j'ai reçu la convocation, je me sens mieux ».
« J'ai
commencé les démarches en 2016 pour avoir la nationalité, car on ne vous traite
pas pareil sur le plan social selon que vous êtes étranger ou Français »,
assure-t-il.
Assis
dans un fauteuil Louis XV capitonné de velours rouge, Luis Kangale savoure ce
moment. « Je suis un réfugié politique, j'ai dû refaire ma vie en
France », raconte ce Centrafricain de 31 ans, doctorant en biologie.
« Faire les démarches m'a bouffé beaucoup de temps et de moral »,
constate celui qui « a fait une croix sur [s]a vie d'avant ».
« Aujourd'hui cette nouvelle identité c'est comme si j'entrais dans une
autre dimension des choses, je vais enfin être débarrassé de cette
préoccupation ».
« Les
cas comme celui de Paris (ndlr: Mamoudou Gassama) sont très exceptionnels, la
naturalisation répond à des conditions très strictes », explique à l'AFP
la secrétaire générale du préfet qui préside la cérémonie.
En
tout en 2017, 83.674 personnes ont obtenu la nationalité française.
http://www.lebanco.net/banconet/bco34857.htm
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