ÉPILEPSIE
Aide-mémoire
N°999
Février 2018
Février 2018
Principaux faits
·
L’épilepsie est une affection
neurologique dont on peut souffrir à n’importe quel âge.
·
Dans le monde, environ 50
millions de personnes en sont atteintes, ce qui en fait l’une des affections
neurologiques les plus fréquentes.
·
Près de 80% des personnes
souffrant d’épilepsie vivent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
·
L’épilepsie peut être traitée
dans 70% des cas environ.
·
Près des trois quarts des
personnes affectées dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ne
bénéficient pas du traitement dont elles ont besoin;
·
Les personnes atteintes et leur
famille peuvent être confrontées à la stigmatisation et à des discriminations
dans de nombreuses régions du monde.
L’épilepsie est une affection chronique du cerveau qui touche
toutes les populations du monde à tout âge. C’est l’une des affections les plus
anciennement connues de l’humanité. Elle a suscité pendant des siècles la
crainte, l’incompréhension, les discriminations et la stigmatisation sociale.
Cela continue de nos jours dans de nombreux pays et peut avoir des
répercussions sur la qualité de vie des personnes atteintes et de leur famille.
Signes et symptômes
Elle se caractérise par des crises récurrentes se manifestant par
de brefs épisodes de tremblements involontaires touchant une partie du corps
(crises partielles) ou l’ensemble du corps (crises généralisées). Elles
s’accompagnent parfois d’une perte de conscience et du contrôle de la vessie et
de l’évacuation intestinale.
Ces crises résultent de décharges électriques excessives dans un
groupe de cellules cérébrales. Ces décharges peuvent se produire dans
différentes parties du cerveau. Les crises peuvent varier en intensité, allant
de brèves pertes d’attention ou de petites secousses musculaires à des
convulsions sévères et prolongées. Leur fréquence est également variable, de
moins d’une fois par an à plusieurs fois par jour.
Une crise unique ne signe pas l’épilepsie (jusqu’à 10% de la
population mondiale en a une au cours de la vie). La maladie se définit par la
survenue d’au moins deux crises spontanées.
Les manifestations cliniques des crises sont variables et
dépendent de la localisation de la perturbation à l’origine dans le cerveau et
de sa propagation. On observe des symptômes passagers, comme une désorientation
ou une perte de conscience, et des troubles du mouvement ou des sensations
(visuelles, auditives, gustatives), ainsi que l’humeur ou les fonctions
cognitives.
Les personnes souffrant de crises ont tendance à avoir davantage
de problèmes physiques (par exemple, fractures ou hématomes dus aux crises), et
une fréquence plus élevée de troubles psychosociaux, comme l’anxiété ou la
dépression. De même, le risque de décès prématuré est jusqu’à trois fois plus
élevé chez les personnes atteintes d’épilepsie que dans la population générale;
les taux les plus élevés se trouvent dans les pays à revenu faible ou
intermédiaire et dans les zones rurales par rapport aux zones urbaines.
Une proportion importante des causes de décès liés à l’épilepsie
dans les pays à revenu faible ou intermédiaire sont potentiellement évitables
(chutes, noyades, brûlures et crises prolongées).
Fréquence de la maladie
Environ 50 millions de personnes vivent actuellement avec
l’épilepsie dans le monde. On estime que, dans la population générale, la
proportion de personnes souffrant d’épilepsie évolutive (c’est-à-dire
présentant des crises chroniques ou nécessitant un traitement) à un moment
donné se situe entre 4 et 10 pour 1000 personnes. Toutefois, certaines études
dans les pays à revenu faible ou intermédiaire suggèrent que ce chiffre est
bien plus élevé et se situerait entre 7 et 14 pour 1000 personnes. Près de 80%
des personnes atteintes d’épilepsie vivent dans des pays à revenu faible ou
intermédiaire.
À l’échelle mondiale, on estime que l’épilepsie est diagnostiquée
chez 2,4 millions de personnes chaque année. Dans les pays à revenu élevé, le
nombre annuel de nouveaux cas dans la population générale se situe entre 30 et
50 pour 100 000 personnes. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, ces
chiffres peuvent être jusqu’à 2 fois plus élevés.
Ce phénomène dans les pays à revenu faible ou intermédiaire est
vraisemblablement dû au risque accru de maladies endémiques, telles que le
paludisme ou la neurocysticercose, à l’incidence accrue des blessures liées aux
accidents de la route et aux lésions liées aux grossesses, et aux variations
des infrastructures médicales, à la disponibilité des programmes sanitaires de
prévention et à l’accès aux soins.
Causes
L’épilepsie n’est pas contagieuse. Le type le plus courant de
cette maladie, concernant six personnes atteintes sur dix, est appelé épilepsie
idiopathique; il n’y a alors pas de cause connue.
Lorsqu’on peut en déterminer la cause, on parle d’épilepsie
secondaire ou symptomatique. Les causes peuvent en être:
·
une lésion cérébrale due à des
traumatismes prénatals ou périnatals (manque d’oxygène, traumatisme à la
naissance ou faible poids de naissance);
·
des anomalies congénitales ou des
troubles génétiques s’associant à des malformations cérébrales;
·
un traumatisme grave à la tête;
·
un accident vasculaire cérébral
privant le cerveau d’oxygène;
·
un accident vasculaire cérébral
qui réduit la quantité d’oxygène dans le cerveau;
·
une infection touchant le
cerveau, comme une méningite, une encéphalite ou une neurocysticercose;
·
certains syndromes génétiques;
·
une tumeur cérébrale.
Traitement
L’épilepsie peut être facilement traitée par la prise quotidienne
de médicaments dont le coût est dérisoire (5 dollars (US $) par an. Selon des
études récentes, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les
médicaments anti épileptiques permettent de traiter avec succès jusqu’à
70% des enfants et des adultes chez qui une épilepsie vient d’être
diagnostiquée (c’est-à-dire qu’on obtient la disparition complète des crises).
De plus, au bout de 2 à 5 ans de traitement réussi et d’absence de
crises, on peut supprimer les médicaments chez environ 70% des enfants et 60%
des adultes sans rechutes ultérieures. On peut diagnostiquer et traiter la
plupart des personnes épileptiques au niveau des soins primaires sans avoir
recours à un équipement sophistiqué. La chirurgie peut être bénéfique pour les
patients ne réagissant pas aux traitements médicamenteux.
Malgrés cela, environ trois quarts des personnes atteintes
d’épilepsie dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ne reçoivent pas le
traitement dont elles ont besoin. C’est ce que l’on appelle la «lacune
thérapeutique». Parmi les raisons à l'origine de ce constat on compte:
·
Le manque total ou la forte
pénurie de personnels suffisamment formés. Selon l’Atlas de neurologie 2017 de
l’OMS, le nombre médian de neurologues dans les pays à revenu faible est de 0,1
pour 100 000 habitants, contre 7,1 pour 100 000 habitants dans les pays à
revenu élevé.
·
La faible disponibilité des
médicaments antiépileptiques. Selon une étude récente, la disponibilité moyenne
des médicaments antiépileptiques génériques dans les établissements de santé du
secteur public des pays à revenu faible ou intermédiaire est inférieure à 50 %.
·
Le coût des médicaments. La même
étude a estimé que le traitement antiépileptique au moyen des médicaments
génériques les moins coûteux revenait à l’équivalent de 2,7 et de 5,2 jours de
salaire pour les travailleurs les moins payés dans les secteurs public et
privé, respectivement.
·
L’ignorance du public et les
croyances culturelles.
Prévention
Elle est impossible pour l’épilepsie idiopathique. En revanche, on
peut prendre des mesures pour éviter les causes connues d’épilepsie secondaire.
·
La prévention des traumatismes de
la tête est le moyen le plus efficace d’éviter l’épilepsie post-traumatique.
·
La qualité des soins périnatals
permet de réduire le nombre des nouveaux cas d’épilepsie dus à des traumatismes
à la naissance.
·
Le recours à des médicaments ou à
d’autres méthodes visant à abaisser la température corporelle d’un enfant
fiévreux peut réduire le risque de crises fébriles.
·
Les infections du système nerveux
central sont des causes courantes d’épilepsie dans les régions tropicales.
L’élimination des parasites et l’éducation pour savoir comment éviter les
infections sont des moyens efficaces pour faire baisser le nombre des cas
d’épilepsie dans ces régions.
Conséquences économiques et sociales
L’épilepsie représente 0,6% de la charge mondiale de
morbidité, une mesure basée sur le temps et combinant les années de vie perdues
à cause de la mortalité prématurée et le temps vécu dans un état de santé qui
n’est pas optimal. Elle a aussi des conséquences économiques importantes en
termes de besoins de soins de santé, de décès prématurés et de perte de
productivité.
Une étude conduite en Inde en 1998 a établi que le coût par
patient du traitement antiépileptique atteignait 88,2% du produit national brut
(PNB) par habitant, et que les coûts liés à l’épilepsie (frais médicaux,
trajets et absentéisme au travail) dépassaient 2,6 milliards de dollars (US $ -
2013) par an.1
Les discriminations et la stigmatisation qui vont de pair avec
l’épilepsie dans le monde sont souvent plus difficiles à surmonter que les
crises elles-mêmes. Les personnes atteintes peuvent être victimes de préjugés.
La stigmatisation de cette maladie peut conduire ceux qui en souffrent à ne pas
chercher à traiter leurs symptômes pour éviter d’être identifiés comme
épileptiques.
Droits de la personne
Entre autres limitations, les personnes atteintes d’épilepsie ont
un accès restreint aux assurances maladies et aux assurances vie, sont
empêchées de passer le permis de conduire et rencontrent des obstacles pour
exercer certains métiers. Dans de nombreux pays, la législation témoigne encore
des siècles de méconnaissance de l’épilepsie. Ainsi:
·
En Chine et en Inde, on considère
couramment que l’épilepsie est un motif d’interdiction ou d’annulation des
mariages.
·
Au Royaume-Uni, la loi
interdisant aux personnes souffrant d’épilepsie de se marier n’a été abrogée
qu’en 1971.
·
Aux États-Unis, jusque dans les
années 1970, il était légal d’interdire aux personnes susceptibles
d’avoir des crises l’accès aux restaurants, aux théâtres, aux centres de
loisirs et aux autres bâtiments publics.
Les législations basées sur les normes reconnues au niveau
international pour les droits de l’homme permettent d’éviter les
discriminations et les violations de ces droits, d’améliorer l’accès aux
services de santé et la qualité de vie des personnes souffrant d'épilepsie.
Action de l’OMS
L’OMS et ses partenaires reconnaissent que l’épilepsie est un
grand problème de santé publique. Depuis 1997, l’OMS, la Ligue internationale
contre l’Épilepsie et le Bureau international de l’Épilepsie mènent une
campagne mondiale, «Sortir de l’ombre», pour informer, faire mieux connaître
cette maladie et renforcer les efforts des secteurs public et privé visant à en
atténuer l’impact et à améliorer les soins.
Cette initiative, ainsi que d’autres projets de l’OMS sur
l’épilepsie, a montré qu’il existe des moyens simples et rentables pour traiter
l’épilepsie dans des contextes dépourvus de ressources, réduisant ainsi
substantiellement la lacune thérapeutique. Par exemple un projet mené en Chine
a permis de réduire la lacune thérapeutique de 13% sur un an et d’améliorer
notablement l’accès aux soins pour les personnes atteintes d’épilepsie.
Dans de nombreux pays, des projets sont en cours pour réduire les
lacunes au niveau du traitement, la morbidité pour les personnes atteintes,
former et éduquer les professionnels de santé, faire disparaître la
stigmatisation, déterminer le potentiel de prévention et élaborer des modèles
intégrant la lutte contre l’épilepsie dans les systèmes locaux de santé.
En particulier, le programme de l’OMS pour réduire la lacune
thérapeutique de l’épilepsie et son programme d’action pour la santé mentale
(mhGAP) ont poursuivi cet objectif au Ghana, au Mozambique, au Myanmar et au
Viet Nam en combinant plusieurs stratégies innovantes.
Ils se sont appuyés sur le développement des compétences des
agents de soins primaires et des professionnels de santé non spécialistes au
niveau communautaire pour diagnostiquer, traiter et suivre les personnes
atteintes d’épilepsie.
Leur programme prévoyait aussi le renforcement des systèmes de
santé pour étendre l’accès durable aux médicaments antiépileptiques, renforcer
les systèmes d’orientation des malades et mieux suivre l’épilepsie avec les
systèmes d’information sanitaire. Il comportait des activités de
sensibilisation à l’épilepsie et d’appui aux malades et à leurs familles.
Reconnaissant le besoin d’améliorer l’accès aux soins de
l’épilepsie et de réduire la stigmatisation, l’Assemblée mondiale de la Santé a
adopté en 2015 la résolution WHA68.20 intitulée: Charge mondiale de
l’épilepsie et nécessité d’une action coordonnée au niveau des pays pour
influer sur ses conséquences sanitaires et sociales et sensibiliser l’opinion
publique. Dans cette résolution, les États Membres sont instamment invités
à formuler, renforcer et appliquer des politiques et législations nationales
pour promouvoir l’accès aux soins et protéger les droits des personnes
atteintes d’épilepsie. Elle souligne l’importance de former des agents de santé
non spécialisés pour combler les lacunes dans le traitement de l’épilepsie.
1Megiddo I, Colson A, Chisholm D, Dua T,
Nandi A, and Laxminarayan R (2106).Health and economic benefits of public financing of epilepsy treatment in
India: An agent-based simulation model. Epilepsia Official Journal of the
International League Against Epilepsy doi: 10.1111/epi.13294.
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs999/f
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