"MALFORMATIONS CONGENITALES": CES PREJUGES QUI "DIABOLISENT" LES ENFANTS
Certaines
communautés ivoiriennes continuent à ce jour d’exclure les enfants qui naissent
avec des anomalies. Il s’agit de l’interdiction de voir un nourrisson marcher
avant l’éruption dentaire, l’acceptation d’un bébé qui naît avec des
malformations etc. Ce qui apparaît aux yeux de cette tradition ivoirienne comme
un dysfonctionnement dans le processus de développement du nouveau-né, est-il scientifiquement
fondé ?
Les images de ‘’sorcier’’, ‘’anormaux’’ qu’on leur
colle peuvent – elles induire des troubles de comportements chez ces
enfants dans l’avenir ? En d’autres termes, la difficile intégration de
certains jeunes de cette catégorie dans la société est-elle le fait de ces
pratiques culturelles ?
Eric est un nourrisson de 10 mois. Depuis quelques jours,
il essaie de se tenir debout tout seul. Le bambin s’accroche à tout
support à sa portée, pour se hisser du haut de ses moins de 75 cm (un bébé
mesure 50 cm à la naissance, 75 cm à 1 an). Il tente même de faire quelques
pas. Mais, voilà que cette situation qui, normalement devait faire plaisir à
toute maman, inquiète plutôt la mère de l’enfant, dame Yao Agnès.
C’est que, son bébé, apparemment en très bonne santé, n’a
pas encore de dents dans la bouche à cet âge ; alors que celui-ci marchera très
bientôt.
Dans sa communauté, cette situation est inadmissible. «C’est même un sacrilège. Chez nous, un enfant qui marche sans avoir ses premières dents est taxé de sorcier», relève, anxieuse, cette jeune dame, pourtant institutrice (une intellectuelle donc) dans un village de la sous-préfecture de Dimbokro.
Anne, elle, a 6 ans. Elle vit aujourd’hui avec sa mère à
Abidjan. À sa naissance, sa mère était encore étudiante. La jeune nourrice a
donc dû confier sa fillette de 6 mois à sa mère au village. Le temps pour elle
de terminer ses études. Et, voilà qu’à 9 mois la fillette a commencé à faire
ses premiers pas.
Craignant les regards inquisiteurs de la communauté
villageoise et le rejet de sa petite-fille, la grand-mère décide alors de faire
apparaître les premières dents de sa petite-fille en usant de procédés
contre-nature. Ainsi, elle prend attache avec une de ses sœurs, "spécialisée"
en la matière.
La quinquagénaire fait asseoir la fillette sur les jambes
de sa grand-mère. La gamine est maintenue, de force, dans cette position par
deux autres dames approximativement du même âge que la quinquagénaire.
Ahoutou Bertin, l’oncle raconte que la première a la
charge d’immobiliser les membres de la gamine. Tandis que la deuxième, elle,
maintient la bouche de la petite grandement ouverte. De sorte à faciliter la
tâche à la ‘’spécialiste’’ chargée de frotter la gencive de la gamine.
Munie d’une feuille à surface râpeuse cueillie la veille,
cette dernière se met à frotter, avec force précision, la gencive dégarnie de
l’infortunée enfant. Sans se laisser émouvoir, ni par les pleurs, ni par les
lamentations, ni même par la vue du sang qui s’écoule, doucement, de la bouche
de la fillette.
De fait, l’"odontostomatologiste"
traditionnel a frotté la gencive du bébé jusqu’à ce que le bout de la dent
apparaisse. «La fillette a eu la bouche littéralement en feu.
Elle a mis plus d’une semaine avant d’accepter de prendre correctement ses repas quotidiens. Elle pleurait et bavait tout le temps. La gamine a fait, par la suite, une forte fièvre les trois premiers jours et a perdu du poids», révèle l’oncle. Qui, visiblement, n’a pas approuvé l’acte posé par ses tantes.
Elle a mis plus d’une semaine avant d’accepter de prendre correctement ses repas quotidiens. Elle pleurait et bavait tout le temps. La gamine a fait, par la suite, une forte fièvre les trois premiers jours et a perdu du poids», révèle l’oncle. Qui, visiblement, n’a pas approuvé l’acte posé par ses tantes.
Cependant, il avoue n’avoir pas osé défier ces dernières,
au risque de se mettre toute la communauté villageoise à dos. L’acte posé par
ces femmes, au lieu de soulever un sentiment d’indignation dans le reste de la
famille a plutôt été salué. Car selon le chef de famille, ces quinquagénaires
venaient ainsi d’écarter le malheur de la famille. Ahoutou Bertin rapporte que
la fillette a été tellement traumatisée par ce supplice, que jusqu’à ce jour,
elle court chercher refuge lorsqu’elle aperçoit, ces tortionnaires de
grand-mères.
M. Michel N’cho, cadre dans une entreprise de la place,
lui, se souvient toujours du calvaire qu’il a enduré au cours de son enfance à
son adolescence à Bouaké. Il explique qu’il est né avec…deux dents dans la
bouche. Une particularité, une anomalie (?) qui lui a valu d’être recueilli à
l’âge de 3 mois par une tante éloignée. Tout simplement parce que personne ne
voulait de lui au village.
Ni sa génitrice, ni les autres membres de la famille
proche. «J’étais non seulement marginalisé par mes parents, mais aussi par les
jeunes qui avaient le même âge que moi. Personne ne voulait m’approcher. Ceux
qui osaient étaient rappelés à l’ordre par leurs parents, sous prétexte que
j’étais un sorcier et que j’allais attirer sur eux tous des malheurs».
Ces différents cas de figure posent en fait le problème
des enfants considérés comme ‘’mal-nés’’ dans plusieurs sociétés
traditionnelles ivoiriennes.
Sauts d’obstacles
En effet, dans la plupart des cultures traditionnelles ivoiriennes, la naissance d’un bébé requiert, pour la mère, de satisfaire à toute une série d’épreuves.
Sauts d’obstacles
En effet, dans la plupart des cultures traditionnelles ivoiriennes, la naissance d’un bébé requiert, pour la mère, de satisfaire à toute une série d’épreuves.
Ainsi en pays Akan, une jeune fille n’a pas le droit de
donner naissance à un enfant tant qu’elle n’a pas sacrifié au rituel de passage
de l’adolescence à la femme en âge de procréer. En plus de cela, dans certains
sous groupe du peuple Akan, comme chez les Agni Sanwi du sud-est, et chez les
N’zema de Grand Bassam et d’Assinie dans le Sud lagunaire, les dixièmes enfants
ne sont pas admis dans le cercle familial.
Même quand l’enfant est né dans des conditions que la
coutume qualifie de ‘’bonne’’. Mais qui, pour elle, présente des
particularités. Comme, par exemple, naître avec une dent dans la bouche,
marcher avant d’avoir des dents, venir avec des malformations etc. Dans ces
différents cas, l’enfant est considéré comme ‘’mal né’’.
Anne-Marie, une sage femme qui a servi dans un village de
la sous-préfecture de Bondoukou, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, raconte
qu’elle a accouché une femme Abron dont le bébé est venu au monde avec une
dent.
Anne-Marie raconte que la nouvelle s’est très vite
répandue, comme une traînée de poudre, dans le village. La jeune mère, qui
n’était pas, pour autant, à son premier accouchement, et son bébé ont été
ignorés, tout simplement.
En tout cas, si l’on en croit la sage-femme, personne
n’est venue, comme de coutume, adresser ses félicitations à la nouvelle
accouchée et son nouveau-né. Et ce, malgré des explications données par l’agent
de santé pour tenter de faire comprendre à tout le village que cette naissance
n’avait rien d’anormal. Anne-Marie n’avait, visiblement, convaincu aucun
villageois. Puisque la jeune mère a continué d’être mise en quarantaine.
Selon les anciens, le danger que représente un enfant
‘’mal né’’ pour la société est tel qu’il n’est pas admissible de le
laisser grandir au sein de la famille.
«Par le seul fait d’exister, il menace la survie du lignage dont il est issu, et par-là même, la survie de toute la communauté. Il peut tuer ses parents », soutient le vieux Kouakou Fri de Gouméré.
Son ami, un autre octogénaire, Kouassi Abenan, insiste,
lui, sur le fait qu’un tel enfant incarne le malheur. Ainsi, il incombe aux
anciens de trouver des solutions afin d’écarter la menace qui pèse sur ses
parents et la société au sein de laquelle il a vu le jour. « Dans les temps
anciens il était purement et simplement ‘’accompagné’ vers…l’au-delà.
C’est-à-dire, de l’endroit d’où il est venu et d’où il n’aurait jamais dû
sortir.
En clair, il était purement et simplement éliminé », relève le vieux
Kouassi Abenan. Avant d’insister sur le fait que « de nos jours, ces enfants
sont donnés à d’autres peuples qui, eux, ne partagent pas la même culture que
nous. Mais, nos enfants qui sont en ville font aujourd’hui fi de ces coutumes »
déclare avec amertume le vieux Kouassi Abenan.
Pour lui, nombre de nos malheurs actuels, sont liés au
non respect de ces pratiques culturelles. Qui, naguère, ont été le socle de
l’équilibre communautaire. «C’est pour cela aussi que, de nos jours, les foyers
ne tiennent plus assez longtemps, c’est pour cela que les gens meurent jeunes
etc. », soutient-il.
La marque d’une anormalité
Une étude de l’anthropologue française, Catherine Le Grand-Sébille sur les pratiques rituelles de certaines communautés de l’Afrique de l’ouest, sous le titre ‘’L’Esprit du Temps. Études sur la mort 2001/1 - N° 119’’, aborde aussi cette problématique qui a toujours cours dans certaines familles, même en zone urbaine.
La marque d’une anormalité
Une étude de l’anthropologue française, Catherine Le Grand-Sébille sur les pratiques rituelles de certaines communautés de l’Afrique de l’ouest, sous le titre ‘’L’Esprit du Temps. Études sur la mort 2001/1 - N° 119’’, aborde aussi cette problématique qui a toujours cours dans certaines familles, même en zone urbaine.
Selon les travaux de Catherine Le Grand-Sébille, certains critères constituaient la marque d’une anormalité rédhibitoire pour l’acceptation de celui-ci parmi les membres du groupe. C’est là que l’on dit que l’enfant est «mal né».
Selon toujours Le Grand-Sébille, ces signes sont assez
nombreux. Ainsi, sont considérés comme «mal nés», les enfants qui naissent
porteurs d’une anormalité physique telle que la trisomie ou mongolisme (
maladie congénitale se manifestant par un physique typique et une arriération
mentale), déformation ou malposition des membres, bec-de-lièvre, etc.
D’autres anomalies comme la naissance prématurée ou avec
des dents ou en occipito-sacré --visage tourné vers le ciel-- ou en tombant la
poitrine contre terre sont entre autres, selon la tradition, également la
marque des enfants "mal nés". ‘’ Tous ces signes prouvaient que
l’être qui vient d’arriver n’est pas celui qu’on attendait: au lieu d’être un
ancêtre connu, il est un esprit maléfique qui s’est servi de l’enveloppe
charnelle du nouveau-né pour venir nuire à sa famille, et il représente un
danger pour toute la communauté’’, indique le document.
Ainsi, l’élimination d’un tel enfant, n’est donc pas
considérée par eux comme un meurtre. Il s’agit simplement de «réparer» une
erreur. Car cet être qui n’a d’humain que l’apparence. «Ceci permettait
également à l’enfant de revenir sous de meilleurs auspices lors d’une prochaine
grossesse de sa mère ou d’une autre femme de la famille», souligne l’ethnologue,
en référence aux croyances des peuples étudiés.
Et de poursuivre en disant que
nouveau-né étant l’incarnation d’un être de l’au-delà, il hérite des principes
spirituels d’un défunt, ancêtre du lignage, et sa naissance, plutôt qu’une
nouveauté, concrétise le passage de cet ancêtre du monde des esprits vers celui
des vivants.
L’élimination en elle-même se déroulait sans témoins, par
noyade, par étouffement ou empoisonnement. Parfois, l’enfant est simplement
abandonné en brousse, rapporte l’ethnologue. Une naissance aussi
"honteuse" que celle d’un enfant "mal né" ne se clame pas
sur la place publique, dans ces sociétés où les proverbes affirment que: «la
mort est préférable à la honte». Tout était donc fait pour que l’enfant reparte
aussi vite qu’il est venu, et aussi discrètement que possible.
Bannis par leurs familles, ils se rebellent contre la
société
Avec l’évolution et la modernisation qui pénètrent de
plus en plus le monde rural, l’élimination physique et presque systématique des
enfants considérés comme ‘’mal-nés ‘’ tend à disparaître.
Néanmoins, il reste que ces pratiques d’un autre âge
continuent d’avoir des effets pervers sur le développement harmonieux des
enfants qui ont échappé à cette sentence de la tradition. Ainsi, les préjugés
qui en découlent ne continuent pas moins de nuire à l’équilibre familial
et même de la communauté villageoise.
Au niveau des enfants, outre les violences physiques, les "poussées dentaires forcées", les bastonnades régulières etc. qu’ils subissent, ils doivent faire face à des traumatismes psychologiques ; qui parfois les accompagnent toute leur vie.
En tout cas, l’enfant est mis, très tôt, au ban de sa
communauté parce que né différemment des autres membres de sa famille. Il
doit, de ce fait, soit souffrir de l’intolérance de tout son entourage, soit se
résoudre à aller vivre là où il n’est pas mis à l’index, tout le temps. Il lui
arrive même, tout simplement, de se rebeller contre la société et de poser des
actes répréhensibles.
«Moi, je ne me sentais pas du tout à l’aise dans ma
propre famille. Parce que mes parents me taxaient d’être un sorcier.
Lorsqu’il y avait un problème, c’était toujours vers moi qu’on pointait un
doigt accusateur. J’ai donc dû, malgré moi, abandonner ma famille, pour vivre
dans la rue où je me sens plus protégé», relève Laurent, 17 ans.
Ceux qui ne sont pas suffisamment armés psychologiquement
pour fuir la communauté ou l’affronter sombrent dans la déprime. Ou alors, se
réfugient dans les stupéfiants et autres formes de drogue.
Le Pr. Amani N’Goran, médecin-chef adjoint à l’Hôpital
psychiatrique de Bingerville explique que les accusations de sorciers et autres
pressions subies par ces enfants « mal-nés » peuvent aller jusqu’à provoquer
des troubles mentaux.
Le praticien indique qu’il lui est arrivé de traiter
plusieurs cas de personnes qui ont déprimé, parce qu’elles n’arrivaient pas à
comprendre qu’elles ne soient pas acceptées par leur propre famille et la
société, rien qu’à cause de ces pratiques culturelles surannées.
Le Pr. Amani N’Goran en veut pour preuve le cas de cette
femme, 10e enfant, d’une famille N’Zema. L’enfant "mal-né" qu’elle
était a été recueillie par une femme d’une autre ethnie.
Devenue jeune femme, elle mettra tout en œuvre pour
retrouver sa génitrice. Mais, cette jeune femme sera très vite déçue, voire
choquée. Parce qu’elle ne pourra pas intégrer sa famille naturelle. Sa mère et
les anciens de la famille y étant vivement opposés.
Ne pouvant ni accepter, ni supporter, voire discuter de
cette situation avec sa mère adoptive, celle-là même qui a tout fait pour elle,
la jeune dame a déprimé. Au point qu’elle a dû suivre un traitement auprès d’un
psychiatre.
Il arrive aussi que ces pratiques culturelles provoquent
des séparations de couples et aboutissent tout naturellement à la division des
enfants.
En tout cas, lorsqu’une mère refuse de se séparer de son enfant "mal-né", la communauté tout entière considère ce geste comme une insubordination à la coutume. Dans ce cas, c’est très souvent que le mari, soutenu par ses parents, se sépare de celle-ci. De gré ou de force.
En tout cas, lorsqu’une mère refuse de se séparer de son enfant "mal-né", la communauté tout entière considère ce geste comme une insubordination à la coutume. Dans ce cas, c’est très souvent que le mari, soutenu par ses parents, se sépare de celle-ci. De gré ou de force.
Selon la tradition, il s’agit, à travers cette
séparation, d’éviter que le malheur ne s’abatte sur le village ou la
communauté. Dans d’autres cas, la mère et son nourrisson ou tout le couple
soient excommuniés par le village.
Naître avec des anomalies et être Normal
Et pourtant, certaines de ces anomalies ont des explications scientifiques.
Selon le Dr Kassi Hermance, médecin-pédiatre, certains cas constatés sur le nourrisson à la naissance ont des explications tout à fait naturelles. «On observe que certains enfants naissent avec une dent. Cela n’est autre chose qu’une éruption précoce de la dent », relève-t-elle. Avant de souligner que deux causes principales peuvent expliquer cette «anomalie».
Naître avec des anomalies et être Normal
Et pourtant, certaines de ces anomalies ont des explications scientifiques.
Selon le Dr Kassi Hermance, médecin-pédiatre, certains cas constatés sur le nourrisson à la naissance ont des explications tout à fait naturelles. «On observe que certains enfants naissent avec une dent. Cela n’est autre chose qu’une éruption précoce de la dent », relève-t-elle. Avant de souligner que deux causes principales peuvent expliquer cette «anomalie».
Cette situation est souvent due, a-t-elle dit, au fait
que soit la mère, soit le père ou les deux ont des prédispositions à avoir des
dents précoces. Mais, celles-ci ne se sont pas révélées à leur naissance. Leur
enfant peut en hériter.
L’autre explication, selon Dr Kassi, «ce sont des
désordres génétiques ». Avant d’indiquer qu’au cours de l’odontogenèse --la
formation de la dent débute au cours de la grossesse, vers la 6e et la 7e
semaine de la vie intra-utérine. Cela s’appelle l’odontogenèse-- qui intervient
au moment de la conception. Il y a un assemblage des deux patrimoines
génétiques des parents (père et mère). C’est ce patrimoine génétique qui
va déterminer toute la formation de l’enfant.
La pédiatre explique que ces bourgeons peuvent
chuter ou persister après la naissance. En clair, les autres dents vont
pousser normalement. De sorte que toute la denture de l’enfant va commencer à
chuter normalement à partir de 6 ans (voire encadré l’éruption dentaire). «J’ai
suivi personnellement un bébé qui est né avec un bourgeon dans la bouche. Il se
porte aujourd’hui très bien et évolue normalement », commente la pédiatre.
Son collègue, Dr Kouadio Daniel, spécialisé dans la
chirurgie infantile, soutient que certaines infections pendant la grossesse
peuvent provoquer des malformations des enfants et retarder quelquefois leur
croissance. Il précise, cependant que certaines de ces anomalies peuvent être
corrigées à la naissance grâce à la chirurgie. Il s’agit des enfants qui
naissent avec des becs-de-lièvre, sans orifice anal, etc. «Une chirurgie
réparatrice permet de corriger ces anomalies chez le bébé », relève-t-il.
Les Drs. Kouadio et Kassi, comme nombre de scientifiques,
affirment que ces bébés qui naissent avec quelques anomalies sont normaux. Pour
ces praticiens, les familles ne conçoivent pas les personnes qui sortent de la
norme. Et pourtant ! Tout le monde n’a pas le même développement.
Théodore Kouadio
theodore.kouadio@fratmat.info
Théodore Kouadio
theodore.kouadio@fratmat.info
L’ÉRUPTION DENTAIRE
La formation de
la dent débute au cours de la grossesse, vers la 6e et la 7e semaine de la vie
intra-utérine. C'est-à-dire au tout début de la grossesse. Toutefois, même
après la naissance, cela continue.
À partir du 6e mois après la naissance, l’éruption dentaire va débuter. De sorte que chaque 6 mois, un groupe de dents va se mettre en place. Ainsi on aura de 6 à 12 mois, les incisives (centrales et latérales). De 12 à 18 mois, les premières molaires de lait. De 18 à 24 mois, les canines et de 24 à 30 mois, les 2e molaires.
Ainsi à 2 ans et demi, la denture de l’enfant sera de 20 dents. Ces dents de lait vont commencer à chuter à partir de 6 ans.
Toutefois, les praticiens insistent sur le fait que les chiffres fournis plus haut ne constituent que des moyennes et que toutes sortes de variantes sont aussi ‘’ normales’’, que ce soit dans un sens de précocité ou de retard.
Selon les spécialistes, en règle générales, il n’y a pas de hiérarchie dans l’éruption des dents au niveau de l’arcade supérieure et inférieure. Elles apparaissent de façon simultanée.
En clair, les bourgeons sortent en même temps. Mais dans la pratique courante, il est observé que l’incisive supérieure pointe son bout avant l’incisive inférieure.
T.
KOUADIO
POUR UN CODE DE L’ENFANT
S’il est vrai qu’un délit de justice commis sur un enfant
est puni par la justice ivoirienne, force est de constater que la Côte d’Ivoire
ne dispose pas en la matière d’un code spécifique des droits et du bien-être de
l’enfant pour mieux le protéger.
En tout cas, pour l’administrateur chargé de la protection de l’enfance, M. Marius Krécoum de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), il faut une charte ivoirienne des droits et du bien-être de l’enfant. « Aujourd’hui, cela fait partie des perspectives sur lesquelles nous travaillons », relève-t-il.
Il tient toutefois à rappeler que la Côte d’Ivoire a déjà fait en la matière un pas important en ratifiant en 2002 la charte Africaine des droits et du bien-être de l’enfant.
Laquelle définit « l’enfant comme tout être humain âgé de moins de 18 ans ». Le document en son article 21 insiste sur le fait qu’en tant qu’être humain, le nouveau né doit être protégé contre les pratiques sociales et culturelles négatives.
Comme M. Marius Krécoum, nombre de spécialistes des droits de l’enfant pensent qu’une fois le code élaboré, cela permettra à la justice ivoirienne de mieux combattre ces pratiques qui nient à l’enfant ses droits en tant qu’être humain.
« Nos valeurs traditionnelles africaines ont très souvent tendance à assimiler l’enfant à tout sauf à un être humain. Il est considéré comme un bien, une richesse pour ses parents. Même, si cet aspect peut être interprété comme une valorisation de l’enfant, il a toutefois pour effet de lui retirer son existence comme une personne humaine », soutient l’administrateur chargé de la protection de l’enfance.
Pour lui, les gamins sont considérés comme des biens dont le propriétaire peut disposer comme il veut. De sorte que ce dernier peut porter un jugement de valeur sur son objet.
Lequel peut plaire ou pas. « Comme c’est un bien, les parents ou la communauté traditionnelle vont choisir de ne pas avoir un bien handicapé et autre », soutient M. Krécoum. Il explique que c’est ce raisonnement qui sous-tend en grande partie toutes les pratiques néfastes qui sont exercées sur les enfants.
« Si l’enfant était considéré par la tradition comme une personne, il aurait été respecté dans son individualité, dans sa spécificité », conclut M. Marius Krécoum.
T. Kouadio
http://fratmat.info/focus/enquete/malformations-congenitales-ces-prejuges-qui-diabolisent-les-enfants-1
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