CONTRACEPTION D’URGENCE
Aide-mémoire N°244
Février 2018
Février 2018
Principaux
faits
·
La
contraception d’urgence (CU) permet de prévenir 95% des grossesses lorsqu’elle
est prise dans les 5 jours suivant un rapport sexuel.
·
On
peut y recourir dans les situations suivantes: rapports sexuels non protégés,
craintes d’un échec possible de la contraception, usage incorrect des
contraceptifs et agression sexuelle ou viol en l’absence de couverture
contraceptive.
·
Les
méthodes utilisées pour la contraception d’urgence sont les dispositifs
intra-utérins au cuivre (DIU) et les pilules contraceptives d’urgence (PCU).
·
Les
dispositifs intra-utérins au cuivre représentent la forme la plus efficace de
contraception d’urgence disponible.
·
Les
schémas thérapeutiques à base de pilules contraceptives d’urgence recommandés
par l’OMS sont l’acétate d’ulipristal, le lévonorgestrel ou des contraceptifs
oraux combinés (COC) associant éthinylestradiol et lévonorgestrel.
Qu’est-ce que la contraception d’urgence?
La contraception d’urgence
désigne des méthodes contraceptives utilisables pour prévenir la survenue d’une
grossesse après un rapport sexuel. Il est recommandé de mettre en œuvre ces
méthodes dans les 5 jours qui suivent ce rapport, mais plus elles sont
appliquées tôt, plus elles sont efficaces.
Mode d’action
Les pilules contraceptives
d’urgence préviennent les grossesses en empêchant ou en différant l’ovulation
et n’induisent pas d’avortement. Les dispositifs intra-utérins au cuivre
empêchent la fécondation en provoquant des modifications chimiques du sperme et
de l’ovule avant leur rencontre. La contraception d’urgence ne peut interrompre
une grossesse établie ou nuire à un embryon en développement.
Qui peut utiliser une contraception d’urgence?
Toute femme ou jeune fille en
âge de procréer peut avoir besoin d’une contraception d’urgence pour éviter une
grossesse non désirée. Il n’y a pas de contre-indication médicale absolue à l’emploi
d’une telle contraception. Il n’y a pas non plus de limite d’âge pour sa mise
en œuvre. Les critères médicaux de recevabilité pour l’usage général d’un DIU
au cuivre s’appliquent aussi à l’utilisation d’un tel dispositif à des fins de
contraception d’urgence.
Dans quelles situations la contraception
d’urgence peut elle être utilisée?
Elle peut être employée, après
un rapport sexuel, dans un certain nombre de situations, et notamment:
·
absence
de contraception;
·
dans
les cas d’agression sexuelle ou de viol, lorsque la femme n’est pas protégée
par une méthode efficace de contraception;
·
échec
ou usage défectueux de la méthode contraceptive, notamment:
o
déchirure,
glissement ou utilisation incorrecte du préservatif;
o
oubli
du contraceptif oral associé pendant 3 jours consécutifs ou plus;
o
prise
d’un contraceptif progestatif (minipilule) avec plus de 3 heures de retard sur
l’heure habituelle, ou plus de 27 heures après la pilule précédente;
o
prise
d’une pilule à base de désogestrel (dosée à 0,75 mg) avec plus de 12 heures de
retard sur l’heure habituelle, ou plus de 36 heures après la pilule précédente;
o
injection
de l’énantate de noréthistérone (EN-NET progestatif seul) avec plus de 2
semaines de retard;
o
injection
de l’acétate de médroxyprogestérone retard (AMPR-progestatif seul) avec plus de
4 semaines de retard;
o
injection
d’un contraceptif injectable combiné (CIC) avec plus de 7 jours de retard;
o
déplacement,
rupture, déchirure ou retrait trop précoce d’un diaphragme ou d’une cape
cervicale;
o
échec
de la méthode du retrait (éjaculation dans le vagin ou sur les organes génitaux
externes, par exemple);
o
comprimé
ou film spermicide non dissous avant le rapport;
o
erreur
de calcul de la période d’abstinence ou incapacité à s’abstenir ou à utiliser
une méthode barrière pendant la période de fécondité du cycle, lorsque le
couple utilise une méthode de sensibilisation à la fertilité; ou
o
expulsion
du dispositif intra-utérin (DIU) ou de l’implant hormonal contraceptif.
On peut fournir par avance aux
femmes des les pilules contraceptives d’urgence pour s’assurer qu’elles auront
ces pilules à disposition en cas de besoin et qu’elles seront en mesure de les
prendre dès que possible après un rapport non protégé.
Passage à une contraception régulière
Après avoir utilisé une pilule
contraceptive d’urgence, une femme ou une jeune fille peut reprendre ou débuter
une méthode contraceptive régulière. Si un DIU au cuivre lui a été posé en tant
que contraception d’urgence, aucune protection contraceptive supplémentaire
n’est nécessaire.
Après la prise de PCU à base de
lévonorgestrel (LNG) ou de pilules de contraceptif oral combiné (COC), une
femme ou une jeune fille peut reprendre la méthode contraceptive qu’elle
utilisait auparavant ou débuter toute autre méthode contraceptive
immédiatement, y compris le port d’un DIU.
Après la prise de PCU à base
d’acétate d’ulipristal (AUP), la femme ou la jeune fille peut reprendre ou
débuter toute méthode contraceptive faisant appel à un progestatif
(contraception hormonale combinée ou progestatif seul) le sixième jour après
cette prise. Il est possible de lui poser un DIU-LNG immédiatement s’il peut
être déterminé qu’elle n’est pas enceinte. On peut lui poser immédiatement un
DIU au cuivre.
Méthodes de contraception d’urgence
On dispose de 4 méthodes de
contraception d’urgence:
1.
pilules
à base d’acétate d’ulipristal;
2.
pilules
à base de lévonorgestrel;
3.
pilules
de contraceptif oral combiné;
4.
dispositifs
intra-utérins au cuivre.
Pilules contraceptives d’urgence (PCU) et
pilules de contraceptif oral combiné (COC)
Pour la contraception
d’urgence, l’OMS préconise l’un des médicaments suivants:
·
PCU
à base d’AUP, prise sous forme de dose unique de 30 mg;
·
PCU
à base de LNG, prise sous forme de dose unique de 1,5 mg, ou LNG pris en 2 doses
de 0,75 mg chacune, à 12 heures d’intervalle;
·
Contraceptif
oral combiné (COC), pris sous forme de doses fractionnées: une première de 100
μg d’éthinylestradiol plus 0,50 mg de LNG, puis une deuxième de 100 μg
d’éthinylestradiol plus 0,50 mg de LNG, 12 heures plus tard (méthode Yuzpe).
Efficacité
Une méta-analyse portant sur
deux études a mis en évidence que les femmes ayant utilisé des PCU à base d’AUP
subissaient un taux de grossesse de 1,2%. D’autres études ont montré que ce
taux était de 1,2 à 2,1% [1] [2] chez les femmes ayant pris des PCU à base de
LNG.
Dans l’idéal, les PCU à base
d’AUP, de LNG ou les COC devraient être pris aussitôt que possible après le
rapport non protégé, dans un délai de 120 heures au maximum. Les PCU à base
d’AUP présentent une plus grande efficacité entre 72 et 120 heures après le
rapport non protégé que les autres PCU.
Innocuité
Les effets secondaires
résultant de l’utilisation de PCU sont similaires à ceux de pilules
contraceptives orales, avec des nausées et des vomissements, des saignements
vaginaux irréguliers de faible ampleur et de la fatigue. Ils sont rares, bénins
et normalement spontanément résolutifs sans médication supplémentaire.
Si des vomissements
interviennent dans les 2 heures suivant la prise d’une dose, il faut reprendre
une dose supplémentaire. Les CPU à base de LNG ou d’AUP sont préférables aux
COC car elles provoquent moins de nausées et de vomissements. L’administration
systématique d’antiémétiques avant la prise de PCU n’est pas recommandée.
Les médicaments employés pour
la contraception d’urgence ne sont pas préjudiciables à la fécondité future. Il
n’y a pas de retard dans le retour de la fécondité après la prise de PCU.
Critères médicaux de recevabilité
Il n’y a pas de restrictions
sur le plan médical pour l’utilisation de PCU.
Certaines femmes cependant
utilisent des PCU de façon répétée pour l’une quelconque des raisons
précédemment mentionnées ou les emploient comme contraception principale. Dans
de telles situations, elles doivent recevoir des conseils supplémentaires concernant
des options contraceptives d’autre nature et plus régulières, qui seront aussi
plus appropriées et plus efficaces.
L’utilisation fréquente et
répétée de PCU peut être nocive pour les femmes atteintes d’affections entrant
dans les catégories 2, 3 ou 4 des critères médicaux de recevabilité pour la
contraception hormonale combinée ou les contraceptifs progestatifs. Le recours
fréquent à une contraception d’urgence peut entraîner des effets secondaires
accrus, comme une irrégularité des règles, même si cet usage répété ne
représente pas un risque connu pour la santé.
On a constaté que les pilules
contraceptives d’urgence étaient moins efficaces chez les femmes obèses (indice
de masse corporel supérieur à 30 kg/m2), mais ne posaient pas chez elles de
problème d’innocuité. Les femmes obèses ne devront pas se voir refuser l’accès
à une contraception d’urgence lorsqu’elles en ont besoin.
Les conseils relatifs à
l’utilisation des pilules contraceptives d’urgence devront inclure des options
de contraception régulière et des recommandations en faveur d’une utilisation
correcte des méthodes contraceptives en cas d’échec perçu dans l’usage de ces
méthodes.
Dispositifs intra-utérins au cuivre
En tant que contraception
d’urgence, l’OMS recommande de poser un DIU au cuivre dans les 5 jours suivant
un rapport non protégé. Cette méthode est particulièrement adaptée aux femmes
souhaitant débuter une méthode contraceptive durable, réversible et d’une
grande efficacité.
Efficacité
Lorsqu’il est posé dans les 120
heures suivant un rapport non protégé, un DIU au cuivre est efficace à plus de
99% dans la prévention des grossesses. C’est la forme la plus efficace de
contraception d’urgence disponible. Une fois qu’il est posé, les femmes peuvent
continuer d’utiliser ce dispositif comme méthode de contraception courante ou
choisir de passer à une autre méthode contraceptive.
Innocuité
Le DIU au cuivre est une forme
de contraception d’urgence dépourvue de risque. On estime qu’il y aurait
probablement moins de 2 cas de maladie inflammatoire pelvienne pour 1000
utilisatrices [3]. Les risques d’expulsion ou de perforation sont faibles.
Critères médicaux de recevabilité
Les critères médicaux de
recevabilité régissant l’usage général des DIU au cuivre s’appliquent aussi à
l’utilisation de ces dispositifs à des fins de contraception d’urgence. Chez
les femmes présentant une affection classée dans la catégorie 3 ou 4 de
critères MEC (ayant, par exemple une infection inflammatoire pelvienne en
cours, une septicémie puerpérale, des saignements vaginaux inexpliqués, un
cancer du col utérin ou une thrombocytopénie sévère), il ne faut pas poser de DIU
au cuivre au titre de contraception d’urgence.
En outre, un tel dispositif ne
devra pas être mis en place chez une femme venant de subir un viol ou une
agression sexuelle car elle court un risque important d’infection sexuellement
transmissible telle qu’une infection à chlamydia ou une gonorrhée. Il ne devra
pas non plus être employé comme contraception d’urgence chez une femme déjà
enceinte.
Les Critères médicaux
de recevabilité pour l’adoption et l’utilisation continue de méthodes
contraceptives indiquent que la pose d’un DIU peut accroître le risque
de maladie inflammatoire pelvienne chez les femmes atteintes d’une infection
sexuellement transmissible (IST), même si le peu d’éléments disponibles à ce
sujet laissent à penser que ce risque est faible. Les algorithmes utilisés
actuellement pour déterminer le risque d’IST ont une valeur prédictive limitée.
Ce risque varie en fonction des
comportements individuels et de la prévalence locale des IST. Par conséquent,
si l’on peut généralement mettre en place un DIU chez de nombreuses femmes
exposées à un risque d’IST, certaines, pour lesquelles le risque est très
important, ne devraient normalement pas subir la pose d’un DIU jusqu’à ce
qu’elles aient bénéficié de tests et d’un traitement appropriés.
Recommandations de l’OMS pour la délivrance de
la contraception d’urgence
Toutes les femmes et jeunes
filles exposées à un risque de grossesse non désirée ont le droit d’avoir accès
à la contraception d’urgence et les méthodes correspondantes doivent être
systématiquement intégrées à l’ensemble des programmes nationaux de
planification familiale.
En outre, la contraception
d’urgence devra faire partie des services médicaux proposés aux populations les
plus exposées à un risque de relations sexuelles non protégées, comme les soins
dispensés après une agression sexuelle ou un viol et les services destinés aux
femmes et aux jeunes filles vivant dans des situations d’urgence humanitaire.
L’OMS réaffirme son engagement
à examiner régulièrement les nouveaux éléments qui apparaissent par
l’intermédiaire de son système d’inventaire en continu des données issues de la
recherche (CIRE) et à actualiser aussi régulièrement en conséquence ses
recommandations.
·
[1]
Can we identify women at risk of pregnancy despite using emergency
contraception? Data from randomized trials of ulipristal acetate and
levonorgestrel.
Glasier A, Cameron ST, Blithe D, Scherrer B, Mathe H, Levy D, et al. Contraception. 2011 Oct;84(4):363-7. doi: 10.1016/j.contraception.2011.02.009. Epub 2011 Apr 2.
Glasier A, Cameron ST, Blithe D, Scherrer B, Mathe H, Levy D, et al. Contraception. 2011 Oct;84(4):363-7. doi: 10.1016/j.contraception.2011.02.009. Epub 2011 Apr 2.
·
[2]
Effect of BMI and body weight on pregnancy rates with LNG as emergency
contraception: analysis of four WHO HRP studies.
Festin MP, Peregoudov A, Seuc A, Kiarie J, Temmerman M. Contraception. 2017 Jan;95(1):50-54. doi: 10.1016/j.contraception.2016.08.001. Epub 2016 Aug 12.
Festin MP, Peregoudov A, Seuc A, Kiarie J, Temmerman M. Contraception. 2017 Jan;95(1):50-54. doi: 10.1016/j.contraception.2016.08.001. Epub 2016 Aug 12.
·
[3]
Family planning: a global handbook for providers 2011 Update - en anglais
Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health/Center for Communication Programs and World Health Organization
Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health/Center for Communication Programs and World Health Organization
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Courriel: mediainquiries@who.int
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