DECHETS LIES AUX SOINS DE SANTE
Février
2018
Principaux
points
·
85% environ des déchets liés aux
soins de santé sont comparables aux ordures ménagères et ne sont pas dangereux.
·
Les 15% restants sont considérés
comme dangereux et peuvent être infectieux, chimiques ou radioactifs.
·
On estime que, chaque année, 16
milliards d’injections sont effectuées dans le monde mais toutes les aiguilles
et les seringues usagées ne sont pas correctement éliminées.
·
Dans certains cas, les déchets
liés aux soins de santé sont incinérés, parfois à ciel ouvert, et leur
combustion peut entraîner l’émission de dioxines, de furanes et de particules.
·
Les mesures assurant une gestion
des déchets liés aux soins de santé qui soit sûre et rationnelle pour
l’environnement peuvent éviter des répercussions indésirables pour la santé et
le milieu, par exemple des rejets involontaires de substances chimiques ou
biologiques dangereuses, dont des micro-organismes résistants, dans
l’environnement, et ainsi protéger la santé des patients, des personnels de
santé et du grand public.
Les activités liées aux soins de santé permettent de protéger et
de rétablir la santé, et aussi de sauver des vies. Mais qu’en est-il des
déchets et des sous-produits de ces activités?
85% des déchets liés aux soins de santé sont comparables aux
ordures ménagères et ne sont pas dangereux. Les 15% restants sont considérés
comme dangereux et peuvent être infectieux, chimiques ou radioactifs.
Types de déchets
Les déchets et les sous-produits sont très divers, comme le montre
la liste ci-dessous:
·
Déchets
infectieux: déchets contaminés par du sang
et d’autres liquides corporels (p. ex. venant d’échantillons prélevés dans un
but diagnostique puis éliminés), cultures et stocks d’agents infectieux
utilisés en laboratoire (p. ex. déchets d’autopsies et animaux de laboratoire
infectés) ou déchets provenant de patients souffrant de maladies infectieuses
(p. ex. écouvillons, bandages et dispositifs médicaux jetables).
·
Déchets
anatomiques: tissus et organes du corps
humain ou liquides corporels et carcasses d’animaux contaminées.
·
Objets pointus
et tranchants: seringues, aiguilles, scalpels
et lames de rasoir jetables, etc.
·
Produits
chimiques : par exemple, solvants, réactifs
utilisés pour des préparations de laboratoire, désinfectants et métaux lourds
présents dans des dispositifs médicaux (mercure dans des thermomètres cassés)
et piles.
·
Produits
pharmaceutiques: médicaments, vaccins et sérums
périmés, inutilisés et contaminés.
·
Déchets
cytotoxiques: déchets contenant des
substances aux propriétés génotoxiques (c’est-à-dire des substances mutagènes,
tératogènes ou cancérogènes très dangereuses), comme les médicaments
cytotoxiques utilisés dans les chimiothérapies du cancer et leurs métabolites.
·
Déchets
radioactifs: par exemple, produits
contaminés par des radionucléides, y compris matériel de diagnostic radioactif
ou matériel de radiothérapie.
·
Autres déchets qui ne présentent aucun danger biologique,
chimique, radioactif ou physique particulier.
Les principales sources de déchets liés aux soins de santé sont:
·
les hôpitaux et les autres
établissements de soins;
·
les laboratoires et les centres
de recherche;
·
les morgues et les centres
d’autopsie;
·
les établissements de recherche
et les laboratoires qui font des tests sur les animaux ;
·
les banques de sang et les
services de collecte de sang;
·
les établissements de soins pour
personnes âgées.
La quantité moyenne de déchets dangereux par lit d’hospitalisation
et par jour est de 0,5 kg dans les pays à revenu élevé et de 0,2 kg dans les
pays à revenu faible. Toutefois, dans les pays à revenu faible, les déchets
dangereux et non dangereux sont rarement séparés et, en réalité, la quantité de
déchets dangereux est beaucoup plus élevée.
Risques sur la santé
Les déchets liés aux soins de santé constituent un réservoir de
micro-organismes susceptibles d’infecter les patients hospitalisés, les
personnels de santé et le grand public. Les autres risques infectieux
potentiels sont notamment le rejet dans l’environnement de micro-organismes
pharmacorésistants présents dans les établissements de soins.
Les déchets et les sous-produits peuvent également causer d’autres
effets néfastes sur la santé, par exemple:
·
blessures causées par des objets
pointus ou tranchants;
·
exposition toxique aux produits
pharmaceutiques, en particulier les antibiotiques et les médicaments
cytotoxiques libérés dans le proche environnement, ainsi qu’à des substances
telles que le mercure ou les dioxines, lors de la manipulation ou de l’incinération
des déchets liés aux soins de santé;
·
brûlures chimiques survenant dans
le cadre de la désinfection, de la stérilisation ou des activités liées au
traitement des déchets;
·
pollution de l’air provenant du
rejet de particules lors de l’incinération des déchets médicaux;
·
brûlures d’origine thermique en
rapport avec l’incinération à ciel ouvert ou le fonctionnement des
incinérateurs ; et
·
brûlures par irradiation.
Risques liés aux objets pointus ou tranchants
On estime que 16 milliards d’injections sont pratiquées chaque
année dans le monde. Toutes les aiguilles et les seringues ne sont pas
correctement évacuées, ce qui crée un risque de blessure et d’infection et il
existe un risque de réutilisation du matériel.
Le nombre d’injections pratiquées avec des aiguilles et des
seringues contaminées a considérablement baissé dans les pays à revenu faible
ou intermédiaire ces dernières années, en partie grâce aux efforts déployés
pour réduire la réutilisation de matériel d’injection.
Malgré ces progrès, en 2010, les injections pratiquées dans de
mauvaises conditions de sécurité ont encore entraîné 33 800 nouvelles
infections à VIH, 1,7 million de cas d’hépatite B et 315 000 cas d’hépatite C.1
Une personne blessée par une aiguille déjà utilisée sur un patient
infecté a 30%, 1,8% et 0,3%, respectivement, d’être infecté par le virus de
l’hépatite B, le virus de l’hépatite C et le VIH.
La fouille dans les décharges à ordures et le tri manuel et la
manutention des déchets dangereux dans les établissements de soins entraînent
des risques supplémentaires. Ces pratiques sont courantes dans de nombreuses
régions du monde, en particulier dans les pays à revenu faible ou
intermédiaire. Les gens qui manipulent des déchets risquent de se blesser avec
une aiguille et d’être exposés à des matières toxiques ou infectieuses.
En 2015, il est ressorti d’une évaluation conjointe de l’OMS et de
l’UNICEF qu’à peine plus de la moitié (58 %) des établissements sur lesquels a
porté l’enquête, dans 24 pays, disposaient de systèmes adaptés pour éliminer
les déchets liés aux soins de santé en toute sécurité.2
Impact sur l’environnement
Le traitement et l’élimination des déchets liés aux soins peuvent
entraîner indirectement des risques pour la santé en raison du rejet d’agents
pathogènes et de polluants toxiques dans l’environnement.
·
L’évacuation des déchets médicaux
non traités dans des décharges peut provoquer la contamination des eaux de
boisson, de surface et souterraines si ces décharges ne sont pas bien
construites.
·
Le traitement des déchets liés
aux soins de santé avec des désinfectants chimiques peut entraîner le rejet de
produits chimiques dans l’environnement si ceux-ci ne sont pas manipulés,
stockés et éliminés d’une manière rationnelle pour l’environnement.
·
L’incinération des déchets a été
largement pratiquée mais une incinération imparfaite ou l’incinération de
matériaux inadaptés à ce mode d’élimination entraîne le rejet de polluants dans
l’atmosphère et produit des résidus de cendres. L’incinération de matériaux
contenant du chlore peut produire des dioxines et des furanes, cancérogènes
pour l’homme et qui ont été associés à divers effets néfastes sur la santé.
L’incinération des métaux lourds ou de matériaux contenant une grande quantité
de métal (en particulier du plomb, du mercure ou du cadmium) peut entraîner le
rejet de métaux toxiques dans l’environnement.
·
Seuls les incinérateurs modernes
atteignant une température comprise entre 850 °C et 1100 °C et équipés d’un
dispositif d’épuration des gaz d’échappement sont conformes aux normes
internationales relatives aux émissions de dioxines et de furanes.
·
Les alternatives à
l’incinération, comme le traitement à l’autoclave, par les micro-ondes, à la
vapeur intégrée à un mélange interne, qui minimise la formation et le rejet
d’émissions chimiques ou dangereuses seront à étudier dans des milieux
disposant des ressources suffisantes pour faire fonctionner et entretenir de
tels systèmes, puis éliminer les déchets traités.
Gestion des déchets: les raisons d'un échec
Les principaux problèmes concernant les déchets liés aux soins de
santé sont la méconnaissance des dangers sanitaires, l’insuffisance de la
formation à la gestion des déchets, l’absence de systèmes de gestion et
d’élimination des déchets, l’insuffisance des ressources financières et
humaines et le peu d’importance accordée à ce problème.
Beaucoup de pays ne disposent pas d’une réglementation appropriée
ou, s’ils en disposent, ne l’appliquent pas.
Mesures pour améliorer la situation
Les déchets liés aux soins de santé doivent être gérés avec plus
d’attention et de rapidité afin d’éviter les effets néfastes associés à de
mauvaises pratiques, dont l’exposition à des agents infectieux et à des
substances toxiques.
Dans le domaine de la gestion des déchets liés aux soins de santé,
les améliorations reposent sur les éléments suivants:
·
promouvoir des pratiques
réduisant le volume des déchets générés et veiller au tri correct des déchets;
·
élaborer des stratégies et des
systèmes, ainsi qu’une surveillance et une réglementation rigoureuses pour
améliorer progressivement le tri des déchets, la destruction et l’élimination,
le but ultime étant de satisfaire aux normes nationales et internationales;
·
lorsque c’est faisable, préférer
pour les déchets dangereux un traitement sûr et rationnel pour l’environnement
(par exemple à l’autoclave, par les micro-ondes, à la vapeur intégrée au
mélange interne ou le traitement chimique) plutôt que l’incinération des
déchets médicaux;
·
la mise en place d’un système
complet de répartition des responsabilités, d’allocation des ressources et de
manipulation et d’évacuation des déchets. Il s’agit d’une action à long terme
et les améliorations seront progressives;
·
sensibiliser aux risques liés aux
déchets de soins et aux pratiques permettant de garantir la sécurité;
·
choisir des solutions sûres et
respectueuses de l’environnement pour protéger des dangers les personnes qui
manipulent, stockent, transportent, traitent ou éliminent les déchets.
Si des mesures peuvent être prises immédiatement à l’échelon
local, les autorités ouvernementales doivent soutenir une amélioration durable
partout.
L'action de l'OMS
L’OMS a publié le premier document d’orientation mondial complet
sur la gestion des déchets liés aux soins de santé (Safe management of
wastes from health-care activities), qui en est maintenant à sa deuxième
édition et, plus récemment, un guide succinct qui en résume les principaux
éléments.
Ce document traite de questions telles que le cadre réglementaire,
la planification, la minimisation et le recyclage des déchets, les possibilités
de manipulation, de stockage et de transport, et la formation. Il s’adresse aux
responsables d’hôpitaux et d’autres établissements de soins, aux décideurs, aux
professionnels de la santé publique et aux responsables de la gestion des
déchets.
De plus, dans le cadre du suivi de l’objectif 6 de développement
durable, sur la gestion durable des ressources en eau et sur l’assainissement,
le Programme commun OMS/UNICEF de suivi de l’approvisionnement en eau et de
l’assainissement publie régulièrement des rapports sur la gestion rationnelle
des déchets liés aux soins de santé dans le cadre des efforts plus larges de suivi
sur l’eau et l’assainissement dans les établissements de santé.
En collaboration avec d’autres partenaires, l’OMS a également mis
au point une série de modules de formation aux bonnes pratiques de gestion des
déchets liés aux soins de santé. Ceux-ci couvrent tous les aspects de la
gestion des déchets: identification et classification puis élimination en toute
sécurité grâce à l’incinération ou à d’autres méthodes.
En outre, l’OMS, l’UNICEF et leurs partenaires ont lancé en 2015
une initiative mondiale afin que tous les établissements de santé disposent
d’un accès adéquat à l’eau et aux moyens d’assainissement et d’hygiène. Cette
initiative tient également compte de la question des déchets liés aux soins de
santé.
D’autres documents d'orientation de l’OMS sur les déchets liés aux
soins de santé sont également disponibles:
·
un instrument de suivi;
·
un instrument d’évaluation des
coûts;
·
un instrument d’évaluation
rapide;
·
un document de politique
générale;
·
un document d’orientation pour
élaborer des plans nationaux;
·
un document sur la gestion des
déchets liés aux injections;
·
un document sur la gestion des
déchets dans les centres de soins de santé primaires;
·
un document sur la gestion des
déchets liés aux vaccinations de masse;
·
un document sur la gestion des
déchets dans les situations d’urgence.
1 Pépin J, Abou Chakra CN, Pépin E,
Nault V, Valiquette L. Evolution of the global burden of viral infections from
unsafe medical injections, 2000-2010.PLoSOne. 2014 Jun 9;9(6):e99677.
Furanes: groupe de composés hétérocycliques similaires aux dioxines.
2OMS/UNICEF. 2015. L’eau, l’assainissement et l’hygiène dans les établissements de soins de santé- état des lieux et perspectives dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Organisation mondiale de la Santé, Genève. http://www.who.int/water_sanitation_health/publications/wash-health-care-facilities/fr/
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs253/fr
Furanes: groupe de composés hétérocycliques similaires aux dioxines.
2OMS/UNICEF. 2015. L’eau, l’assainissement et l’hygiène dans les établissements de soins de santé- état des lieux et perspectives dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Organisation mondiale de la Santé, Genève. http://www.who.int/water_sanitation_health/publications/wash-health-care-facilities/fr/
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