LE LAIT EQUITABLE TOUJOURS PLUS EN EBULLITION EN FRANCE
27FÉV2018
Le marché du lait
équitable est encore tout petit mais, au salon de l'Agriculture, ses promoteurs
constatent qu'il ne cesse de grandir et espèrent le voir continuer à gagner les
mentalités des consommateurs pour rémunérer les paysans au juste prix.
"Derrière
ça, il y a une revanche par rapport aux grands industriels qui nous écrasent.
Ca fait 40 ans qu'on me fait rêver, en me disant +ça ira mieux demain+.
Quarante ans après, on en est toujours au même point", déclare sous le
sceau de l'anonymat un éleveur qui livre encore un gros transformateur, mais
souhaite rejoindre le groupement de producteurs "Coeur de Normandy".
Depuis une dizaine d'années, le
prix du lait est touché par la chute des cours qui empêche régulièrement les
producteurs de se payer à la fin du mois.
En 2009, Jean-Luc Pruvot, dans
les campagnes de la Thiérache (Aisne), en a assez de travailler à perte et,
lors de la grève du lait, échafaude un raisonnement simple: "comme il n'y
a pas de marque de lait qui rémunère au juste prix les éleveurs, on va en créer
une".
C'est ainsi qu'apparaît en 2012
"Faire France", première brique tricolore de lait équitable, dont le
prix est calculé par rapport au coût de production.
Depuis, "Faire France",
"C'est qui le patron?" et bien d'autres ont régulièrement fait la une
de l'actualité.
La production annuelle de lait
équitable en France est estimée à 60 millions de litres, selon la Fédération
nationale des producteurs de lait (FNPL) qui précise prudemment qu'il est
difficile d'obtenir des chiffres précis.
La statistique semble
impressionnante, mais elle est à rapporter à quelque 3 milliards de litres de
lait de consommation produits et vendus chaque année en France.
Pour autant, la production de
lait équitable ne cesse de progresser.
"On a vendu 40 millions de
litres en seize mois", se félicite Martial Darbon, un des pionniers de
l'aventure "C'est qui le patron?". Il explique que pour lui, "la
sérénité économique se remet en place".
- Eviter de reproduire la guerre
des prix -
Mais certaines craintes se font
jour.
"Il faut que ces marques se
parlent entre elles et fassent en sorte qu'il n'y ait pas de guerre
commerciale", estime ainsi Julie Maisonhaute, de Commerce équitable
France.
"Il y a cinq ans, on était
tout seul, aujourd'hui, tous les 15 jours, il y a une nouvelle marque qui se
crée. Il va falloir canaliser, qu'il n'y ait pas concurrence au niveau des
prix", renchérit M. Pruvot, président de Faire France.
La plupart des acteurs estiment
surtout que la promesse d'une rémunération au juste prix ne suffira pas
éternellement, et certains ont déjà étoffé leur cahier des charges.
"Le consommateur attend
aussi une contrepartie sur l'environnement et les conditions de travail des
salariés", explique Julie Maisonhaute.
Le lait de "C'est qui le
patron?" est ainsi notamment garanti issu de vaches nourries sans OGM. Ce
cahier des charges qualitatif, au-delà du "plaisir" à rémunérer le
producteur, rend la démarche plus durable, selon Nicolas Chabanne, représentant
de la marque qui alimente depuis peu sous marque distributeur les rayons de
Monoprix et Carrefour.
Quelque 10% des producteurs de
"Faire France" se sont eux tournés vers le bio.
Mais d'autres efforts restent à
observer pour inscrire ce cercle vertueux dans le temps et notamment en termes
de communication.
"On fait plus de 1.000
animations par an pour présenter notre marque", explique ainsi M. Pruvot.
"Il y a de moins en moins d'éleveurs et de paysans en France et les
consommateurs sont de plus en plus déconnectés de ce qu'on fait."
https://www.afp.com/fr/infos/334/le-lait-equitable-toujours-plus-en-ebullition-en-france-doc-11d26n1
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