LA VIE DANS LE PLUS VASTE CAMP DE REFUGIES SYRIENS
Dix millions de
personnes fuient la guerre en Syrie. La Jordanie héberge le plus vaste camp de
réfugiés syriens, Za’atari.
Le camp de
Za’atari, qui se dresse en plein cœur du désert jordanien, est devenu la
nouvelle patrie de 80 000 réfugiés syriens, dont plus de 40 000 enfants. Si
ce camp était
transféré en Suisse, il constituerait d’un seul coup la huitième plus grande
ville du pays – juste après Lucerne et avant St-Gall. Le camp de Za’atari se
transforme peu à peu en une ville – et il est devenu la seconde patrie de
nombreux
enfants qui y
ont nés ou ne peuvent se souvenir de leur lieu d’origine. La rue principale du
camp, que l’on appelle ironiquement «les Champs-Elysées», est bordée de stands
de marché, de cafés improvisés – et de magasins de robes de mariage. Ils
témoignent de la vie des réfugiés de Za’atari: des gens se marient, fondent des
familles. Depuis que le camp a ouvert ses portes, en 2012, plus de 10 000 bébés
y sont nés.
Mais il y a un
triste revers à cette médaille: dans les magasins de robes de mariage, on
croise des filles toujours plus jeunes. Depuis que le conflit a éclaté en Syrie,
les mariages précoces sont deux à trois fois plus nombreux. Entretemps, en
Jordanie, une jeune Syrienne sur quatre se marie avant son 18e
anniversaire –
et leur mari a souvent plus de dix ans qu’elles.
Cette situation
est, d’une part, due à la situation économique précaire des familles. Souvent,
l’argent ne suffit que pour un repas par jour. Le mariage d’une fille signifie
une bouche de
moins à nourrir. Par ailleurs, les parents sont convaincus – à tort – de
protéger ainsi leurs filles de la violence, largement répandue dans le camp –
car
elles ont
désormais un mari qui veille sur elles. Or, c’est exactement le contraire qui
se produit: de nombreuses jeunes filles ayant été mariées très jeunes sont
victimes de violence sexuelle dans le cadre de leur mariage – cela peut aller
jusqu’au viol –, et tombent par conséquent enceintes beaucoup trop tôt. Leur corps
n’est pas suffisamment formé pour une grossesse, les conséquences sur la santé
de la mère et de l’enfant peuvent être fatales. La plupart de ces jeunes filles
interrompent en outre leur scolarité pour s’occuper du mari, du ménage et des
enfants. Elles se retrouvent so-
cialement
isolées et risquent la dépression ou d’autres séquelles psychiques sur le long
terme.Au camp de Za’atari – et bien au-delà –, Save the Children organise de nombreux
programmes d’activités pour les enfants syriens et leurs familles. Ils com-
prennent
notamment des campagnes de sensibilisation et d’éducation visant à empêcher les
mariages pré-coces. Depuis le début du conflit en Syrie, nous avons
pu aider 5,3
millions de personnes, dont 760 000 en Jordanie. Sur la double page suivante,
vous en appren-drez plus sur l’aide que nous fournissons concrètement.
Nous vous
expliquons aussi comment l’un des plus vastes camps de réfugiés du monde fonctionne.
Save the
Children, Office fédéral de la statistique, UNHCR
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