ENLEVEMENTS D’ENFANTS (I) : LES CRIMES RITUELS NE FONT PAS GAGNER UNE ELECTION



Les sociologues, politologues et  autres spécialistes en stratégies politiques sont formels sur la question. Le fétichisme en politique et autres crimes rituels ne peuvent aucunement permettre à un homme politique de gagner une élection. Ils sont unanimes à expliquer qu’une élection se gagne grâce à une bonne préparation et une stratégie de campagne qui impose une maîtrise parfaite du terrain que l’on veut conquérir que l’on s’entourer des pions essentiels. 

« Il ne faut pas attendre à quelques jours des échéances électorales pour se faire connaître  dans la région où on entend briguer un poste et espérer gagner », soutient  Kouassi Robert, un responsable local d’un grand parti politique dans la région du N’zi-Comoé. Avant d’expliquer que c’est un travail de longue haleine.

La soixantaine révolue, M. Kouassi sait de quoi il parle. Il a participé à toutes les campagnes électorales des candidats de son parti dans la  région. Selon lui, pour gagner, le candidat doit être proche des populations. « Dans les moments de joie comme de malheurs, il faut qu’elles sentent votre présence », soutient-il.

Avant de préciser que les futures candidats aux différentes élections (présidentielle, conseils généraux, députation et municipales) doivent prendre en compte le fait qu’en zone rurale, les populations se méfient de plus en plus des politiciens et des promesses non tenues. Qu’ils assimilent dans leur grande majorité à de la tromperie.

Définition sociologique de la politique
Selon les sociologues, le mot politique, incorporé dans les langues autochtones africaines et ivoiriennes, signifie mensonge. Ainsi « faire la politique à quelqu’un », c’est le berner, le tromper, comme à l’occasion des campagnes électorales.

Ce point de vue est partagé par M. Koné Inza, un enseignant à la retraite à Dimbokro. Pour lui, ceux qui font « le travail politique », sont considérés comme des menteurs ou des trompeurs professionnels.

Un ancien candidat malheureux à un poste de député dans le département de Toumodi affirme que pour espérer gagner une élection en milieu rural, il faudrait dépenser entre 60 et 100 millions de francs CFA. Compte tenu, dit-il, de l’« absence de culture politique » des électeurs donnent leurs voix aux plus offrants.

De manière générale, cette légitimation semble se faire sur la base de la croyance entretenue par les députés eux-mêmes selon laquelle ils sont des constructeurs d’écoles, de dispensaires, de routes, de ponts, etc.

C’est aussi ce que semble attester la demande populaire de cuisses de dindons et de poulets, de sacs de riz, de pagnes, de t.shirts, de casquettes, de vaisselle, de montres frappés à l’effigie du candidat, etc. pendant les élections.

Nombre de spécialistes pensent que les politiciens qui s’adonnent au fétichisme et autres pratiques occultes en période électorale gagneraient à se tourner vers la ‘’consultance politique” pour préparer leur victoire.

En effet, pour ces spécialistes, c’est une science exacte qui fait partie des piliers qui consolident les démocraties occidentales. Elle peut très bien faire ses preuves en Afrique et précisément en Côte d’Ivoire.

En tout cas, c’est la conviction de M. Arsène Dogba du « cabinet Memel-Fotê ». Il ne comprend pas pourquoi le continent noir traîne encore les pas pour épouser cette institution et sa méthode de persuasion des électeurs. Alors que les politiciens dépensent énormément dans des secteurs en pure perte.

Consultance politique
Pour lui, il n’est plus question de compter sur le bourrage des urnes, les achats de conscience, l’utilisation du bétail électoral, la fraude sur l’identité, les sacrifices humains, les fétiches, etc.

Il a fait remarquer qu’avec, entre autres, une liste électorale fiable, une sécurisation des élections avec l’aide de la communauté internationale et un financements des partis politiques sur fonds publics, les candidats n’auront que leurs produits et les techniques pour les vendre à la majorité des électeurs pour espérer gagner les élections.

Les spécialistes estiment que généralement l’écart entre le vainqueur et le vaincu pendant les élections est souvent réduit. De sorte que la question majeure pour les principaux candidats est de savoir comment gagner ces voix qui vont faire la différence. Faut-il rassembler en priorité ses partisans ou aller chercher les électeurs chez les indécis, voire dans le camp adverse ?

Pour les experts en consultation politique, leur science peut aider à apporter des  réponses à ces questions de façon concrète.
En effet, la consultance politique se fait en deux parties : «Une partie dite invisible au cours de laquelle sont recueillies les informations nécessaires pour définir les stratégies. Et, l’autre partie, cette fois visible, qui est le marketing politique au cours de laquelle sont mises en application les stratégies définies».

Selon Arsène Dogba, « le marketing politique fait usage de l’ensemble des moyens technologiques de communication disponibles (radio, télévision, téléphone, journaux, Internet…) pour vendre un candidat, des idées, un pays ou défendre une cause».

Ainsi, pour un candidat qui est crédité d’à-peu-près la moitié des suffrages, la question est de savoir comment faire pour que cet « à-peu-près » devienne « un peu plus » plutôt que « un peu moins ».

Il est admis qu’une élection se gagne au centre : c’est là que se trouvent les électeurs indécis, ceux qui peuvent basculer d’un côté comme de l’autre. « Il est inutile de chercher à rallier un électeur qui se trouve au cœur du camp d’en face, il y a très peu de chances qu’il soit sensible à vos arguments », conseillent les spécialistes en consultance politique.

Avant de souligner qu’à force de chercher à gagner au centre les personnes qui hésitent entre les deux camps, on peut oublier qu’il existe aussi (et de plus en plus) des indécis qui hésitent entre voter pour leur camp et ne pas voter du tout. Quand les abstentions deviennent massives, il peut être plus utile de rassembler ses partisans en se positionnant franchement à gauche ou à droite que de gagner les indécis en se positionnant au centre.

C’est pourquoi, il faut aussi insister sur la tactique qui consiste à transformer les sympathisants en votants en les amenant à se faire inscrire sur les listes électorales. « Sinon vous allez vous mordre les doigts à la proclamation des résultats », soutient Arsène Dogba.

Aux leaders politiques africains et par ricochet ivoiriens, il explique que les temps ont changé. Pour lui,  « l’organisation des élections en Côte d’Ivoire est en pleine révolution». C’est pourquoi il les invite à prendre en compte « cette nouvelle donne. Puisqu’elle bannit totalement toute idée de fraude électorale et offre par conséquent, aux leaders politiques les mêmes chances dans la compétition électorale».
Théodore Kouadio


CES PRATIQUES MOYENÂGEUSES
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le fétichisme et les crimes rituels en politique sont des pratiques néfastes qui doivent être combattues. Mais comment mettre définitivement fin à ces pratiques moyenâgeuses ?

Il est temps que les Africains et les Ivoiriens comprennent que la politique est un métier. Et en tant que tel, il faut bien l’apprendre ou, au besoin, s’assurer les services de personnes ou structures outillées en la matière. D’où la nécessité de s’intéresser à la  consultance politique.

Si pour pénétrer un marché ou étudier le comportement d’un produit les entreprises ont recours aux cabinets d’études marketing, mais pourquoi les politiciens n’adoptent-ils pas la même démarche ? Surtout qu’en Afrique, nombre d’opérateurs économiques sont également des politiciens.

En tout cas, de grands cabinets de marketing existent dans plusieurs grandes capitales africaines notamment à Abidjan. Ils pourront ainsi proposer aux futurs candidats aux élections générales des stratégies de campagne qui leurs permettraient de gagner. Et ce, après un travail scientifique préalablement effectué sur le terrain pour étudier la popularité des candidats, les attentes des populations, etc.

Dans la lutte contre ces pratiques, il faut une implication des forces vives. Par le biais de campagnes de sensibilisation et de dénonciation.
Les organisations non gouvernementales travaillant dans le domaine de la protection de l’enfant et des droits de l’homme gagneraient à porter ce combat en harmonisant leurs actions et stratégies sur le terrain.

Mais bien avant cela, le pouvoir public ivoirien doit prendre des mesures énergiques. Surtout en renforçant l’arsenal juridique existant en la matière. Et non faire des déclarations qui restent sans effet.

Il ne faudrait pas que l’expression de la démocratie à travers les différentes élections crée la psychose chez les populations dans les pays du continent notamment  en Côte d’Ivoire.

 http://fratmat.info/focus/enquete/ii-enl%C3%A8vements-d%E2%80%99enfants-les-crimes-rituels-ne-font-pas-gagner-une-%C3%A9lection

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