ENSEIGNEMENT SUPERIEUR: LES PISTES POUR UN APB NOUVELLE FORMULE



24 Oct 2017
Les nouvelles modalités d'entrée à l'université sont encore en discussion au ministère de l'Enseignement supérieur, qui les annoncera dans quelques jours. Dans la foulée, la plateforme d'admission post-bac (APB), fera peau neuve. Quelques pistes se dessinent déjà.
- Cible de toutes les critiques
Le portail APB est souvent tenu pour responsable des couacs de l'été 2017, avec des milliers de candidats dont toutes les inscriptions ont été refusées, y compris dans les licences non sélectives lors des premières vagues de réponses début juin puis mi-juillet: des jeunes désemparés à quelques jours du baccalauréat, ou désorientés par l'absence de réponse positive alors qu'ils avaient obtenu l'examen, parfois avec mention.
La ministre Frédérique Vidal l'a répété: le système APB "est à bout de souffle". La procédure d'affectation sera "modifiée profondément" et rebaptisée car "APB rappelle trop de mauvais souvenirs", indiquait-elle en septembre.
- Tout n'est pas à jeter
Personne ne remet en cause l'intérêt d'un processus national d'affectation.
"Il est impensable d'imaginer les familles déposant des dossiers dans tous les établissements et certains bénéficier de passe-droits", estime François Germinet, président de l'université de Cergy-Pontoise.
"Il ne faut pas oublier d'où l'on vient", abonde Julien Grenet, de l'Ecole d'économie de Paris. Avant la généralisation d'APB en 2009, "nous avions un système chaotique, où les étudiants faisaient la queue des heures devant les universités et où la règle était +premiers arrivés, premiers servis+".
"Les facs parvenaient en outre difficilement à prévoir leurs effectifs de rentrée car les candidats qui avaient soumis un dossier papier à plusieurs universités n'informaient pas toujours les établissements qui les avaient acceptés mais où ils décidaient de ne pas aller", ajoute le chercheur.
Un diagnostic partagé par la Cour des Comptes et le rapport Filâtre, qui synthétise les propositions des principaux acteurs du supérieur, réunis jusqu'au 20 octobre pour réfléchir aux modalités d'entrée à l'université. Un rapport de synthèse qui servira de base à Frédérique Vidal pour annoncer ses décisions très prochainement.
- Calendrier, périmètre, transparence
Concernant le seul portail APB --quel que soit le nouveau nom qu'il portera--, le rapport Filâtre préconise de modifier le calendrier. Celui de ces dernières années, avec ses premières réponses à quelques jours du bac, est "peu acceptable", "tant il est l'occasion de stress" pour les lycéens.
Le portail doit aussi élargir son périmètre, selon ce rapport. En 2017, il proposait plus de 12.000 formations, soit 85% des offres publiques ou privées, aux diplômes reconnus par l'Etat.
Les Sciences-Po, Paris-Dauphine, nombre de formations paramédicales (dont les instituts de formation aux soins infirmiers, IFSI), des écoles d'art, écoles d'ingénieurs ou de commerce post-bac ne figurent pas sur APB, pour des raisons diverses.
Le nouveau portail devra aussi être plus transparent. Pour les filières sélectives (classes prépa, BTS, IUT etc...), "beaucoup de candidats attribuent à APB et à son algorythme" des décisions "qui relèvent en réalité des établissements recrutant sur la plateforme", note la Cour des comptes dans un rapport récent.
- Les critères
L'admission dans une licence non sélective reposait jusqu'à présent sur trois critères: priorité aux candidats de l'académie où se trouve la fac à laquelle ils postulent, rang des voeux inscrits par les postulants et, in fine, tirage au sort, que la ministre a promis de supprimer. S'y ajouteront sans doute des "prérequis" dans la mouture 2018.
Julien Grenet, tout comme la Cour des comptes, plaide pour une modification du critère du rang du voeu, qui incite les candidats à se montrer "stratégiques", à rebours de ce que préconise le portail, à savoir un classement guidé par les seules préférences du candidat.
Un jeune qui par exemple postule sur une formation sélective en voeu 1, puis sur une licence très demandée en voeu 2, risque de n'avoir ni l'un ni l'autre. Le premier choix, sélectif, peut très bien le refuser, et le deuxième l'écartera également car la filière sera déjà "complète" avec les étudiants qui l'avaient placée en tête et qui étaient donc prioritaires.
La Cour recommande donc "la confidentialité de l'ordre des voeux des candidats", pour les filières sélectives comme pour les licences.

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