POURQUOI VOUS NE DEVRIEZ JAMAIS PUBLIER DE PHOTOS DE VOS JEUNES ENFANTS SUR FACEBOOK
Photo Atlantico |
Publier une photo de ses enfants sur Facebook - qui est
de loin le leader des réseaux sociaux dans le monde - est un acte compréhensible
mais qui fait surtout plaisir sur le moment aux parents. Les parents façonnent
l’identité numérique de leurs enfants à l’insu de leur plein gré alors même que
le droit à l’oubli n’existe pas sur Internet. Plus tard, certaines traces
numériques (photos ou vidéos postées avec les commentaires et tags associés)
peuvent être utilisées contre eux surtout si les paramétrages de
confidentialités sont mal utilisés.
Et même en postant une photo accessible aux seuls amis,
celle-ci peut ensuite être partagée plus largement. En outre les personnes qui
vont réagir à la photo permettent de révéler l’écosystème relationnel de la
personne. Il est facile d’établir des corrélations entre les personnes. Et en
fonction du profil des personnes réagissant de déterminer quel est le profil
potentiel de l’enfant sur la photo. Pour les préjudices, on pense avant tout à
l’attitude d’un recruteur mais ce peut être aussi des amis potentiels de
l’enfant qui le jugeront avec un autre regard. Déjà on google une personne
avant de la rencontrer ce qui induit un prisme dans la première rencontre. Le
préjudice peut intervenir à des périodes charnières de la vie : adolescence où
l’individu se construit et est sensible au regard des autres, entrée dans la
vie active, rencontre amoureuse, etc.
Il s’agit d’un système mis en place par Facebook qui
permet à un utilisateur de Facebook d’indiquer qu’une personne figure sur une
photo. En quelque sorte, un traitement manuel du facebooknaute lui-même vient
en complément de l’algorithme mis en place par Facebook pour collecter des
données personnelles (en l’occurrence les photos des visages des personnes) de
nature à faire grandir la base d’information relative à une personne. Facebook
peut avec l’expérience lui-même déterminer les personnes reconnues sur les
photos, ce qui est parfois bluffant. Facebook peut ensuite, en fonction des
références à d’autres posts, déterminer le cercle probable de personnes autour
de celle qui a été taguée. Ceci lui permet de faire des suggestions (par
exemple amis que l’on pourrait connaître, voire produits ou services que l’on
est susceptible d’aimer car les goûts de ses amis sont souvent plus proches des
siens que ceux d’inconnus) avec des taux de retour plus pertinents.
L’objectif de Facebook est d’exploiter le big data
constitué par les photos et leurs tags pour sans cesse améliorer les résultats
pour les marques partenaires et qui paient ses services. Par ailleurs, les
algorithmes qui permettent de reconnaître les visages et les techniques de
bio-identification ne sont qu’à leur début. Demain, à partir d’une simple
photo, il sera, avec des outils idoines, possible de dresser le portrait robot
d’une personne en allant fouiller sur l’ensemble de la webosphère (pas
seulement sur Facebook mais sur l’ensemble des réseaux sociaux et des sites)
pour collecter les numéros de téléphone, les adresses mails et d’autres détails
personnels associés. Ceci peut présenter des opportunités réelles pour mieux
connaître rapidement une personne, mais présente des risques. Des garde-fous et
une éthique sont à construire pour éviter que le numérique ne soit un facteur
d’exclusion ou un moyen d’ostraciser les internautes. Alors que les États-Unis
sont dans le mécanisme d’opt-out (utilisation a priori des
données personnelles sans autorisation préalable), l’Europe préfère l’opt-in
qui constitue un principe de précaution quant à l’exploitation des données
personnelles. Mais force est de constater que les outils majoritairement
utilisés en Europe sont Américains et que nous sommes GAFA-dépendant (Ndlr :
GAFA = Google, Apple, Facebook, Amazon) et qu’en contrepartie de la
gratuité d’utilisation d’un service, nous fournissons et souvent avec beaucoup
de zèle des données personnelles que ces outils utilisent à la fois avec un
traitement automatique et un traitement humain qui le perfectionne comme celui
des tags.
David
Fayon :
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