ABIDJAN: DES INDIVIDUS A MOTO ENLEVENT DES ENFANTS!



 Une situation inquiétante est en train de gagner plusieurs familles, à Abidjan la capitale économique de la Côte d’Ivoire. C’est que des rapts sont organisés par des hommes à moto.
 Leur cible, des enfants qui sont quelquefois arrachés à leurs nounous ou leurs accompagnateurs, dans la rue. D’autres stratégies sont également utilisées par ces ravisseurs, pour ôter des mômes à leurs parents. La dernière « opération » remonte au mardi 21 mars 2017, dans le quartier d’Angré, à Cocody. Dans cette commune chic, dame K. A. est en compagnie de ses deux enfants. L’un âgé de six ans est sorti de l’école, et l’autre de onze mois, est accroché à elle. 

Dans les environs du terrain de sport, à peine a-t-elle dépassé le feu tricolore que deux hommes à moto lui coupent brusquement la route. Elle n’a pas le temps de prendre des précautions, que le pilote crie « arrache vite l’enfant, on va partir ». Aussitôt, le co-pilote qui semble plus proche d’Amélie, tente d’arracher le bébé de onze mois, en le tirant par le bras. Certes tétanisée, la nourrice résiste et tient l’autre bras de l’enfant, pour empêcher le rapt. Pendant plus d’une minute, c’est un véritable « tire-tire » auquel le pauvre bébé est soumis. 

Même les pleurs de ce frêle être humain, n’émeuvent pas les ravisseurs qui tiennent à l’emporter, coûte que coûte. La mère, à bout de souffle, est sauvée par une épingle de cheveux qu’elle retire et « plante » dans l’avant-bras du co-pilote qui lâche prise. Pour éviter d’attirer les regards, c’est en trombe que les ravisseurs démarrent et se faufilent entre les véhicules, dans les ruelles, pour finalement disparaître. Encore sous le choc, Amélie explique sa mésaventure. Il lui est conseillé de se rendre dans une officine pour se procurer de quoi éviter un bobo à l’enfant qui n’arrête plus de pleurnicher. Un sirop est prescrit pour faire baisser la température de l’enfant, et un massage est conseillé. 

De là, elle se rend au commissariat de Police du 22ème arrondissement pour déposer une plainte. Si cette dame a eu de la chance, ce n’est pas le cas de dame Alima, au quartier Houphouët-Boigny de Koumassi. « Depuis deux jours, nous sommes à la recherche du petit Amidou. Il était en train de jouer avec ses camarades, et des gens à moto sont venus lui dire de monter, afin de le déposer chez son papa garagiste. Ils sont partis, et plus rien », écrase-t-elle une larme, le mercredi 22 mars 2017.
Sur le sujet: Sur les traces d'enfants enlevés et mutilés.
 
Elle nous explique qu’une fois au commissariat du quartier, on lui a dit de patienter deux jours « car l’enfant pourrait fuguer, et la version de ses camarades peut ne pas être vraie ». Une scène similaire s’est passée à Abobo , à Anador, selon Mariam Touré. « J’ai ma nièce qui n’est plus revenue de l’école confessionnelle. Là-bas, on dit qu’elle est rentrée à la maison comme les autres. L’une de ses camarades dit l’avoir vue en compagnie de deux messieurs qui étaient à moto. On a engagé un griot, depuis, plus rien. Qu’est-ce que je vais dire à sa maman qui est ma grande sœur ? Son mari et elle sont séparés, et cela me cause des problèmes. Je ne dors presque plus », s’inquiète-t-elle.

A quoi répondent ce traumatisme et cette tristesse que des inconnus veulent imposer aux familles ? Est-ce pour des sacrifices rituels ? À qui profiteraient-ils ? Des couples en conflit ont-ils engagé des ravisseurs pour régler le problème de la garde d’un enfant ? Ou des couples stériles ont-ils besoin d’enfants par des voies détournées ? Ce sont autant de préoccupations que les trois mille policiers, gendarmes, militaires engagés dans l’opération « Epervier 2 » de sécurisation d’Abidjan, devraient s’atteler à répondre, en mettant en place un plan spécial à cet effet.

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