L’ECOLE DOIT ETRE UN ENDROIT SUR, PROTECTEUR ET FAVORABLE AU BIEN-ETRE ET AU DEVELOPPEMENT DE L’ENFANT
Unicef en faveur d'une école sans violence contre les enfants |
ABIDJAN, le 16 juin 2016 – L’UNICEF
saisit la commémoration de la Journée de l’Enfant Africain – célébrée le 16
juin de chaque année – pour rappeler à tout un chacun que l’école doit être un
endroit sûr, protecteur et favorable au bien-être et au développement de
l’enfant. Une étude conduite par le Ministère de l’Education Nationale –
intitulée "Etude sur le bien-être et la sécurité des élèves dans les
écoles de Côte d’Ivoire" détaille
en effet la situation de la violence en milieu scolaire dans le pays.
D’après cette étude, un élève sur dix dans le primaire et plus d’un élève
sur cinq dans le secondaire ne se sentent pas en sécurité à l’école, soit plus
de 317.000 élèves du primaire et 264.000 du secondaire. Plus de deux élèves sur
cinq victimes de violences physiques dans la sphère scolaire le sont
quotidiennement, soit environ 1 776 000 élèves victimes de harcèlements ou
agressions physiques répétés. Près d’un élève sur deux est frappé par un
enseignant, les enfants du primaire étant deux fois plus victimes que leurs
ainés. Quatre élèves sur dix sont victimes de harcèlements sexuels, et près de
deux sur dix ont déjà été victimes de viols. Plus d’un élève sur dix est
victime de harcèlements sexuels de la part d’un enseignant, et plus de un élève
sur six a déjà été victime d’agression sexuelle ou viol de la part d’un
enseignant.
" La violence en milieu scolaire n’est pas un problème strictement
confiné aux écoles, il s’agit plutôt d’un problème social complexe et
multiforme. Elle prend place dans les communautés et au niveau des familles
elles-mêmes. Elle est parfois tolérée sous couvert de normes sociales",
déclare Christina de Bruin, Représentante a.i. de l’UNICEF en Côte d’Ivoire. En
effet, neuf parents sur dix ont admis avoir recouru à de la violence verbale
(94%) et un parent sur deux à de la violence physique (59%) pour discipliner leur enfant selon cette
étude sur le bien-être et la sécurité des élèves.
"La violence peut avoir de lourdes conséquences sur la santé ainsi que
des répercussions psychologiques à long terme sur l’enfant. Le fait d’être
victime ou simplement menacé de violence entraîne aussi une performance
scolaire médiocre, une fréquentation irrégulière, l’abandon des études,
l’absentéisme et une faible estime de soi", poursuit De Bruin.
"Lorsque la violence est
tolérée et cautionnée à l'école, les conséquences sur le développement de
l’enfant prennent de l’ampleur. Les victimes hésitent à prendre des mesures et
les auteurs peuvent se sentir à l’abri. Ces sentiments et comportements
néfastes dépassent le cadre scolaire et contribuent à la perpétuation des
inégalités et à l’amplification de la violence au sein de la société".
Cette étude a également montré que près d’un élève sur quatre (38%), filles
comme garçons, a déjà été victime de harcèlement sexuel à l’école, en
particulier dans les établissements d’enseignement secondaire. Plus d’un élève
sur dix (11,7%) a été victime d’attouchements forcés, soit 320 000 élèves
victimes. Et près d’un élève sur cinq (18%) a été victime de viols, soit près
de 470.000 élèves victimes. Au total, 775 000 élèves du primaire et du
secondaire sont victimes d’attouchements forcés ou de viols. Un élève sur dix
est victime de harcèlement sexuel de la part des enseignants, et plus d’un sur
six a déjà été victimes d’agressions sexuelles / viols de la part d’un
enseignant (soit 207.600).
"Si l’école est traversée par les normes et les dynamiques sociales
qui l’entourent, et qui prennent du temps pour changer, la violence dans
l’école, en particulier de la part des enseignants, n’est pas acceptable, et
elle est intolérable s’agissant des violences sexuelles" déclare Christina
de Bruin. "C’est pour cela que le Ministère de l’Education Nationale s’est
engagé à y mettre fin et à sanctionner sévèrement tout enseignant auteur et
toute personne qui s’abstient de signaler de tels abus ».
En collaboration avec 40 associations syndicales du personnel de
l’Education, un code de conduite pour l’ensemble du personnel a été promulgué
par la Ministre de l’Education Nationale en décembre 2014, dans le but de
prévenir, détecter et sanctionner les comportements abusifs ou dangereux pour
les enfants. Ce Code qui est
actuellement disséminé dans le cadre d’une campagne de protection des élèves
contre la violence, doit être connu de tous - personnel, parents, élèves - et
strictement appliqué.
"Il est important de comprendre les implications particulières de la
violence à l’école et autour des écoles, et la façon dont les institutions
éducatives peuvent et doivent agir comme une force essentielle de protection et
de changement", poursuit De Bruin.
"L’école est de facto l’institution publique qui est la plus en
contact avec les enfants, des centaines de milliers d’enfants, au quotidien. En
même temps qu’elle doit prévenir les violences en son sein et contribuer au
changement de normes sociales ; elle est la plus à même de pouvoir détecter les
cas de violence contre les élèves, qu’ils soient commis dans l’école, en
famille ou dans la communauté ; d’assurer la prise en charge de base et de les
référer aux services sociaux pour une prise en charge adaptée et un signalement
aux autorités judiciaires s’il s’agit d’infractions pénales sur les enfants.”
Cette responsabilité, le Ministère de l’Education nationale s’est engagé à
l’assumer à double titre. Tout d’abord, le Ministère a un rôle clairement
défini dans le cadre de la Politique Nationale de Protection de l’Enfant lancée
récemment, et il doit mettre en place des mesures et des campagnes destinées à
la prévention, l’assistance aux enfants victimes, et la lutte contre
l’impunité. Ces mesures sont complémentaires des mesures des autres
départements ministériels, et s’inscrivent dans le cadre du système
multisectoriel de protection de l’enfant.
En second lieu, la protection contre la violence est aussi un gage de
qualité du système éducatif. Une école qui prévient et qui protège ses élèves
contre la violence donne toute les chances à ces enfants d’acquérir les
apprentissages et compétences attendus, et de poursuivre leur scolarité jusqu’au
bout.
L’UNICEF salue ici les engagements forts du Ministère de l’Education
nationale qui a adopté une note d’orientation de politique dans ce domaine et
le Code de Conduite du personnel ; mis en place un groupe interne de
coordination sur la protection des élèves (GTPE), ainsi qu’un système de suivi
et de collecte de données sur la violence et les abus affectant les élèves, et
lancé une campagne nationale sur la protection des élèves contre la violence.
"De nombreux défis demeurent, notamment dans la détection des enfants
victimes, et la prévention et la répression des comportements abusifs du
personnel, et la qualité de la prise en charge. Mais les engagements sont là et
les processus de changements initiés. Il faut persévérer. Les enfants ont le
droit de grandir et d’apprendre à l’abri de la violence."
"L'UNICEF est profondément engagé à ce que chaque enfant, quel qu'il
soit, ait une éducation de qualité, sûre et centrée sur les droits. Avec cela à
l'esprit, nous nous sommes efforcés de créer un modèle éducatif complet, à
facette multiple et dynamique afin d'aider les écoles à produire un
environnement sûr, sain et protecteur qui répond aux besoins spécifiques des
enfants" déclare De Bruin.
En plus de l’appui apporté au développement et la mise en œuvre des mesures
prises par le Ministère pour mieux prévenir et répondre à la violence affectant
les élèves, dans le cadre de la Politique Nationale de protection de l’enfant,
l’UNICEF poursuit la mise à l’échelle de l’approche "Ecole Amie des Enfants" à travers
le pays. L’approche est aujourd’hui
opérationnelle dans 150 écoles réparties dans 10 régions de la Côte d’Ivoire.
Image Archives |
L’approche "École amie des enfants" s’assure que les écoles
fonctionnent dans le meilleur intérêt de l'enfant. Les milieux scolaires
doivent ainsi être sûrs, sains et protecteurs, dotés de professeurs bien
formés, des ressources adéquates et de conditions physiques, émotionnelles et
sociales favorable à un meilleur apprentissage. En leur sein, les droits de
l'enfant doivent être défendus et les enfants doivent pouvoir se faire entendre
à travers leur participation à la vie de l’école et dans le processus de prise
de décision qui les concerne. Le milieu scolaire doit être un refuge pour les
enfants où ils apprennent et grandissent, dans le respect de leurs besoins. Les
mesures de prévention et de protection contre la violence doivent par ailleurs
être portées à échelle nationale, dans le cadre du Plan sectoriel de
l’éducation 2016-2025, et conformément aux engagements pris dans le cadre de la
Politique nationale de Protection de l’enfant.
A propos de la Journée de l’Enfant Africain
C’est en 1991 que l'Assemblée des Chefs d'Etat et de Gouvernement de
l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) a institué la Journée de l’Enfant
Africain (JEA) pour la première fois. Ceci était en souvenir du soulèvement de
Soweto en Afrique du Sud, pendant l'apartheid. Depuis 1991, l'OUA et l’UA qui
lui a succédé, ont ainsi utilisé la JEA pour célébrer les enfants en Afrique et
inspirer une réflexion sobre et des actions en vue de relever la multitude de
défis auxquels les enfants africains sont quotidiennement confrontés. Le
principal objet de la JEA de 2016 portera sur les « Conflits et crises en
Afrique: protégeons les droits de tous les enfants». Le Comité Africain
d'Experts sur les Droits et le Bien-être de l'Enfant a adopté ce thème lors de
sa 25ème session ordinaire tenue en Avril 2015, comme étant le thème de la JEA
pour 2016.
A propos de l’UNICEF
L’UNICEF promeut les droits et le bien-être de chaque enfant, dans tout ce
que nous faisons. Nous travaillons dans 190 pays et territoires du monde entier
avec nos partenaires pour faire de cet engagement une réalité, avec un effort
particulier pour atteindre les enfants les plus vulnérables et marginalisés,
dans l’intérêt de tous les enfants, où qu’ils soient. Pour en savoir plus sur
l’UNICEF et son action, veuillez consulter le site : www.unicef.org/french et
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