REPARTIR DE ZÉRO POUR TOUT
En avril 2016, l’UNICEF, en collaboration avec le
Croissant-Rouge turc, a lancé en Turquie un projet de cartographie numérique de
La Voix des Jeunes. Le projet a pour objectif de donner plus de moyens aux
jeunes réfugiés syriens en leur offrant la possibilité de faire figurer sur une
carte numérique les services d’enseignement, de loisirs et de protection qui
sont disponibles dans leur communauté. Dans un premier temps, des jeunes
travaillant pour le Croissant-Rouge turc ont été formés à l’organisation
d’ateliers sur la cartographie numérique dans toute la Turquie. Ensuite, de
jeunes réfugiés syriens préalablement choisis ont été invités à participer à
ces ateliers pour qu’ils puissent commencer à remplir la carte numérique. Dans
le document suivant, un des formateurs raconte son expérience.
Quand un enfant arrive au monde, j’imagine qu’il tient un
morceau de papier et un crayon pour écrire sa propre histoire et la partager
avec les autres. Il n’a pas de gomme. Au fur et à mesure qu’il écrit son
histoire, il ne peut omettre aucun détail : tout est à sa place et y
reste, que ce soit important ou pas.
Il écrit certaines parties de cette histoire en appuyant
fermement sur le crayon – elles sont mises en valeur – et il continuera
d’être affecté par celles-ci chaque fois qu’il les relira.
J’ai commencé mon travail d’animateur de jeunes auprès du
Croissant-Rouge turc dans un Espace mobile de l’UNICEF ami des enfants en
travaillant avec un groupe de jeunes réfugiés qui se trouvaient en Turquie
depuis, en moyenne, trois ans. Bien qu’ils aient été là depuis des années,
c’était la première fois qu’ils allaient à l’école. Tout au long d’une des
périodes les plus fructueuses de leur vie, ils avaient été forcés de vivre des
vies de monotonie, vidés de leur énergie, avec nul endroit où aller, n’ayant
rien à faire et pas la moindre chance de résoudre les problèmes qui les
touchaient, eux ou les personnes les entourant.
Certains d’entre eux avaient quinze ans mais se
trouvaient toujours au cours préparatoire. La plupart étudiaient aux côtés
d’enfants plus jeunes qu’eux. Un ou deux d’entre eux étaient dans les mêmes
classes que leurs frères et sœurs, plus jeunes.
Quand j’ai commencé à travailler avec eux à l’Espace ami
des enfants, il n’a pas fallu longtemps pour que ces enfants se mettent à
parler des choses qu’ils retenaient en eux-mêmes depuis des années.
Peut-être, après tout ce qu’ils avaient subi, étaient-ils devenus comme
des adultes et gardaient leurs préoccupations pour eux-mêmes. Ou peut-être
étaient-ils restés silencieux parce qu’ils n’avaient pas d’endroit à eux. Mais
à présent il y avait quelque chose de nouveau : une carte numérique devant
laquelle ils pouvaient exprimer leurs pensées et partager leurs rêves. Tout ce
à quoi ils avaient pensé était comment devenir une voix pour tous ceux qui les
entouraient et tout ce dont ils rêvaient était d’apporter un rayon de lumière
et un espoir de changement.
Ces enfants n’ont pas abandonné tout espoir – ils croient
qu’ils peuvent changer leurs vies et les vies des autres. Ils sont ouverts à
toutes sortes de convictions et sont prêts à les considérer comme sacrées. Que
peut-il y avoir de plus merveilleux que de travailler avec de tels jeunes et de
les aider ? Dans chaque visage on peut voir leur détermination à
s’agripper à la vie et on se sent plus fort et prêt à se battre.
Ce qu’il m’ont appris est ceci : on vit dans la mesure
où on change ; on existe dans la mesure où on essaie d’apporter un
changement. J’ai
commencé à le croire autant qu’eux.
Permettez-moi de vous demander quelque chose :
pourriez-vous vivre sans le plus élémentaire de vos droits ? Y avez-vous
jamais pensé ? Que feriez-vous ? Dans une telle situation, vous
battriez-vous pour un monde meilleur ? Vous serviriez-vous de votre
énergie pour résoudre les problèmes des personnes de votre âge ?
Pour la plupart d’entre nous, je suis sûr que la réponse est « non. »
Aux enfants réfugiés qui peuvent dire « oui », nous devons un peu
plus qu’un simple « merci ».
En ce moment, nous sommes en train d’écrire une lettre,
tous ensemble. Nous allons l’envoyer vers le ciel et les nuages l’emporteront
vers sa destination. Ils ramèneront la réponse. Ils peuvent nous amener aussi
bien le soleil que des orages et la pluie.
Qu’il pleuve et qu’il neige : le soleil nous
appartient et nous en aurons un morceau. C’est ce qu’a dit Helin, 13 ans.
Avez-vous jamais fait preuve d’autant de courage dans
toute votre vie ?
Adnan Turan est animateur de jeunes du Croissant-Rouge
turc à l’Espace mobile de l’UNICEF ami des enfants.
Le programme de l’UNICEF de cartographie numérique
pilotée par des jeunes, en Turquie, est financé par le Fonds d’affectation
spéciale pour la Syrie de l’UE (Madad) et a été mis en place en partenariat
avec le Croissant-Rouge turc.
blogs.unicef.org/fr/blog/repartir-de-zero-pour-tout/
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