KOUMASSI: ICI, ON CONSTRUIT SUR LES SERVITUDES, LES EAUX USEES INONDENT DES VOIES



dimanche, 15 octobre 2017 17:26
Connue, anciennement, sous le sobriquet de «Koumassi-Poto-poto», du fait de sa situation marécageuse, la commune est…sortie de son engourdissement. Toutefois, des difficultés existent dans certains secteurs. 
Nous sommes au grand carrefour de Koumassi qui donne sur le marché Djè Konan. C’est un bâtiment à deux niveaux. Les vendeurs et vendeuses sont aux alentours. Il y a une gare des taxis communaux communément appelés Wôrô-Wôrô. Piétons et automobilistes se disputent la voie. L’ambiance est délirante. Il est bientôt 10 heures. Le soleil darde déjà ses rayons. Nous décidons de faire un tour de la commune qui se définit comme celle «du bonheur partagé».
Nous empruntons ce grand boulevard. Direction : Cité Houphouët-Boigny, quartier Divo, zone industrielle, Sicogi 05, Prodomo, pour ne citer que ceux-là. Des rues sont dégradées ici et là. des caniveaux bouchés même devant la mairie, des voies sans issue. Retour au grand campement. Le soleil est au zénith. Nous empruntons une ruelle qui débouche sur la lagune.
Cette voie, sans caniveau, est boueuse, sale. Juste à côté de l’eau fétide qui ne coule pas, Hortense Doglo vend du riz. Hésitante, au départ, elle finit par lâcher quelques mots : «Nous avons un problème de caniveau. Le coin est sale. Je suis obligée de vendre ici pour pouvoir subvenir à mes besoins. Et cela me gêne énormément. Je souhaite que le maire arrange notre quartier», dit-elle, à haute et intelligible voix. A quelques encablures de là, une église attire notre attention.
Son nom : «Eglise évangélique, ministère des pêcheurs d’âmes». Et un peu plus loin, Ouattara Rokia, vendeuse de légumes et de poissons, attend désespérément les clients. Le visage voilé, pour éviter de se faire photographier, Rokia qui était taciturne, au départ, a fini par devenir loquace. «J’habite depuis longtemps au campement. Ici, il n’y a ni route, caniveau. Nous sommes ici à cause de la pauvreté». Le jeune Konaté Ousmane se veut formel : «Le quartier campement rime avec difficultés. Ici, les gens construisent au bord de la lagune et d’autres, sur des caniveaux. Les caniveaux étant donc fermés, l’eau entrent dans certaines maisons». 
Pour le chef central de la cité, Koffi Marcellin, «dans un campement, beaucoup de choses manquent : eau, électricité, voirie, etc. ». Convalescent, le chef central qui nous a reçus chez lui, à domicile, se répand en perpétuelles récriminations : «Nous avons également des problèmes de caniveaux. Quand il pleut, l’eau ne peut pas aller vers les caniveaux. Nous avons également un problème de route».
Visite d’autres quartiers. Sicogi, en allant à Zoé Bruno. Des garages sont sous des lignes à haute tension. Ici, l’on frôle la mort au quotidien. A Aklomiombla, l’on construit sur le remblai, à proximité de l’eau de la lagune.
A notre passage dans ce quartier, un habitant, surpris par notre présence, s’interroge : «On dit quoi ? Anne Ouloto viendra-t-elle nous déguerpir ». Notre réaction fut celle-ci : «Si vous n’avez pas respecté les critères de construction et d’urbanisation, attendez-vous au Bulldozer de la ministre Anne Ouloto». Notre interlocuteur était apparemment apeuré. Mais il feint de rire. En donnant des tapes amicales au reporter-photographe, comme s’ils se connaissaient auparavant.
Rues dégradées, branchements anarchiques
Cap sur le quartier Divo. Des femmes et hommes rencontrés çà et là, ont exprimé les mêmes sentiments : «Messieurs les journalistes, vous-mêmes vous voyez que nos rues sont, en grande partie, dégradées et inondées». Toujours dans ce même quartier, il nous a été donné de constater que la rue qui mène à l’hôtel Granite est inondée. C’est avec mille et une difficultés que les véhicules passent par-là, en temps de pluie. Le nôtre en a fait les frais.
Le président de la Fédération des associations des jeunes de Koumassi, Arsène Kouamé, reconnait que dans certaines zones, la commune souffre depuis quelque temps, d’un problème d’assainissement. «Des gens font des branchements anarchiques sur des canaux d’évacuation prévus pour les eaux de pluie. Ces branchements anarchiques ont causé du tort parce qu’on se rend compte que ce sont toutes les eaux usées de ces ménages qui sont déversées dans les canaux qui ne sont pas appropriés. Conséquence : le ruissellement effrite les voies», lance-t-il, à la cantonade.
Toutefois, Arsène Kouamé se félicite du fait qu’aujourd’hui, de gros efforts sont en train d’être faits pour sensibiliser les populations à éviter de brancher leurs regards aux caniveaux. Au niveau de l’assainissement, selon lui, la mairie fait ce qu’elle peut, mais il appartient aux populations d’avoir un comportement éco-citoyen. En évitant les gestes qui ne sont pas recommandés. «Avant, on parlait de Koumassi Poto-Poto, mais aujourd’hui, la commune se porte assez bien», dit-il.
Les populations accusées
La présidente de la Fédération des associations féminines de Koumassi, Kouakou Aya Thérèse, donne son avis : «Koumassi est une bonne et belle cité. Mais ce sont les populations qui créent problème. Avant, un gros camion ramassait les ordures. Aujourd’hui, les populations déversent, depuis leurs maisons, leurs eaux usées et ordures ménagères à travers des tuyaux qu’elles communiquent directement aux caniveaux. Ceux-ci étant bouchés, l’eau stagne sur la voie et la dégrade progressivement ». Elle se veut explicite : «La commune de Koumassi était propre. Mais les populations l’ont rendue sale. C’est pourquoi nous avons des problèmes d’assainissement et de voirie».
Au secours de la zone industrielle
Koumassi a sa zone industrielle. Son accès est peu ou prou difficile. Tant la voie qui y mène est défectueuse, par endroits. En son sein, des menuisiers sont à la tâche. Un ballet de containers passe et repasse. Outre la poussière, l’on respire, aussi, dans cette zone, la fumée qui émane des usines. Ici, on fabrique des pneus, roues et jantes de brouettes. Des chaussures, des roulotes de machines aussi. Tout cela à base de caoutchouc.
Ousmane Ouattara, directeur général d’une société de transformation de l’hévéa, exprime son amertume : «Il faut que les autorités prennent en compte l’accès à la zone industrielle. La zone est abandonnée depuis plus de cinq ans. Quand il pleut, la zone est inondée. Il ne faut pas laisser les industriels dans les mains des gérants des communes. Que la Chambre de commerce et d’industrie gère ce volet».  Des travailleurs de la zone industrielle ont abondé dans son sens.
EMMANUEL KOUASSI

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