LA VIOLENCE A L’ENCONTRE DES ENFANTS

Aide-mémoire
Février 2018

Principaux faits

·         La violence à l’encontre des enfants couvre toutes les formes de violence subies par les personnes jusqu’à l’âge de 18 ans, qu’elles soient commises par des parents, ceux qui ont la charge d’enfants, des partenaires amoureux ou des étrangers.
·         On estime que, dans le monde, jusqu’à 1 milliard d’enfants de 2 à 17 ans ont subi des violences physiques, sexuelles, émotionnelles ou des négligences au cours de l’année écoulée 1.
·         L’expérience de la violence dans l’enfance a un impact sur la santé et le bien-être pendant toute la durée de la vie.
·         La cible 16.2 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est la suivante: «Mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants».
·         Dans le monde entier, les faits montrent qu'il est possible de prévenir la violence à l’encontre des enfants.

Les différents types de violence à l’encontre des enfants

Dans la plupart des cas, on retrouve au moins l’un des 6 principaux types de violence interpersonnelle survenant à différents stades du développement de l’enfant.
·         La maltraitance (y compris les punitions violentes) comprend des violences physiques, sexuelles et psychologiques/émotionnelles, ainsi que la négligence des nourrissons, des enfants et des adolescents de la part des parents, des personnes ayant la charge d’enfants et d’autres figures de l’autorité, le plus souvent au domicile mais aussi dans d’autres cadres comme les écoles et les orphelinats.
·         Le harcèlement (y compris par le biais d’Internet) est le comportement agressif indésirable d’un enfant ou d’un groupe d’enfants extérieurs à la fratrie ou n’ayant pas de lien amoureux avec la victime. Il entraîne des préjudices physiques, psychologiques ou sociaux répétés et se produit souvent dans les écoles et d’autres lieux où se rassemblent les enfants, ainsi que sur Internet.
·         La violence des jeunes se concentre chez les enfants et les jeunes adultes de 10 à 29 ans, et on l’observe le plus souvent dans le cadre communautaire entre des groupes de connaissances et des inconnus; elle peut comporter du harcèlement et des agressions physiques, avec ou sans armes (comme des armes à feu ou des couteaux) et aussi impliquer le phénomène de bandes.
·         La violence des partenaires intimes (violences domestiques) peut être physique, sexuelle ou émotionnelle, et elle est le fait d’un partenaire ou ex-partenaire intime. Bien que les hommes puissent aussi en être victimes, elle touche de manière disproportionnée les femmes. Les filles en sont fréquemment victimes du fait des mariages d’enfants ou des mariages précoces/forcés. Quand elle se produit dans le cadre d’une relation amoureuse entre des adolescents non mariés, on l’appelle parfois «violence dans les relations/fréquentations».
·         La violence sexuelle implique un rapport sexuel non consenti mené à terme ou tenté, et les actes de nature sexuelle n’impliquant pas un contact (comme le voyeurisme ou le harcèlement), les actes liés au trafic sexuel commis contre une personne incapable de donner son consentement ou de refuser, ainsi que l’exploitation en ligne.
·         La violence émotionnelle ou psychologique comprend la restriction des mouvements d’un enfant, le dénigrement, le fait de le ridiculiser, les menaces, les intimidations, les discriminations, le rejet et toute autre forme non physique de traitement hostile.
Tous ces types de violence, s’ils sont commis contre des filles ou des garçons du fait de leur sexe biologique ou de leur identité sexuelle, peuvent aussi constituer des violences sexistes.

Impact de la violence

La violence à l’encontre des enfants a des conséquences sur la santé et le bien-être des enfants, des familles, des communautés et des pays pendant toute la durée de la vie. Elle peut:
·         Entraîner la mort. Les homicides, impliquant souvent des armes telles que des armes à feu ou des couteaux, font partie des 3 premières causes de mortalité chez les adolescents, les garçons représentant plus de 80% des victimes et des auteurs.
·         Provoquer des blessures graves. Pour chaque homicide, la violence des jeunes fait des centaines de victimes, en grande majorité de sexe masculin, qui subissent des blessures résultant de bagarres physiques et d’agressions.
·         Entraîner des troubles du développement du cerveau et du système nerveux. L’exposition à la violence à un âge précoce peut perturber le développement cérébral et endommager d’autres parties du système nerveux, ainsi que les systèmes endocrinien, circulatoire, musculosquelettique, reproducteur, respiratoire ou immunitaire, avec des conséquences pour toute la durée de la vie. C’est ainsi que la violence à l’encontre des enfants peut affecter le développement cognitif et entraîner des mauvais résultats scolaires ou professionnels.
·         Provoquer des réactions négatives et des comportements à risque pour la santé. Les enfants exposés à la violence et à d’autres circonstances adverses ont une bien plus grand probabilité de fumer, de consommer de l’alcool ou des drogues et d’avoir des comportements sexuels à risque. On observe également une fréquence plus grande de l’anxiété, de la dépression, d’autres problèmes de santé mentale et du suicide.
·         Aboutir à des grossesses non désirées des avortements, des problèmes gynécologiques, des infections sexuellement transmissibles, dont le VIH.
·         Contribuer à un grand nombre de maladies non transmissibles quand l’enfant prend de l’âge. Le risque accru de maladies cardiovasculaires, de cancer, de diabète et d’autres problèmes de santé est en grande partie dû aux réactions négatives et aux comportements à risque associés à la violence.
·         Avoir des répercussions sur l’avenir de chacun et sur les futures générations. Les enfants exposés à la violence et à d’autres circonstances adverses ont une plus grande probabilité d’abandonner leur scolarité, d’avoir des difficultés pour trouver et garder un emploi, et ils courent un risque accru d’être à un stade ultérieur les victimes ou les auteurs de violences interpersonnelles ou autodirigées, un mécanisme par lequel ces enfants peuvent affecter la génération suivante.

Facteurs de risque

La violence à l’encontre des enfants est un problème ayant de multiples facettes avec des causes au niveau individuel, à celui des relations proches, de la communauté et de la société. Les facteurs de risque importants sont les suivants:
Au niveau individuel:
·         aspects biologiques et personnels comme le sexe et l’âge;
·         faible niveau d’éducation;
·         faiblesse des revenus;
·         incapacité ou problèmes de santé mentale;
·         le fait d’être lesbienne, gay, bisexuel ou transgenre;
·         usage nocif de l’alcool et des drogues;
·         antécédents d’exposition à la violence.
Au niveau des relations proches:
·         manque d’attachement émotionnel entre les enfants et les parents ou les personnes qui s’occupent d’eux;
·         mauvaise pratique du rôle parental;
·         dysfonctionnement familial et séparation;
·         association avec des pairs délinquants;
·         le fait d’être témoin d’actes de violence entre les parents ou les personnes en charge d’enfants;
·         mariage précoce ou forcé.
Au niveau communautaire:
·         pauvreté;
·         forte densité démographique;
·         faible cohésion sociale et populations de passage;
·         accès facile à l’alcool et aux armes à feu;
·         forte concentration de bandes et de trafics de drogues illicites.
Au niveau de la société:
·         normes sociales et liées au genre créant un climat de normalisation de la violence;
·         politiques sanitaires, économiques, éducatives et sociales maintenant les inégalités économiques, sociales et celles entre les sexes;
·         absence ou insuffisance de la protection sociale;
·         situations consécutives à des conflits ou des catastrophes naturelles;
·         situations de faiblesse de la gouvernance et des autorités pour faire respecter les lois.

Prévention et riposte

La prévention de la violence à l’encontre des enfants est possible. La prévention et la riposte requièrent des efforts portant systématiquement sur les facteurs de risque et de protection aux quatre niveaux interconnectés du risque (individuel, relationnel, communautaire et sociétal).
Sous la direction de l’OMS, un groupe de 10 organisations internationales a élaboré et approuvé un outil technique fondé sur des données probantes appelé, INSPIRE – Sept stratégies pour mettre fin à la violence à l’encontre des enfants. Celui-ci veut aider les pays et les communautés à atteindre la cible 16.2 des ODD pour mettre fin à la violence à l’encontre des enfants. Chacune des lettres du mots INSPIRE est l’initiale anglaise de l’une des stratégies et toutes ont fait la preuve de leurs effets préventifs pour divers types de violences, ainsi que des avantages qu’elles procurent dans des domaines comme la santé mentale, l’éducation et la baisse de la criminalité.
Les 7 stratégies sont les suivantes:
1.     mise en œuvre et application des lois (par exemple l’interdiction des formes violentes de discipline et la restriction de l’accès à l’alcool et aux armes à feu);
2.     normes et valeurs (par exemple la modification des normes légitimant les abus sexuels sur les filles ou les comportements agressifs des garçons);
3.     sûreté des environnements (comme l’identification des quartiers «chauds» pour la violence et la lutte contre les causes locales au moyen de politiques et d’autres interventions orientées sur les problèmes);
4.     appui aux parents et aux personnes ayant la charge des enfants (par exemple en assurant une formation à la parentalité pour les jeunes parents d’un premier enfant);
5.     revenus et renforcement économique (comme le microfinancement et la formation à l’équité entre les sexes);
6.     services de lutte et d’appui (par exemple en veillant à ce que les enfants exposés à la violence puissent avoir accès aux soins d’urgence et reçoivent un appui psychosocial adapté); et
7.     éducation et savoir-faire pratiques (comme de veiller à ce que les enfants soient scolarisés et leur enseigner les savoir-faire pratiques et sociaux).

Action de l’OMS

En mai 2016, l’Assemblée mondiale de la Santé a approuvé une résolution sur le premier Plan d’action mondial de l’OMS visant à renforcer le rôle du système de santé dans une riposte nationale multisectorielle à la violence interpersonnelle, en particulier à l’égard des femmes et des filles et à l’égard des enfants.
Conformément à ce plan et en collaboration avec les États Membres et d’autres partenaires, l’OMS s’est engagée à:
·         surveiller l’ampleur mondiale et les caractéristiques de la violence à l’encontre des enfants et à aider les pays dans leurs efforts pour documenter et mesurer ce phénomène;
·         faire fonctionner un système d’information électronique résumant les données scientifiques sur la charge, les facteurs de risque et les conséquences de la violence à l’encontre des enfants, et les preuves que sa prévention est possible;
·         élaborer et diffuser des orientations techniques fondées sur des données probantes, documents, normes et critères, pour la prévention de la violence à l’encontre des enfants et la lutte contre ce fléau;
·         publier régulièrement des rapports de situation sur les efforts des pays pour combattre la violence à l’encontre des enfants au moyen de politiques et de plans d’action nationaux, de la législation, de programmes de prévention et de services d’intervention;
·         aider les pays et les partenaires à mettre en œuvre des stratégies de prévention et de riposte fondées sur des données probantes, telles que celles figurant dans le document INSPIRE – Sept stratégies pour mettre fin à la violence à l’encontre des enfants;
·         collaborer avec des agences et organisations internationales pour réduire et éliminer la violence à l’encontre des enfants au niveau mondial au moyen d’initiatives comme le Partenariat mondial pour mettre fin à la violence envers les enfants, Together for Girls et l’Alliance pour la prévention de la violence.

Références

(1) Global prevalence of past-year violence against children: a systematic review and minimum estimates. Hillis S, Mercy J, Amobi A, Kress H. Pediatrics 2016; 137(3): e20154079.
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/violence-against-children/fr

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