LA MENDICITE DES ENFANTS AU SENEGAL: UNE ENTRAVE AUX DROITS FONDAMENTAUX



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Ancrés dans une certaine religiosité, les Sénégalais musulmans accordent une place importante à l’enseignement coranique pour leurs enfants. Si certains parents envoient ces derniers dans des écoles coraniques (daaras) pendant la période des vacances scolaires, d’autres optent pour un enseignement à temps plein, sous la forme d’internat.
credit: Dave Dyet https://www.flickr.com/photos/dyet/5760157193

Mais le revers de cette option est que beaucoup de ces jeunes sont convertis en mendiants par leur enseignant, appelé « sérign daara » ou marabout. L’enfant, ou talibé dans le langage sénégalais, est l’apprenant. Il est placé sous la tutelle de l’enseignant par son père. Environ 60’000 enfants talibés sont répartis dans des milliers de daaras à Dakar, selon la cartographie des écoles coraniques de Dakar (Moussa, 2014).

Ces enfants ne vont pas à l’école, sont souvent très mal habillés et certains d’entre eux ont des plaies et des maladies qui restent non soignées. Ils se nourrissent d’aliments quémandés çà et là dans différentes maisons, dorment parfois dans la rue et sont obligés de rapporter quotidiennement une somme d’argent fixée par leur marabout. Ce spectacle, d’une banalité déconcertante, bafoue pourtant les droits fondamentaux les plus élémentaires de ces enfants.

En effet, l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Enfant de 1959 stipule que « l’enfant doit bénéficier de la sécurité sociale, il doit pouvoir grandir et se développer d’une façon saine (…) l’enfant a droit à une alimentation, à un logement, à des loisirs et à des soins médicaux adéquats » (Assemblée Générale des Nations Unies). La mendicité met à mal tous ces droits, qui sont indispensables pour le développement physique et mental d’un enfant.

Une méconnaissance cruelle des droits de l’enfant
Dans toutes les sociétés du monde, l’éducation des enfants relève de la responsabilité des adultes (parents, famille, communauté et Etat). Ainsi, le Sénégal consent largement à cette charge et la reconnaît comme un droit. Dans sa Constitution de 2001, modifiée plusieurs fois, le constituant sénégalais stipule que « tous les enfants, garçons et filles, en tous lieux du territoire national, ont le droit d’accéder à l’école » (art. 22, al. 2.).
Pourtant, le phénomène de mendicité reste très présent au Sénégal et constitue une entrave à l’école, malgré l’existence d’une multitude d’écoles, publiques comme privées, destinées à satisfaire le droit à la scolarité.

Les enfants mendiants sont par ailleurs exposés à toutes formes d’atteintes à leur intégrité physique et morale (Seneweb News, 2015), sans parler des soins et d’une bonne alimentation dont ils ne peuvent jouir. Ils sont en permanence en situation de vulnérabilité (Metrodakar, 2016), en dépit de toutes les mesures étatiques prises par la Cellule d’Appui à la Protection de l’Enfance (C.A.P.E) basée à Dakar, et des initiatives sociales mises en place pour éradiquer la mendicité chez les enfants.
Une forme de traite des enfants

La mendicité est justifiée selon certaines personnes, en particulier celles qui en profitent. En effet, les petits mendiants sont envoyés dans la rue soit par leur marabout, soit par leurs parents ou gardiens. N’ayant pas les moyens de les nourrir, la pauvreté serait donc la cause première de cette situation. Ceux qui sont censés les protéger et subvenir à leurs besoins les exploitent en réalité.

La mendicité est une forme nouvelle d’esclavage humain que la société semble admettre et tolèrer au nom d’une religion en principe très protectrice des droits fondamentaux de l’être humain.
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