DROITS ET SANTÉ PSYCHIQUE
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Si la santé en général est un sujet qui préoccupe de plus en plus nos sociétés, la santé psychique, elle, est un aspect moins souvent abordé, malgré l’existence de nombreux troubles. Dans le champ des droits de l’enfant, même si le droit à la santé mentionné dans la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (article 24) inclut vraisemblablement la santé psychique, ce n’est pas explicite. Il s’agit pourtant d’un domaine important, à l’égard des adolescents notamment. En témoigne le taux élevé de suicides dans certains pays, dont la Suisse.
Par ailleurs, si la réflexion sur le droit à la santé (des services de santé psychique accessibles à tous) est indispensable, une autre l’est tout autant : celle des droits dans la santé. Il convient en effet de s’assurer que les professionnels, dans leurs pratiques, respectent les droits de l’enfant. La question est complexe, tant les prises en charge peuvent être différentes (ambulatoire, hospitalisation...) de même que les troubles. Mais de récentes recherches en pédopsychiatrie sur la perception des patients (notamment Coyne et al. 2015, Kapp et al. 20141) ont mis en évidence certains éléments qui semblent compter pour les jeunes patients et leur famille. Or ces éléments font écho à des notions de droits humains.
Outre le fait de guérir, la possibilité d’exprimer ses opinions et de participer aux décisions (droits de s’exprimer et d’être entendu) revêt une grande importance pour le jeune patient. De même, la flexibilité des soignants et une individualisation de la prise en charge, qui met le patient au centre (respect de l’intérêt supérieur), sont largement appréciées et revendiquées. Enfin, une attitude de bienveillance de la part du soignant, ainsi qu’une relation de confiance (accueil child-friendly) sont des éléments peut-être encore plus indispensables que dans les soins somatiques.
Si beaucoup de professionnels sont conscients de ces exigences, sont-ils suffisamment renseignés sur les droits de l’enfant ? Les services de soins psychiques aux enfants et adolescents manquent souvent de lignes directrices dans ce domaine particulier, pourtant essentielles pour permettre de concrétiser, dans l’esprit des soignants et des patients, la notion de sujet de droits. Or il en va des services de soins psychiques comme de tous les services qui s’occupent des enfants : une prise en charge respectueuse et adaptée à l’enfant est un prérequis pour que celui-ci se sente le mieux possible, et c’est d’autant plus important lorsque l’enfant est en situation de vulnérabilité, ce qui est le cas lors de souffrances psychiques. Ces différents éléments font du reste partie des objectifs de la Stratégie du Conseil de l’Europe sur les droits de l’enfant (2012-2015).
Le respect des droits dans la santé, en s’attachant au bien-être du patient et en l’impliquant dans sa guérison, ne contribue-t-il pas à favoriser le succès d’une prise en charge de soins psychiques, et donc à réaliser le droit à la santé ?
1 Kapp, C., Perlini, T., Holzer, L., Halfon, O., Urben, S. Factors influencing quality indicators of outpatients from child and adolescent mental health services (CAMHS), à paraître.
Photo : Studio Roosegaarde, flickr/creative commons
NB: l'éditorial ne reflète pas nécessairement les vues de la direction et de l'équipe IDE.
http://www.childsrights.org/actualites/editoriaux/1167-droits-et-sante-psychique
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