ZONE EURO : LA BCE REDUIT SES SOUTIENS A L’ECONOMIE
L’institut de Francfort est plus pessimiste sur la croissance européenne.
Il a néanmoins jeudi confirmé la fin de ses rachats de dettes publiques et
privées.
La page est
tournée. Jeudi 13 décembre, la Banque centrale européenne (BCE) a confirmé
qu’elle interromprait ses rachats nets de dettes publiques et privées (le quantitative
easing, en anglais, ou QE), destinés à soutenir l’économie, à la fin du
mois. Cette décision était attendue depuis juin. Elle n’en reste pas moins
historique : depuis mars 2015, l’institution a racheté pour plus de
2 500 milliards d’euros d’obligations. Un montant colossal pour un
programme qui, depuis son lancement, n’a cessé de soulever les critiques quant
à ses possibles effets secondaires.
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Qu’importe :
selon Mario Draghi, le président de la Banque centrale, la zone euro est
désormais suffisamment solide pour s’en passer. Et ce, même si les derniers
indicateurs économiques suggèrent « une dynamique de croissance plus
faible qu’auparavant ». La BCE reste donc confiante… Mais se montre
plus prudente. De fait, elle a révisé ses prévisions à la baisse : elle
table désormais sur une croissance de 1,9 % cette année et de 1,7 %
en 2019, contre respectivement 2 % et 1,8 % estimés
précédemment.
La politique de la BCE restera accommodante longtemps
encore
Au regard de ce
ralentissement, l’institut de Francfort aurait-il dû prolonger son QE ? Ou
bien aurait-il dû l’interrompre beaucoup plus tôt, en 2017, lors du rebond
de la croissance ? Les économistes se déchirent sur la question. « Dans
tous les cas, elle a réussi à interrompre cette arme de crise sans créer de
vagues sur les marchés ou dans l’économie », observe Carsten Brzeski,
chez ING. Il y a quelques mois encore, certains prédisaient que la fin du QE
déclencherait une nouvelle crise…
Reste que la
BCE n’en a pas complètement terminé avec ce programme. Elle continuera de
racheter les obligations arrivant à échéance, de façon que le stock de dettes
qu’elle détient ne diminue pas. « Et ce, pendant encore au moins 18 à
24 mois », estime Oliver Rakau, chez Oxford Economics, dans une note
sur le sujet. Soit bien après le relèvement de son taux directeur (aujourd’hui
à zéro), qui n’interviendra pas avant la deuxième moitié de 2019.
Dit
autrement : la politique de l’institut de Francfort restera très
accommodante longtemps encore. Si le ralentissement se durcit, il pourra
toujours accorder un nouveau prêt de long terme aux banques (un TLTRO) courant
2019. D’ici là, il devrait rester attentif aux tensions internes aux pays
membres, susceptibles de heurter la croissance, notamment en Italie et en
France. Interrogé sur le mouvement des « gilets jaunes »,
M. Draghi s’est déclaré « confiant dans la capacité du
gouvernement français à faire face à ce problème de la meilleure façon
possible ». Avant d’ajouter : « Nous condamnons la
violence, mais le droit de manifester fait partie de notre démocratie. »
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